11 mai : mardi 6° semaine de Pâques. Hiérarchisation des préoccupations et victoire finale.

Ce que je retiens de la 1° lecture qui nous raconte cette libération rocambolesque de Paul et Silas, c’est le souci fraternel des missionnaires de l’Evangile. Nous avons entendu comment tous les détenus, pas seulement Paul et Silas, tous les détenus de cette prison de Philippe ont été libérés de leurs liens. On comprend la réaction du gardien qui voulait se suicider, châtiment qui lui semblait préférable à celui qu’il allait devoir endurer quand les autorités allaient découvrir la catastrophe. Paul arrive à le convaincre de ne pas le faire, car personne ne s’est évadé. Réalisant cela le gardien comprend qu’il est face à un phénomène divin qui le dépasse, il entame un dialogie avec Paul, reçoit une préparation expresse avec tous ceux de sa maison et ils sont baptisés. Tout cela se termine par un repas de joie qui se termine sûrement avant le lever du jour. Merveilleux !

Oui, merveilleux, mais que va devenir ce gardien, nouveau chrétien, au petit matin quand les responsables de la prison vont découvrir que ceux qu’il devait garder ne sont plus là ? Eh bien, chose étonnante, en lisant de près, on se rend compte que Paul et Silas sont retournés ensuite dans la prison, précisément pour que le gardien n’ait pas de problème. Et c’est là qu’au petit matin, les autorités vont ordonner la libération officielle de Paul et Silas. Mais coup de théâtre, nous n’avons pas lu ces versets et nous ne les lirons pas demain, Paul refuse de sortir en expliquant au gardien : « Ils nous ont fait flageller en public sans jugement, alors que nous sommes citoyens romains, ils nous ont jetés en prison ; et maintenant, c’est à la dérobée qu’ils nous expulsent ! Il n’en est pas question : qu’ils viennent eux-mêmes nous faire sortir ! » Paul a sûrement exigé de Silas qu’il accepte de retourner en prison avec lui pour que le gardien, nouveau chrétien, ne soit pas inquiété mais il va exiger que justice soit faite. 

Je trouve cela assez merveilleux parce que, dans tout ce passage, on voit que Paul n’est pas d’abord préoccupé par son propre sort et celui de Silas, mais il est préoccupé avant tout par celui de ce nouveau frère gardien de prison, c’est ce qui lui fait poser ce geste fou : retourner en prison pour ne pas créer de problèmes au frère. Et ensuite, au moment où il pourrait profiter de la liberté qu’on lui offre, il est préoccupé de la justice qu’il place comme un bien supérieur à sa propre liberté, c’est pour cela qu’il demande que justice soit faite. Quel bel exemple de hiérarchisation réussie des priorités !

Venons-en à l’Evangile pour lequel il faudrait avoir beaucoup de temps parce que les différentes affirmations de Jésus mériteraient toutes un bon commentaire. 

Je ne sais pas si vous vous êtes déjà arrêtés dans votre méditation sur cette déclaration que Jésus fait à ses apôtres : « il vaut mieux pour vous que je m’en aille. » Il en a de bonnes Jésus : « il vaut mieux pour vous que je m’en aille. » Eux, ils ont tout quitté pour le suivre, leur famille, leur métier, leurs amis, tout, ils ont tout quitté et voilà qu’il leur dit qu’il va les quitter et qu’il ne comprend pas pourquoi ils sont dans la tristesse et il rajoute en plus : « il vaut mieux pour vous que je m’en aille. » Moi, je comprends que les apôtres ne comprennent pas ! Du coup, dans ces versets, Jésus va essayer de les faire entrer dans la compréhension de ce qu’il veut leur expliquer et qu’il est si important qu’ils puissent comprendre pour la suite de la mission.

Jésus sait bien que des liens affectifs très forts se sont noués entre lui et ses apôtres. Parce qu’il était réellement homme, la perspective de quitter ses apôtres, ses amis avec qui il partageait tout devait lui aussi l’émouvoir et il ne pouvait pas imaginer un seul instant que cette perspective ne puisse pas troubler profondément ceux qu’il allait laisser. Mais pour Jésus, le temps est venu de préparer ses apôtres à leur mission, de les faire passer à un autre niveau. 

Les apôtres ont apprécié les liens humains qui les unissaient à Jésus, ils ont apprécié tout ce que Jésus a fait pour eux, tout le temps qu’il a passé à les former, les enseigner et aussi vivre, avec eux, dans une grande fraternité où tout se partageait. Mais ce temps va se terminer, il faut peu à peu sortir de l’affectif. C’est le temps de la foi et de la mission qui vont commencer, le temps de la mission vécue dans la foi. 

