Vous savez que chacun des 4 évangélistes est représenté par un symbole. Mathieu, c’est un taureau parce que dans son Evangile, Jésus est souvent au Temple où on offrait des taureaux en sacrifice. Marc, c’est un lion parce que son Evangile commence avec Jésus au désert qui est servi par des bêtes sauvages. Luc, c’est un homme parce que son Evangile commence avec une longue généalogie pour montrer l’enracinement humain de Jésus. Enfin, Jean, c’est un aigle parce qu’un aigle vole très haut et son Evangile nous emporte souvent dans des hauteurs insoupçonnées, ce qui est bien le cas avec l’extrait que nous avons entendu.

En effet, dans ce passage qu’on appelle le prologue, St Jean nous emporte tellement haut que nous nous retrouvons au temps où rien n’existait sinon Dieu. Il nous fait contempler le mystère de Dieu, de Dieu Trinité dans lequel le Verbe, c’est-à-dire le Fils éternel était auprès de Dieu le Père et tourné vers Lui. Le monde n’existait encore pas, les hommes n’existaient pas, il n’existait que l’Amour, l’Amour que le Père donnait à son Fils et que le Fils recevait avec gratitude en le lui rendant, un amour tellement fort, grand et beau qu’il n’est pas quelque chose mais Quelqu’un, le Saint-Esprit. Tout était parfait, parfaitement accordé, tout baignait dans l’amour. C’est bien ce que St Jean essaie de nous dire à travers ces paroles : Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était au commencement auprès de Dieu. C’était donc absolument merveilleux. Oui, mais pour Dieu, ce n’était pas suffisant il manquait quelque chose ou plutôt quelqu’un : toi ! Toi et moi, nous tous !

C’est vrai, sans nous, Dieu était vraiment tranquille ! Un peu comme des parents dont les enfants turbulents sont absents … mais, nous le savons, très vite, ces enfants vont leur manquer et ils préfèrent la vie à la tranquillité. Il en a été ainsi pour Dieu qui nous a vite rêvés, qui a rêvé de toi, de moi, de nous. Et parce qu’il a voulu le meilleur pour nous, parce que nous étions comme des perles précieuses pour lui, il a fait le monde comme un écrin pour nous accueillir, pour accueillir les trésors que nous étions à ses yeux. Pour que ce monde soit beau et que rien ne nous manque, ce monde, il l’a créé avec le meilleur des architectes, son Fils, le Verbe éternel : C’est par lui que tout est venu à l’existence, dit St Jean et il rajoute : rien de ce qui s’est fait ne s’est fait sans lui. 

Comme il est bon d’entendre cela ! Le monde a magnifiquement été créé, créé par amour pour que les hommes, tous les hommes puissent s’y épanouir. Si, dans des moments de déprime ou de grandes difficultés, tu en venais à penser que tu es un raté, si des personnes, te voulant du mal et cherchant à te blesser te disaient que tu es un raté, repasse ces paroles dans ton cœur. Si tu connais des personnes qui sont dans cette situation, avec toute la délicatesse nécessaire, offre-leur ces paroles et cherche comment tu pourrais les conduire à rencontrer Celui qui les a rêvées, Celui qui les a voulues.

Alors, évidemment, ce beau rêve de Dieu et sa belle réalisation ont été bien vite saccagés par le péché des hommes, mais ça n’a rien changé pour Dieu qui, à aucun moment n’a regretté le bon vieux temps où, dans le paradis, il n’y avait que Lui et son Fils vivant dans l’amour parfait de l’Esprit. Il l’a juré : le mal n’aura pas le dernier mot, le prince des ténèbres n’aura pas la victoire finale. C’est ainsi qu’il a résolu d’envoyer son Fils dans le monde pour sauver le monde : celui qui était la lumière de l’amour est venu dans les ténèbres du péché. Nouveau drame, il n’a pas été accueilli, mais cette lumière nul ne pouvait l’éteindre, St Jean l’affirme et notre présence, en cette nuit, l’atteste : les ténèbres ne l’ont pas arrêté. Mieux que ça, il est venu redire que chaque être humain restait le bien-aimé de Dieu, que sa miséricorde pouvait restaurer ce que le péché avait abimé. C’est ce qu’affirme St Jean en disant : A tous ceux qui l’ont reçu, il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu. 

Puisque cette messe est la dernière de l’année et aussi en partie la 1° de l’année, c’est une messe d’action de grâce et d’intercession. 

Avec cette méditation du prologue de St Jean que je viens de faire, nous ne manquons pas de sujets d’action de grâce ! Même si nous avions vécu une année terriblement difficile, nous pouvons rendre grâce pour ce grand projet d’amour de Dieu qui nous a voulus et nous a créés et qui, pour nous, a créé ce monde. Notre intercession peut aussi se faire fervente pour que les hommes respectent la création que Dieu leur a donnée et se respectent en reconnaissant en chaque être humain l’accomplissement du grand rêve d’amour de Dieu. Avec quelques minutes d’avance, à chacune et à chacun, de la part du Seigneur, je souhaite une bonne année !