6 février : jeudi 4° semaine du temps ordinaire : La foi, la vraie, nous pousse à ne pas retourner notre veste !

Des textes que nous venons d’entendre, j’aimerais retenir deux points

Le premier point concerne la 1° lecture avec cette 1° parole que nous avons entendue : quand vous êtes venus vers Dieu, vous n’êtes pas venus vers une réalité palpable. C’est comme si l’auteur de la lettre aux Hébreux nous disait : il n’est pas étonnant que la foi soit difficile car nous avons peu de signes concrets, tangibles qui nous sont donnés. Il rappelle que les hébreux ont eu, à maintes reprises, dans leur histoire, des signes qui les encourageaient à croire particulièrement ce signe grandiose qui a été donné sur la montagne du Sinaï au moment où l’Alliance a été scellée. Rien de tel pour nous, la foi ne sera donc jamais évidente.

Pour autant, nous ne sommes pas dépourvus de signes, mais, habituellement, les signes ne sont pas donnés pour convaincre ceux qui doutent. Parce que Dieu est amour, il ne veut obliger personne à croire, l’amour jamais ne s’impose, mais toujours se propose. Dieu ne s’imposera jamais en donnant des preuves qui obligeraient à croire. Par contre, ceux qui croient, le Seigneur leur donne quantité de signes qui viennent conforter leur foi. C’est ainsi que je comprends la 2° partie de la lecture qui nous parlait de la puissance de Dieu et de Jésus qu’il a envoyé pour nous sauver. Ceux qui osent la foi, ceux qui osent la confiance, découvriront de bien des manières, la puissance de l’amour à l’œuvre dans leur vie. Et c’est ainsi que s’explique cette parole si énigmatique qu’on rencontre à plusieurs endroits dans l’Evangile : à celui qui a, il sera donné toujours plus mais à celui qui n’a pas, même ce qu’il avait lui sera enlevé. Pour comprendre la parole, il faut rajouter le mot foi : à celui qui a la foi, il sera donné toujours plus de signes qui lui montreront le bienfondé de sa démarche, alors que celui qui n’a pas la foi, tout finira par s’écrouler pour lui.

Le 2° point concerne l’Evangile. Il y aurait beaucoup à dire sur les consignes de Jésus, je ne m’arrête que sur l’une des consignes, si étonnante : ne prenez pas de tunique de rechange ! Je dis étonnante parce que dans un pays où on transpire tant, avoir une deuxième tunique est un acte de charité à l’égard de ceux qu’on rencontre : une tunique propre sur soi et l’autre qui a été lavée et qui sèche, c’est ainsi qu’on parviendra à ne pas imposer à ceux que l’on rencontre l’odeur de notre transpiration ! En fait, si Jésus dit : une seule tunique, c’est qu’il pense à une tunique sur laquelle l’odeur de la transpiration ne peut pas se fixer.

C’est un homme un peu particulier qui m’a aidé à comprendre ce texte, Pierre Favre. Après avoir été SDF, ce qui lui a valu un surnom peu glorieux, il a été engagé dans un groupe rock très célèbre à l’époque, « les garçons bouchers ». Et après des expériences assez déstructurantes qu’on peut facilement imaginer dans ce milieu du show-bizness, il a fait une rencontre fulgurante avec le Seigneur qui a complètement changé sa vie. A partir de là, lui qui avait déjà pas mal de tatouages, il a décidé de se faire tatouer une grande croix sur son crâne totalement dégarni, une croix qui descend assez bas entre les deux yeux. Il était venu témoigner dans mon diocèse et comme un jeune imbécile, je lui avais demandé s’il n’en faisait quand même pas trop avec cette croix tatouée. Il m’a regardé et il m’a dit : ton signe distinctif de curé, je suis sûr que tu l’enlèves de temps en temps, en certaines circonstances. Moi aussi, au début, j’avais une croix que j’enlevais de temps en temps ! Et il m’a raconté qu’il a entendu Jésus lui dire un jour où il enlevait sa croix : est-ce que tu fais ça parce que tu aurais honte de moi ? Si c’est le cas, sache que, Moi, je n’ai jamais eu honte de toi, même dans les pires moments de ta vie ! Il en a été tellement retourné qu’il s’est fait tatouer cette croix pour être sûr de ne plus jamais l’enlever et il a demandé que le tatouage descende suffisamment bas pour qu’il ne puisse jamais le recouvrir ni par un bonnet, ni par une casquette !

Et c’est là qu’il m’a parlé de ce texte de l’Evangile, il m’a dit : Jésus nous a ordonné de n’avoir qu’une seule tunique pour que nous ne soyons jamais tentés de l’enlever car la tunique dont il parle, c’est la tunique de notre baptême qui nous lie à lui pour toujours. Si nous l’enlevons ça signifie que nous avons honte de lui, de lui qui n’a jamais honte de nous ! Ne retournons donc pas notre veste !

Par l’intercession de Notre Dame de Laghet, demandons la grâce de comprendre que les épreuves spirituelles nous sont données pour nous faire grandir, demandons-lui aussi la grâce de retenir la leçon de ce frère nous encourageant à ne jamais cacher la tunique de notre baptême sous une autre tunique qui nous ferait passer incognito ! 

Cette publication a un commentaire

  1. Valérie

    Quel témoignage puissant 🙏🏼

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