Or, pour vivre ce temps, Celui dont ils auront le plus besoin, c’est du Saint-Esprit qui reçoit ici le titre de Défenseur, de paraclet, d’avocat. Le temps de la mission va exiger que les apôtres se séparent pour annoncer l’Evangile partout. Dans cette configuration de dispersion, même si Jésus ne partait pas vers le Père, le compagnonnage humain, affectif, ne serait plus possible. Ce dont les apôtres vont avoir le plus besoin, c’est de cette force du Saint-Esprit et comme Jésus sait très bien que la mission ne sera pas simple, que les apôtres seront contestés, maltraités, trainés devant les tribunaux, il leur dit que Celui qu’il va leur envoyer sera un Défenseur, un paraclet pour eux. Le mot paraclet est intéressant, il vient du grec et signifie « celui qui est appelé auprès de. » En leur annonçant la venue du Défenseur, du paraclet, c’est donc comme si Jésus leur disait : vous ne serez jamais seuls, Il sera toujours à vos côtés pour vous défendre. Ça ne signifie pas qu’il n’arrivera rien aux apôtres, ça signifie que le Défenseur saura comment faire pour que la vérité triomphe. Voilà pourquoi Jésus peut oser dire : « il vaut mieux pour vous que je m’en aille. »

 Oui, le rôle de l’Esprit-Saint, Défenseur, paraclet, ça sera d’être toujours avec chacun de ceux qui annoncent l’Evangile pour faire triompher la vérité. C’est cela que Jésus veut dire à travers cette phrase qui a dû paraitre assez énigmatique pour les apôtres et qui le reste aussi pour nous ! « Quand le Défenseur viendra, il établira la culpabilité du monde en matière de péché, de justice et de jugement. En matière de péché, puisqu’on ne croit pas en moi. En matière de justice, puisque je m’en vais auprès du Père, et que vous ne me verrez plus. En matière de jugement, puisque déjà le prince de ce monde est jugé. » On sent bien qu’on est dans un contexte de procès au cours duquel un jugement sera rendu, c’est ce que laissent entendre ces mots : il établira la culpabilité du monde. Eh bien, dans un procès, si vous voulez bien vous en sortir, si vous ne voulez pas être broyés par une machine qui peut parfois se révéler infernale, vous avez intérêt à avoir un bon Défenseur. L’Esprit-Saint, Défenseur des évangélisateurs établira la culpabilité du monde, il montrera que le monde se trompe, il fera triompher la vérité. Même si les évangélisateurs doivent y laisser leur peau, la vérité ne sera jamais bâillonnée, le péché sera dénoncé, la justice l’emportera et le jugement sera définitif, c’est-à-dire que la victoire est acquise.

Nous comprenons un peu mieux pourquoi Jésus pouvait dire : « il vaut mieux pour vous que je m’en aille. » Nous le comprendrons un peu mieux jeudi en réalisant que ce départ de Jésus n’est absolument pas un abandon. Mais n’anticipons pas et gardons dans le cœur pour aujourd’hui que Jésus nous invite à vivre dans la foi en la puissance de l’action du Saint-Esprit qu’il nous présente comme le Défenseur sur lequel nous pourrons toujours compter et qui nous assure que, même si les événements nous semblent contraires, la victoire finale reviendra à la vérité. J’espère que nous sommes bien convaincus que c’est vrai ! Depuis le temps qu’on essaie de museler l’Evangile, depuis le temps qu’on cherche à détruire l’Eglise et que certains, du dedans essaient de la faire imploser ou la blessent très profondément par leurs comportements, oui les combats n’ont pas manqué et ils continuent. Mais, nous pouvons le constater l’Evangile poursuit sa course et chaque année les statistiques montrent qu’il y a plus de chrétiens, pas chez nous, c’est vrai, mais à l’échelle du monde, c’est la vérité, alors confiance, le prince de ce monde a été jugé, la victoire est acquise, ce n’est qu’une question de jours même si nous savons que pour Dieu, 1000 ans sont comme un jour ! 

Cette publication a un commentaire

  1. Wilhelm Richard

    De mon côté, je continuerai à rester sur votre blog. Blague à part, vos homélies sont toujours à la hauteur, à quelques heures de l’Ascension.
    Par ailleurs, en ce 11 mai, nous faisons mémoire du 40eme anniversaire du décès de
    Blog Marley, célèbre et illustre par ses reggaetion : que de pluies de grâce.

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