10 mars : 4° dimanche de carême : Riche, très riche, généreux, très généreux, tel est notre Dieu !

Ce 4° dimanche du carême est appelé le dimanche du « laetarae », le dimanche de la joie et c’est pour cela que les prêtres portent des ornements d’une couleur peu habituelle, le rose qui vient casser l’austérité de la couleur violette utilisée dans le temps du carême. C’est un peu comme si un coin du voile était levé pour que nous puissions apercevoir les premières lueurs de Pâques et nous en réjouir à l’avance. Et comme l’Eglise est une Mère qui ne fait aucune différence entre ses enfants, elle ne veut pas que ce soient uniquement les prêtres qui s’habillent d’une couleur de joie, elle propose aussi que la joie puisse habiller le cœur de chaque chrétien et c’est pour cela qu’elle nous a donné ces lectures à écouter. C’est la Parole de Dieu entendu, en ce jour, qui va habiller nos cœurs d’une très grande joie.

Cette grande joie, St Paul en a donné le fondement dès les premiers mots de la 2° lecture : Dieu est riche en miséricorde ! Quelle chance nous avons d’être ses enfants parce que, non seulement il est riche, mais en plus, il est généreux. Alors que, dans la vie, nous le savons bien, ça ne va pas toujours ensemble : des personnes très riches peuvent ne pas être généreuses du tout. Et vous savez que lorsqu’on cherche à évaluer notre générosité, il ne faudra pas le faire en calculant ce que l’on donne, mais ce que l’on garde ! Eh bien, notre Dieu qui est immensément riche, riche en miséricorde ne garde rien, il donne tout, il nous donne tout. Avez-vous prêté attention aux paroles de Paul dans la suite du texte, écoutez bien, c’est merveilleux : Il a voulu ainsi montrer, au long des âges futurs, la richesse surabondante de sa grâce, par sa bonté pour nous dans le Christ Jésus. Vous avez entendu tous ces mots qui se répètent, se renforcent pour parler de la générosité extrême du cœur de notre Dieu, riche en miséricorde : richesse surabondante de sa grâce, par sa bonté pour nous. Au plein milieu de ce carême, en entendant ces paroles, nous comprenons que nous avons de très bonnes raisons d’habiller nos cœurs de joie.

Et, bien évidemment, avec le Seigneur, ces paroles ne sont jamais des paroles en l’air. Les 2 autres lectures nous apportent comme une preuve irréfutable de la vérité de ces paroles.

La 1° lecture, tirée du livre des Chroniques, nous faisait comme un résumé de l’histoire du peuple des hébreux. Ce résumé, je le résume à mon tour de ma manière suivante : à cause de ses choix tordus et de son entêtement à ne pas vivre l’Alliance, le peuple des hébreux s’est retrouvé en Exil. Ce fut une très grande épreuve. Jamais, Dieu n’a dit : c’est bien fait, qui sème le vent récolte la tempête, vous n’avez que ce que vous méritez ! Non, parce qu’il est riche en miséricorde, Dieu n’a pas réagi ainsi. Mais peut-être auriez-vous envie de dire : s’il est à ce point riche en miséricorde, pourquoi n’a-t-il pas empêché cette épreuve ? Tout simplement parce que Dieu qui peut tout pardonner ne peut pas empêcher que nos actes mauvais aient des conséquences douloureuses. Mais, parce qu’il est riche en miséricorde, il n’a pas abandonné son peuple à la misère. 

