Nous continuons la lecture si riche du livre de la Genèse.
Je fais tout de suite une première remarque. Le texte commençait par ces mots : quand l’homme eu désobéi à Dieu. On a envie de dire : oui l’homme a désobéi, mais sa femme l’a quand même bien aidé ! C’est quand même elle qui a discuté avec le serpent et qui s’est laissé séduire par ses paroles trompeuses et c’est encore elle qui en a donné à son mari. Oui, c’est vrai, mais les rabbins, quand ils commenteront ce texte diront qu’Adam est bien en faute, lui aussi, autant qu’Eve. Parce qu’il aurait dû rappeler à sa femme la Parole d’interdiction du Seigneur et lui rappeler que Dieu est bon et qu’il ne faut donc pas croire ce que le serpent suggérait. Mais voilà, Adam n’a rien dit, peut-être n’était-il pas là, peut-être était-il en train de boire une Primus ! Et s’il était là, il n’a rien dit. Puisque nous allons entrer dans la semaine St Valentin, il est bon d’entendre que bien des problèmes viennent de l’absence des hommes. Cette absence peut être physique, souvent, ils ne sont pas assez présents à la maison, quand c’est pour le travail, ça peut se comprendre mais quand c’est pour la Primus, ça se comprend moins. Cette absence peut aussi être plus symbolique, l’homme se tait trop souvent, il est accaparé par ses occupations ou ses loisirs. Le texte de la Genèse pointe cette absence des hommes qui est à l’origine de désordres dans la famille. Prions donc pour que les hommes comprennent quelle est leur mission et qu’ils acceptent de tenir leur place.
La 2° remarque que je fais concerne la question de Dieu : où es-tu ? Oui, parce que le texte d’hier nous disait, à la fin, que l’homme et la femme, après la désobéissance, quand ils ont entendu les pas du Seigneur qui les cherchait ont eu peur et qu’ils se sont cachés. Ah, il a vraiment réussi son coup, le diable, je vous l’ai dit, c’est même un double coup ! Il a réussi à faire douter de la bonté de Dieu et il a introduit la convoitise. Il a tellement fait douter de la bonté de Dieu que l’homme et la femme ont, maintenant, peur de Dieu. S’ils n’avaient pas eu peur, entendant les pas de Dieu, ils se seraient jetés dans ses bras en sanglots pour lui demander pardon. Mais le diable a réussi à leur inculquer la peur de Dieu. C’est terrible parce que si Dieu les cherchait, c’est parce qu’il avait déjà pardonné. Dieu était fou d’inquiétude à l’idée d’avoir perdu Adam et Eve, ses deux plus beaux chefs d’œuvres de cette magnifique création qu’il venait d’achever ! Dieu venait en ami à leur recherche et eux ont eu peur et dès que Dieu leur pose une question, ils ne répondent pas à sa question : où es-tu ? C’était la question d’un ami, eux, ils ont entendu une question sous forme de reproche : qu’as-tu fait ? Ce qui est la question d’un juge ! Mais ce n’était pas la question que Dieu a posée car Dieu est ami de l’homme et non son juge ! Voilà comment le péché tord les relations et comment la peur de Dieu nous pousse à poser sur Dieu un regard qui le soupçonne de ne pas vraiment nous aimer. Demandons vraiment d’être libérés de la peur de Dieu que le démon cherche encore à mettre dans nos cœurs. Parce que c’est terrible, le péché nous éloigne de Dieu et la peur de Dieu nous empêche de revenir à Lui.
La 3° remarque que je ferai concerne l’harmonie cassée par le péché. L’homme et la femme, créés pour se compléter, pour vivre en harmonie se mettent à s’accuser mutuellement. On a compris qu’avec cette peur de Dieu qui fait suite au péché, l’harmonie avec Dieu était déjà brisée. Et quand on poursuit la lecture du texte, on voit que l’harmonie est brisée aussi avec la nature. Voilà l’œuvre du péché : il casse l’harmonie et sème une zizanie pas possible dans les relations. Le serpent avait promis que si Eve transgressait l’interdit, tout deviendrait merveilleux. Tu parles d’une merveille ! Tout est cassé !
Avec la 4° remarque, je veux souligner que le péché, pour Dieu, n’est pas le dernier mot de ses relations avec les hommes. A la création, Dieu avait tout donné, mais il peut y avoir encore plus que le don, c’est le pardon. Le français l’exprime bien : le pardon, c’est ce qui est donné par-dessus le don, en supplément du don. On ne peut jamais penser qu’on a tout donné tant qu’on n’a pas donné le pardon ! En tout cas, c’est ce que Dieu pense et il aimerait bien qu’on pense comme lui ! Mais alors, si Dieu veut pardonner pourquoi semble-t-il y avoir une série de punitions et de grosses punitions.
- Pour les femmes, l’accouchement dans la douleur et la domination des hommes dans leurs relations
- Pour les hommes, le travail pénible, dans la douleur et la sueur
Je vais revenir sur ce qui nous semble être des punitions, mais je veux réaffirmer que Dieu pardonne et il y a 3 signes :
- Il annonce mystérieusement la défaite du serpent par une femme qui l’écrasera de son talon. Le plan SOS Rédemption a donc déjà commencé et le diable n’aura pas le dernier mot, c’est déjà annoncé !
