1° décembre : Dieu a-t-il raté son coup ?

Le livre biblique qui accompagne le temps de l’Avent, c’est le livre d’Isaïe parce qu’on pourrait dire que c’est le livre biblique dans lequel il y a le plus de promesses. Or le temps de l’Avent nous fait méditer sur l’accomplissement de la grande promesse de Dieu qui répond au très grand désir des hommes. Ce désir, il a été exprimé de manière formidable dans la 1° lecture que nous avons entendue dimanche pour notre entrée en Avent et il était justement exprimé par le prophète Isaïe : « Ah ! Seigneur, si tu déchirais les cieux et si tu descendais ! »

Eh bien, la fête de Noël à laquelle nous prépare le temps de l’Avent, c’est précisément cela : Dieu répond au désir des hommes qui n’en peuvent plus et qui lui disent : déchire les cieux et viens vivre au milieu de nous. Entendant ce désir Dieu a promis d’y répondre et il a répondu, c’est la venue de Jésus, c’est Noël, les cieux se sont déchirés et il est venu habiter parmi nous. C’est tellement extraordinaire que 3 fois par jour, en priant l’Angelus, nous nous replongeons dans ce grand mystère de l’Incarnation, accomplissement des promesses de Dieu qui répond au désir des hommes qui le supplient de déchirer les cieux et de descendre pour habiter au milieu d’eux.

Le livre d’Isaïe, va donc être ce livre dans lequel le prophète, de la part du Seigneur nous montre ce qui va se passer quand Dieu aura déchiré les cieux et quand il sera descendu pour habiter parmi les hommes. Le texte le disait de manière si belle : « Le loup habitera avec l’agneau, le léopard se couchera près du chevreau, le veau et le lionceau seront nourris ensemble, un petit garçon les conduira. La vache et l’ourse auront même pâture, leurs petits auront même gîte. Le lion, comme le bœuf, mangera du fourrage. Le nourrisson s’amusera sur le nid du cobra ; sur le trou de la vipère, l’enfant étendra la main. Il n’y aura plus de mal ni de corruption. » Voilà ce qui se passera quand Dieu habitera parmi les hommes. Et ce n’est pas de la poésie, c’est la promesse de Dieu et Dieu n’est pas comme les hommes politiques, quand il fait une promesse, il la tient !

Oui tout sera bouleversé quand Dieu habitera parmi les hommes. Parce que Celui qu’il enverra « sera rempli de l’Esprit du Seigneur : Esprit de sagesse et de discernement, Esprit de conseil et de force, Esprit de connaissance et de crainte du Seigneur. » Ainsi donc, rempli de l’Esprit du Seigneur, « Il ne jugera pas sur l’apparence ; il ne se prononcera pas sur des rumeurs. Il jugera les petits avec justice ; avec droiture, il se prononcera en faveur des humbles du pays. »

Oui tout cela est absolument magnifique mais il y a un problème et un gros problème ! Le Seigneur a déchiré les cieux, il est venu habiter au milieu des hommes et qu’est-ce que ça a changé ? Est-ce que vous avez vu le loup habiter avec l’agneau, le léopard se coucher près du chevreau, le veau et le lionceau être nourris ensemble, et conduits par un petit garçon ? Est-ce que vous avez vu la vache et l’ourse avoir même pâture, et leurs petits même gîte. Le lion, comme le bœuf, manger du fourrage ? Est-ce que vous avez le nourrisson s’amuser sur le nid du cobra ; sur le trou de la vipère ? Est-ce que vous avez qu’il n’y avait plus de mal ni de corruption sur la terre ?

Dieu a déchiré les cieux, il est venu habiter au milieu des siens mais, finalement, rien n’a changé ! Alors est-ce que Dieu a fait des promesses qu’il n’était pas capable de tenir ? Est-ce que Dieu a raté son coup ?

