27 novembre : mercredi 34° semaine ordinaire. Avec le décodeur, c’est mieux !

La vision qui nous est rapportée aujourd’hui, dans la lecture de l’Apocalypse, contient une petite précision qui nous tourne vers l’espérance et qui tournait encore bien plus vers l’espérance les chrétiens de cette fin du 1° siècle à qui le livre était destiné : J’ai vu dans le ciel un autre signe, grand et merveilleux : sept anges qui détiennent sept fléaux ; ce sont les derniers, puisque s’achève avec eux la fureur de Dieu. Il va y avoir encore des problèmes et pas des petits problèmes passagers puisque Jean en annonce 7, mais, ouf, ce seront les derniers. C’est vraiment une bonne nouvelle ! Toutefois, reste une question et elle est de taille : pourquoi, Jean tient-il tant à préciser qu’il a bien vu que c’étaient les anges qui détenaient ces fléaux, qui allaient donc être comme les déclencheurs de ces catastrophes ? En principe, quand on s’adresse à nos anges gardiens, ce n’est pas pour leur demander de faire pleuvoir sur nous des épreuves ! 

Cherchons à comprendre ! Les exégètes nous expliquent que ces 7 épreuves sont un peu le pendant des 10 plaies d’Egypte. Elles sont donc annonciatrices d’une libération qui approche et, comme les plaies d’Egypte, le Seigneur ne les envoie pas sur ses protégés mais sur les adversaires de son peuple pour les faire réfléchir et les conduire à la conversion. Et donc, puisque c’est Dieu qui est à l’origine de ces épreuves, cela signifie que, quelle que soit la force de l’épreuve, Dieu reste au contrôle, pouvant l’arrêter à tout moment pour prodiguer sa miséricorde, même à ceux qui ont été ses pires ennemis.

Reprenons la vision que Jean transcrit comme il peut en disant qu’il a vu comme une mer de cristal, mêlée de feu, et ceux qui sont victorieux de la Bête, de son image, et du chiffre qui correspond à son nom : ils se tiennent debout sur cette mer de cristal, ils ont en main les cithares de Dieu et ils chantent le cantique de Moïse. A première lecture ces visions paraissent toutes un peu compliquées pour ne pas dire, à certains moments, délirantes, prenons le temps de décrypter en tenant compte des codes qu’utilise le langage apocalyptique. Il s’agit donc d’une mer de feu et de cristal qui s’avance et qui engloutit presque tout sur son passage, sauf ceux qui ont été victorieux de la Bête. Regardons ces différents éléments.

  • Ce déferlement du mal, Jean le voit semblable à une mer, rien d’étonnant à cela car, pour le peuple hébreu, la mer symbolise le mal. On n’est pas à Nice où la mer symbolise, la détente, le bien-être. Les hébreux n’étaient pas un peuple de marins, la mer les effrayait. Elle était pour eux le siège des forces du mal. Le symbolisme de la mer évoque aussi la mer Rouge menaçante qui aurait pu avaler le peuple des hébreux si Dieu n’était pas intervenu. Mais il est intervenu et ce sont les ennemis qui ont été engloutis. Voilà donc la bonne nouvelle annoncée par la vision : le mal qui se déchaine et se répand comme une mer qui recouvre tout ne détruira pas le peuple de Dieu mais ses ennemis.
  • Cette mer est comme une mer de feu. Vous notez le petit mot « comme » si souvent utilisé dans l’Apocalypse qui montre bien que Jean a du mal à rendre compte de ce qu’il a vu. Cette mer de feu, elle est manifestement une évocation de la catastrophe de Pompéi avec l’éruption du Vésuve en 79, l’Apocalypse sera écrit une bonne dizaine d’années plus tard, l’événement est encore dans toutes les mémoires. En comparant l’épreuve qui s’abat sur les chrétiens à la catastrophe de Pompéi, Jean ne cherche donc pas à minimiser les épreuves en disant : serrez les dents, ça va passer ! Non, c’est très sérieux, ce qui est en train de se passer. Mais, ne perdez pas l’espérance et il y a 3 signes forts qui sont annoncés pour soutenir cette espérance mise à mal par les épreuves douloureuses.

– Le 1° signe d’espérance, je l’ai déjà évoqué, c’est que telle la Mer Rouge, cette mer de feu n’engloutit pas tout. Il y a des survivants : ceux qui sont victorieux de la Bête, de son image, et du chiffre qui correspond à son nom : ils se tiennent debout sur cette mer. C’est un écho en image de l’annonce que nous avons entendue de la bouche de Jésus, à la fin de l’Evangile de ce jour, qui disait : C’est par votre persévérance que vous garderez votre vie !

– Le 2° signe d’espérance, c’est qu’elle n’est pas que de feu, cette mer, elle est aussi de cristal. Le cristal, c’est transparent, ça signifie que ceux qui ont persévéré et qui sont sauvés, c’est comme s’ils marchaient sur l’eau en voyant ce qu’il y a dessous. Et que voient-ils dessous ? Eh bien, ils voient les forces du mal qui s’agitent, mais eux, ils sont hors d’atteinte. Un peu comme quand on va visiter un grand aquarium et qu’on peut narguer un requin parce qu’on est bien en sécurité derrière la vitre épaisse ! Jean annonce qu’il vient ce temps où l’on pourra narguer Le Mauvais retourné dans sa prison sous-marine !

– Le 3° signe d’espérance, c’est que ceux qui ont vaincu la Bête, ceux qui ont persévéré chantent les louanges de Dieu. Ça, je trouve que c’est tellement beau. Les rescapés ne fondent pas un comité pour instruire le procès de Dieu qui ne les aurait pas suffisamment protégés, ils prennent leur cithare et entrent dans une grande louange en reprenant ce cantique de Moïse et de l’Agneau qui devient le cantique des sauvés que nous aimons chanter à l’office.

Que par l’intercession de Notre Dame d Laghet, la grâce nous soit donnée d’avoir une foi et une espérance suffisantes pour rester capables de chanter le Dieu Sauveur, quelles que soient les épreuves que nous traversons, en reprenant ces paroles du cantique : Oui, Seigneur, ils sont justes, ils sont vrais, tes chemins, tu es le Roi des nations, le Roi de ma vie.

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