- Le Seigneur fabrique lui-même des tuniques pour l’homme et la femme. Il a compris que leur nudité dévoilée ne leur permettrait plus jamais d’avoir des relations sereines avec Lui, alors il fabrique ces tuniques pour être sûr que la relation puisse continuer. Oui, elle sera moins bien, mais c’est mieux que si c’était pire, comme disent les bons paysans chez nous !
- Il les chasse du jardin pour protéger l’arbre de la vie. Il faudrait beaucoup de temps pour commenter cela, tellement c’est riche de sens. Retenons seulement que Dieu a vu que l’humain avait mis la main sur la connaissance et, je l’ai expliqué hier, en agissant ainsi, il a perverti la connaissance sur le bien et le mal. Eh bien, Dieu veut protéger l’humain de ses excès et de ce que ses excès produisent. Dieu ne veut pas que l’homme mette la main sur la vie, comme il a mis la main sur la connaissance. La vie est le don suprême de Dieu, l’homme ne doit pas mettre la main dessus. Mais comme Dieu a vu les faiblesses de l’humain et son incapacité à se maitriser, il sait que mettre l’humain en garde ne suffira pas, alors il lui demande de quitter le jardin. Comme des parents qui vont fermer la porte de la cuisine en s’absentant quelques instants parce qu’ils ne veulent pas que leur enfant se brûle. Et, dans le texte, il y a quelque chose de très beau, les chérubins sont installés, non pas comme des chiens de garde très méchants qui interdisent l’accès. Il est dit qu’ils gardent l’accès, ils protègent cet accès à l’arbre de la vie pour que n’importe quel farfelu ne puisse pas venir faire ce qu’il veut avec la vie.
Voilà, ça c’était pour les signes qui montrent que Dieu a déjà pardonné. Venons-en maintenant à l’accouchement douloureux, la domination, le travail pénible, tout que nous pensons être des punitions, en fait ce ne sont que des conséquences du péché. Oui, c’est vrai Dieu peut tout pardonner et même il veut tout pardonner, mais il ne peut pas faire que le péché n’ait pas de conséquence. Si je donne un coup de couteau sur le visage du père Amand, Dieu peut me pardonner, sous certaines conditions, bien sûr, le père Amand aussi peut me pardonner, mais malgré le pardon reçu, le père Amand va garder une cicatrice au visage. Tout est pardonné mais les conséquences du péché ne peuvent pas être effacées comme par magie. C’est pour cela, voyez-vous, que le péché est grave, c’est parce qu’il y aura des conséquences que le pardon ne pourra pas supprimer.
Un petit mot sur l’Evangile, comme j’aime ces récits de la multiplication des pains qui nous montrent Jésus qui prend soin des hommes avec une délicatesse infinie.
D’abord Jésus voit cette foule. Le texte nous dit qu’il y avait une grande foule, si Jésus agit en sa faveur, c’est parce qu’il a décidé de la regarder. Nous, il peut nous arriver parfois de détourner notre regard de ceux qui auraient besoin de nous. Jésus n’agit pas ainsi. Avec Jésus tout commence toujours par un regard. Et comme son regard est directement relié à son cœur, ça déclenche chez lui de la compassion. Vous savez ce mot, c’est celui qui désigne les entrailles d’une femme. C’est-à-dire que Jésus est profondément remué par ce qu’il voit comme une maman qui ne peut pas supporter qu’un de ses enfants soient en grande difficulté et qui va tout faire pour lui. Cela, Jésus l’a appris auprès de son Père puisqu’ion dit que Dieu est un Père qui aime comme une mère.
Ensuite, dans cet Evangile de Marc, on entend Jésus qui réfléchit comme à voix haute en se demandant ce qu’il faut faire. Les disciples, eux se sentent dépassés et on aurait été dans la même situation à leur place ! Et alors, c’est comme si Jésus leur disait : d’accord, vous n’avez pas la solution, à vous seuls, vous ne pourrez pas y arriver, mais si vous mettez ce que vous pouvez mettre, moi, je m’engage à faire le reste. Et c’est toujours ainsi que Jésus agit ! Il ne nous demande pas l’impossible, mais il exige que nous fassions le possible et il fera le reste pour que l’impossible devienne possible !
Souvent, nous n’essayons même pas parce que nous savons que c’est impossible, mais Jésus nous dit : fais ta part et moi, je ferai la mienne ! Toi, sans moi, tu ne PEUX rien faire et moi, sans toi, je ne VEUX rien faire !
Enfin dernier signe de son infinie délicatesse dans sa manière de prendre soin de nous, c’est qu’il demande de faire asseoir les gens. Ça va durer longtemps, pas pour multiplier mais pour distribuer. Et Jésus voit que les gens sont fatigués, donc il demande de les faire asseoir. Quelle délicatesse de la part de Jésus et tout cela est parti d’un regard ! Si tu crois que Jésus pose, en permanence, son regard bienveillant sur toi, alors, tu n’as rien à craindre, il prendra soin de toi, avec autant de délicatesse qu’il a pris soin de cette foule.
Amen !!!