11 mai : jeudi 5° semaine de Pâques. L’Assemblée de Jérusalem statue sur notre sort !

Les premières lectures d’aujourd’hui et de demain nous rendent témoins du 1° concile de l’histoire de l’Eglise. Aujourd’hui, nous sommes témoins des débats qui ont eu lieu et demain, nous serons témoins de l’envoi de Paul et Barnabé, chargés d’annoncer les décisions de l’Eglise. Je rappelle que ce premier concile avait la lourde tâche de régler cette question essentielle : manquait-il quelque chose à l’œuvre de Salut accomplie par le Christ pour qu’on imagine rajouter la circoncision et la pratique de la Loi comme condition au Salut ? 

Finalement, c’est notre sort qui s’est joué dans cette Assemblée puisqu’il s’agissait de statuer sur ce que l’on exigerait des païens qui voudront devenir chrétiens. Or, païens, nous le sommes tous puisque ce terme, dans l’Ecriture, désigne ceux qui ne sont pas juifs, ce qui est bien notre cas. Je ne retiendrai que deux points alors que beaucoup d’autres mériteraient d’être soulignés. 

Le 1° point concerne la place de Pierre dans ce processus d’accueil des païens dans l’Eglise. On considère souvent que c’est Paul qui est l’apôtre des païens. Mais quand Pierre prend la parole au cours de cette assemblée de Jérusalem, il tient à rétablir la vérité : c’est lui qui a ouvert la porte de la foi aux païens avec l’épisode du Baptême de Corneille. On l’entendait assez clairement quand il disait : « c’est par ma bouche que les païens ont entendu la parole de l’Évangile et sont venus à la foi. » Alors, c’est vrai, Pierre n’insiste pas trop sur le fait qu’il a été quand même très hésitant à baptiser Corneille et qu’il a fallu que l’Esprit-Saint le devance pour qu’il ose ce geste. Il ne fait pas non plus allusion au rétropédalage qu’il a effectué juste après sous la pression des fameux judaïsants. Tout cela est aussi vrai, mais, il n’en reste pas moins vrai que c’est lui qui a ouvert la porte de la foi aux païens et qu’il a donc raison d’affirmer : « c’est par ma bouche que les païens ont entendu la parole de l’Évangile et sont venus à la foi. » 

Est-ce que ces paroles seraient la trace d’une querelle d’égos entre Pierre et Paul ? Je ne le pense pas même si, nous le savons, ils ont eu parfois des vraies discussions d’hommes ! Mais leur égo, ils savaient le mettre de côté pour le service de l’Eglise. Si Pierre précise que c’est par lui que les païens ont entendu la parole de l’Evangile, c’est parce que c’est une dimension essentielle du ministère pétrinien. Ce n’est pas pour rien que Pierre est représenté avec des clés, c’est justement parce que c’est lui qui a ouvert les portes de la foi aux païens. Et le pape Jean-Paul II commentant son ministère, qu’on définit parfois en disant que le pape a le ministère des clés, disait que le Christ a confié les clés à Pierre pour qu’il ouvre. Certes dans la parole de Jésus, il est bien question d’un pouvoir d’ouvrir et de fermer mais Jean-Paul II avait souligné que la grande mission, c’était d’ouvrir afin que le grand désir de Dieu puisse s’accomplir : qu’aucun homme ne soit perdu ! C’est pour cela que le pape François est toujours à l’affut de trouver une ouverture possible pour rejoindre ceux dont l’Eglise se trouve un peu loin et qui risquent de rester au bord du chemin. Aujourd’hui encore, quand le pape veut ouvrir, ça fait grincer des dents, ça suscite de la contradiction, des crispations, comme la décision de Pierre n’avait pas fait l’unanimité ! Mais il en va, aujourd’hui comme hier, de la vérité de l’Evangile. Il nous faut donc prier pour le pape pour qu’il continue à exercer ce ministère des clés comme un ministère d’ouverture et qu’il puisse l’exercer avec détermination et discernement.

Enfin, pour conclure ce 1° point, j’évoque encore ces paroles de Pierre qui affirme : « Oui, nous le croyons, c’est par la grâce du Seigneur Jésus que nous sommes sauvés. » On croirait lire une affirmation de Paul dans la lettre aux Romains, comme quoi les oppositions que nous soulignons parfois entre Pierre et Paul sont parfois exagérées, c’est bien la même foi qui les anime.

Dans le 2° point, je voudrais souligner comment Paul s’y est pris pour défendre sa position. Aucune de ses paroles ne nous sont rapportées, il nous est juste dit que Barnabé et Paul ont témoigné devant l’Assemblée de Jérusalem de tous les signes et les prodiges que Dieu avait accomplis grâce à eux parmi les nations. Plutôt qu’une longue démonstration théologique, ils donnent leur témoignage comme pour dire : si Dieu avait voulu que les païens soient soumis à la circoncision pour entrer dans la foi et être sauvés, il n’aurait pas accompli par nos mains autant de signes en leur faveur. 

Il faut croire que ces paroles touchent les cœurs puisque Jacques, proche des judaïsants va proposer un compromis qui pourra emporter l’adhésion de tous : aucune contrainte ne sera imposée aux païens, simplement, par respect de leurs frères juifs, ils respecteront quelques règles élémentaires.

On le voit bien, quand l’Esprit-Saint mène la danse, des positions à première vue inconciliables peuvent s’accorder parce que chacun n’est pas là pour défendre ses idées mais pour servir le bien de l’Eglise et permettre sa croissance. Qu’il nous soit donné de toujours mettre l’Esprit-Saint au cœur de nos discussions pour que nous restions toujours des serviteurs de l’Eglise et de sa croissance.

Quant à l’Evangile, chacun de nous pourra méditer, à son rythme et selon les inspirations de l’Esprit, les belles paroles entendues qui font suite à l’allégorie de la vigne lue hier. Demeurons dans l’amour de Jésus pour que sa joie soit en nous et que notre joie soit parfaite. 

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