Et la manière dont il s’y est pris pour leur manifester son immense miséricorde est étonnante. Le texte le disait, il a inspiré un empereur païen, Cyrus de permettre à ceux qui avaient été exilés de rentrer chez eux. J’ai envie de dire que Dieu fait feu de tout bois, sa miséricorde est tellement débordante qu’il se sert même d’un païen pour la répandre ! Désormais, on peut dire que tous les hommes de bonne volonté, tous ceux qui aiment faire du bien seront comme les relais dont Dieu se servira pour distribuer généreusement sa miséricorde à tous les hommes. Et pour appuyer cela, je voudrais encore citer les très belles paroles qui terminaient la lecture de St Paul : C’est Dieu qui nous a faits en vue de la réalisation d’œuvres bonnes qu’il a préparées d’avance pour que nous les pratiquions. Etonnant, non ? Les bonnes œuvres que nous faisons, St Paul nous dit que c’est Dieu qui les a préparées, il nous les offre pour que nous les réalisions en son nom, pour que, comme lui, nous expérimentions la joie de faire du bien. En effet, Dieu sait que nous, hélas, nous sommes un peu radins en amour, alors c’est lui qui nous prépare les bonnes actions pour que nous, nous n’ayons plus qu’à les accomplir, elles sont toutes prêtes à l’emploi. Et c’est pour cela qu’il ne faut jamais se vanter du bien que nous accomplissons car nous ne faisons que distribuer les bonnes actions que Dieu a préparées pour que nous puissions les distribuer. Il aurait pu les donner lui-même, directement, mais il a voulu que nous puissions partager sa joie d’être riches en amour.

Dans le roman de Pagnol, Manon des Sources, il y a un sermon d’anthologie que prononce le curé du village et il parle de toutes ces bonnes actions que le Bon Dieu a préparées pour nous et que nous ne faisons pas et il dit qu’il faut être fada pour agir ainsi !

L’Evangile va, lui aussi, nous apporter une preuve que Dieu est non seulement riche en miséricorde mais aussi immensément généreux. Vous avez entendu ces paroles : « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. » Il est encore question d’un excès d’amour : Dieu a tellement aimé le monde. Seulement voilà, derrière ces paroles, commence à se profiler le drame dans lequel nous replongerons au cours de la semaine sainte. Par excès d’amour, notre Dieu, si riche en miséricorde et tellement généreux, a envoyé son Fils dans le monde, mais les hommes ne l’ont pas accueilli, pire, ils l’ont fait mourir, lui infligeant des souffrances extrêmes. Tel Père, tel Fils, parce qu’à l’image de son Père, Jésus était riche en miséricorde, il n’a pas voulu que le dernier mot revienne à la violence, à la méchanceté. Il a choisi de pardonner à ceux qui le faisaient mourir faisant de cette mort ignoble la source du Salut. Oui, considérant que ceux qui le faisaient mourir étaient plus misérables que coupables, Jésus a voulu faire miséricorde à ces misérables et, au-delà d’eux, à tous les misérables de l’histoire dont nous faisons partie. En effet, nous devons reconnaître lucidement que, trop souvent, nous faisons le mal que nous n’aimerions pourtant pas faire et que n’accomplissons pas assez souvent le bien que, pourtant, nous aimerions faire.

Ce dimanche nous est vraiment donné pour que nous puissions habiller notre cœur de joie, joie d’avoir un Dieu si miséricordieux et si généreux pour distribuer, à l’excès, cette miséricorde qui déborde de son cœur. Chers amis, comment pourrions-nous garder pour nous cette joie ? Nous le percevons de mille manières, nos contemporains ont soif d’amour et ils ne trouvent souvent que des versions frelatées de l’amour qui ne pourront jamais étancher leur soif. Il est urgent que les chrétiens qui, sans mérite de leur part, peuvent boire à cette source, se décident à indiquer le chemin de cette source à tous ceux qui meurent de soif. C’est sans doute la très belle mission que le Seigneur nous confie pour cette 2° partie du carême.

Par l’intercession de Notre Dame de Laghet, demandons que l’Esprit-Saint nous inspire comment conduire à cette source tous ceux qui ont soif. Demandons-lui aussi qu’elle nous aide à accomplir toutes les bonnes œuvres que le Seigneur a préparées afin que nous puissions, nous aussi, vivre de la joie d’être riches et généreux en amour ; qu’elle nous aide à ne pas devenir des fadas !

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