C’est la lettre à Tite que nous lisons ces jours, Tite a été un collaborateur de choix pour Paul, hier nous avons entendu l’estime qu’il lui portait à travers ces paroles : Je m’adresse à toi, Tite, mon véritable enfant selon la foi qui nous est commune. C’est un très beau titre que Paul lui donne : mon véritable enfant dans la foi. Nous ne savons pas grand-chose de lui sinon qu’il a été l’homme de confiance de Paul qui comptait sur lui pour les missions difficiles, c’est ainsi, qu’hier, il nous était présenté comme devant organiser l’Eglise de Crète en nommant un ancien à la tête de chaque communauté, ce qui nous valut ce si beau portrait-robot des anciens, des « presbyteroi ». Ensuite, après le départ de Timothée de Corinthe, Paul va y envoyer Tite. Nous le savons, cette communauté de Corinthe n’était pas simple à manager, la 1° lettre que Paul leur adresse nous laisse deviner ces difficultés. Eh bien, Tite aura été capable de ramener la paix dans cette communauté, c’est ce que nous apprend la 2° lettre aux Corinthiens. Paul aura donc une véritable affection pour lui et cherchera à l’aider pour que son ministère soit toujours fécond.
Dans l’extrait que nous avons entendu ce matin, il y a comme 3 parties.
- Dans la 1° partie, Paul détaille les conseils que Tite doit prodiguer au nom du Seigneur, je ne les commente pas, ils sont suffisamment clairs.
- Dans la 2° partie, Paul prodigue des conseils à Tite lui-même : sois un modèle par ta façon de bien agir, par un enseignement sans défaut et digne de respect, par la solidité inattaquable de ta parole, pour la plus grande confusion de l’adversaire, qui ne trouvera aucune critique à faire sur nous. Déjà à son époque, Paul était conscient que le contre-témoignage des pasteurs était ce qu’il y avait de plus terrible. J’ai été touché par l’homélie que Mgr Eric de Moulins Beaufort a donné à Lourdes pour la messe de clôture de la conférence des évêques de France. Il commentait l’Evangile de dimanche dernier qui commençait par ces mots de Jésus : méfiez-vous des scribes et Jésus détaillait les raisons pour lesquelles il fallait se méfier des scribes. Eh bien, Mgr de Moulins-Beaufort a commencé son homélie en disant, c’est à nous évêques que ces paroles très dures de Jésus s’adresse aujourd’hui pour que nous ne donnions pas de contre-témoignage.
- Dans la 3° partie, Paul fait une méditation plus théologique sur la grâce avec cette merveilleuse conclusion : Jésus s’est donné pour nous afin de nous racheter de toutes nos fautes, et de nous purifier pour faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien. Ces paroles sont belles et fortes, cet appel, nous devons le garder : nous sommes appelés à devenir un peuple ardent à faire le bien. C’est bien que cet appel se situe dans cette méditation sur la grâce car, sans la grâce, nous n’aurons jamais assez d’ardeur pour faire le bien et ne faire que cela. C’est ainsi que le prêtre qui a tant compté dans mon cheminement prenait congé de toutes les personnes qui venaient le voir, il nous disait : fais le bien et ne fais que cela !
Quelques mots sur cet Evangile, jamais facile à entendre qui nous redit que nous ne sommes que de simples serviteurs, les traductions autrefois disaient que nous étions des serviteurs inutiles. Avant de nous focaliser sur la 2° partie et, finalement, peu importe la traduction, nous voyons bien ce que Jésus veut dire, il convient de garder dans nos cœurs la 1° partie : nous sommes des serviteurs. Beaucoup entendent cette déclaration de Jésus comme méprisante à l’égard des disciples, ceux d’hier et ceux d’aujourd’hui. A l’écoute de cette parole, il y a comme un malaise qui peut naître dans le cœur de ceux qui se dépensent sans compter au service de l’Evangile et qui auraient plutôt aimé entendre une parole de reconnaissance, au moins un petit merci !
Pourquoi ce malaise ? On peut l’expliquer de deux manières complémentaires.
- 1° explication : en nous mettant au service de l’Evangile peut-être que nos intentions n’étaient pas totalement pures. C’est à dire que nous attendions des retombées personnelles gratifiantes, nous espérions des bénéfices secondaires importants pour les efforts consentis. Qui peut dire que tout est toujours totalement pur et parfaitement désintéressé dans le don qu’il fait de lui-même au quotidien dans son état de vie ?
- 2° explication : nous oublions que c’est par le service que Jésus a défini sa mission : je ne suis pas venu pour être servi mais pour servir et donner ma vie. Mt 20,28 En nous disant que nous sommes et que nous resterons des serviteurs, quels que soient nos états de service, Jésus ne nous méprise pas, au contraire ! Il nous explique que le plus sûr moyen d’être configurés à lui, c’est de nous donner dans le service. Cela, nous avons besoin de le réentendre régulièrement pour redonner du sens à ce que nous vivons au quotidien surtout quand la fatigue, la lassitude pourraient nous envahir. C’est dans le service que je trouverai le moyen le plus sûr d’être configuré au Christ.
Enfin venons-en à ce mot que les traductions ne savent pas bien comment rendre : simples serviteurs, serviteurs inutiles, serviteurs quelconques. Ce qui est clair, malgré ces hésitations de traduction, c’est qu’il ne faudrait pas qu’au bout d’un moment nous en arrivions à croire que, sans nous, rien ne pourrait se faire et c’est une tentation qui est sans doute plus fréquente que nous n’osons l’avouer. Ceux qui ont été victimes de maladies graves qui les a écartées un certain temps des affaires disent souvent que c’est la principale leçon qu’ils ont tiré de cette expérience : en leur absence, le monde a continué de tourner, l’entreprise a continué à travailler, la famille à vivre, la communauté à prier et à annoncer l’Evangile. Ça ne veut pas dire que nous ne servons à rien, mais nous ne sommes pas indispensables. Seul Dieu est indispensable et il ne faudrait pas que nous finissions par nous prendre pour lui ! Ceci dit, rappelons-nous la promesse faite aux bons et fidèles serviteurs : quand ils arriveront à la table du banquet éternel, c’est le Maître, lui-même, qui les servira !
Par l’intercession de Notre Dame de Laghet, demandons la grâce de faire partie de ce peuple ardent à faire le bien et de nous réjouit d’être de bons et fidèles serviteurs non-indispensables.