Non, bien sûr ! Nous connaissons le drame qui a si bien été résumé par St Jean : « Il est venu chez les siens mais les siens ne l’ont pas accueilli. » Jésus a fait tout ce qu’il a pu, il a bien accompli la prophétie en ne jugeant personne sur l’apparence, en jugeant avec justice, avec droiture, en se prononçant en faveur des humbles du pays. Oui, tout cela il l’a fait, mais « Il est venu chez les siens et les siens ne l’ont pas accueilli. » Ce n’est pas Dieu qui a raté son coup, ce sont les hommes qui ont cherché à mettre Dieu en échec. Mais les hommes n’ont ni le pouvoir, ni la puissance pour mettre Dieu définitivement en échec. Car s’il n’a pas été accueilli par tous les siens, il n’a pas non plus été refusé par tous les siens. Ah oui, s’il avait été accueilli et reconnu par tous les siens, la totalité de la prophétie aurait été accomplie, il n’y aurait plus de mal ni de corruption sur la terre. 

Mais Dieu n’a pas dit son dernier mot … justement parce qu’il y en a quand même qui ont accueilli Jésus et l’Evangile poursuit sa course, plus lentement que ce qui avait été prévu mais l’Evangile continue sa course quand même. Et c’est pour cela que Jésus peut exulter et proclamer la louange du Seigneur. Il sait que la course de l’Evangile ne s’arrêtera pas avec sa mort. Les hommes pourront le tuer, ils n’arrêteront pas la propagation de l’Evangile. Dans l’histoire, après la mort de Jésus, bien des tyrans ont essayé de supprimer la foi, ils ont déclenché de grandes persécutions, inventer des programmes pour anéantir le christianisme. Personne n’y est encore arrivé, c’est même le contraire, à chaque fois que des chrétiens ont été tués, d’autres en plus grand nombre ont pris le relais confirmant la parole de Tertullien qui disait que le sang des martyrs était une semence de chrétiens.

C’est à nous aujourd’hui qu’est remise la mission de permettre à la promesse de Dieu de s’accomplir. Plus nous évangéliserons, plus nous permettrons à l’Evangile de gagner du terrain, de conquérir des cœurs et plus vite viendra le temps où il n’y aura plus de mal ni de corruption sur la terre. En effet, nous le voyons bien, là où il y a des chrétiens, mais des vrais, pas des chrétiens qui ne sont chrétiens que par appartenance sociologique ou par habitude, les choses changent. Déjà dans l’Eglise primitive, ce qui impressionnait le plus les non-chrétiens, c’est de voir à quel point les chrétiens s’aimaient : « voyez comme ils s’aiment ! » Mais ce qui interrogeait le plus, c’est qu’ils ne s’aimaient pas seulement entre eux, ils étaient aussi capables d’aimer ceux qui ne partageaient pas leur foi et même ceux qui leur voulaient et qui leur faisaient du mal.

Oui, c’est à nous, aujourd’hui, qu’est remise la mission de permettre à la promesse de Dieu de s’accomplir. Que notre manière de vivre, déjà à l’intérieur de notre communauté, soit un signe qui montre que quelque chose de cette promesse est déjà en train de s’accomplir. Que notre manière de vivre fasse tellement signe qu’autour de nous, les autres aient envie de partager cette foi qui nous fait vivre ces relations renouvelées annonciatrices de ce monde nouveau où il n’y aura plus de mal ni de corruption sur la terre. 

Cet article a 3 commentaires

  1. Adéline

    Magnifique…
    Merci !

  2. Franchellin Jean Marc

    Dieu ne fera pas le travail à notre place. Ce que nous n’aurons pas fait, ne sera jamais fait et… Retardera d’autant plus l’accomplissement de cette prophétie d’Isaie.
    Nous sommes toujours à une génération de l’extinction de la foi !
    Le « boulot » c’est pour nous les chrétiens vivants. Maintenant.
    Merci père Roger pour cette homélie qui me bouscule.
    En communion de prière Jean Marc et Agnès

  3. Wilhelm Richard

    Voyez comment ils sèment, et nous verront s’ils portent beaucoup de fruits.
    Par ailleurs, n’oubliez pas d’ouvrir votre cœur et votre fenêtre du calendrier de l’Avent pour être récompensé au centuple.
    Bonne Avent´C ( pardon, c’est l’année B) vers Noël.

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