20 janvier : vendredi 2° semaine ordinaire. La bombe lancée par l’auteur de l’épitre aux Hébreux !

Hier, la lecture se terminait par ces paroles : « Quant au grand prêtre que nous avons, le service qui lui revient se distingue d’autant plus que lui est médiateur d’une alliance meilleure, reposant sur de meilleures promesses. » Et vous aurez remarqué que la lecture d’aujourd’hui commençait par la reprise de ces mêmes paroles, c’est dire si elles sont importantes ! Le lectionnaire liturgique avait peur que nous les ayons oubliées en 24h, donc il nous les fait ré-entendre parce qu’elles sont tellement importantes qu’il faut absolument les graver en nous.

D’abord, il faut bien comprendre que ces paroles ont dû faire l’effet d’une bombe pour ces « fameux hébreux » destinataires de la lettre : l’alliance dont Jésus, le grand-prêtre est le médiateur, c’est une alliance meilleure qui repose sur de meilleures promesses. Ça signifie que l’Ancienne Alliance et les promesses qu’elle contenait sont moins bonnes ou plutôt qu’elles trouvent leur achèvement dans l’Alliance nouvelle dont Jésus est le Médiateur. Ces paroles, qui font l’effet d’une bombe pour les hébreux, elles sont une bonne nouvelle pour nous puisque nous ne sommes pas passés par cette ancienne Alliance et que nous sommes tout de suite entrés dans ce qu’il y avait de meilleur.

L’Ancienne Alliance était déjà très belle. Vous imaginez un peu, le Dieu Tout-Puissant, créateur du ciel et de la terre, de l’univers visible et invisible proposait aux hommes de sceller un partenariat. C’est ça l’Alliance, Dieu proposait aux hommes d’être leur partenaire et même mieux qu’un partenaire, leur Allié. En principe, on cherche toujours à faire Alliance avec des forts et des puissants pour que cette Alliance puisse vous rapporter quelque chose. Par exemple quand un pays en difficulté cherche à faire Alliance avec un autre pays, il choisit un pays qui soit fort pour qu’il puisse le protéger. Mais là, Dieu étant à l’origine de la proposition d’Alliance, il n’a rien à gagner dans cette association avec les hommes. En effet, les hommes ne pourront jamais rien lui apporter qui lui manquerait. En plus, il a choisi le plus petit, le plus faible, le plus pauvre des peuples. Les Egyptiens, ils étaient très intelligents, ils avaient déjà inventé des choses formidables, les perses, ils étaient puissants, riches et sages, mais les hébreux, eux, ils n’avaient pas grand-chose à faire briller ! Eh bien, c’est ce peuple que Dieu a choisi pour faire Alliance. C’est déjà vraiment merveilleux !

Oui, c’est merveilleux, mais pourquoi l’Alliance nouvelle est-elle encore meilleure ? Ce que Dieu avait fait en choisissant ce petit peuple, c’était admirable, c’était le signe d’un amour totalement désintéressé. Mais du côté des hommes, ça va être moins brillant parce que, évidemment, les hommes n’arriveront pas à se montrer à la hauteur de l’Alliance que Dieu leur a proposé. Or, dans une Alliance, il y a toujours un code qui établit les droits et les devoirs de chacun. Dans le cas de cette Alliance, c’était la Loi, les 10 Paroles de Vie qui servaient de code ; les hébreux s’engageaient à les respecter. Nous nous rappelons leur cri enthousiaste quand Moïse leur avait expliqué à quoi ils devaient s’engager : « Tout ce que le Seigneur a dit, nous le ferons ! » Evidemment, ils n’en feront rien et Dieu sera bien chagriné par leur comportement. C’est ce que disent les paroles du prophète Jérémie citées dans la lecture d’aujourd’hui. « Eux ne sont pas restés dans mon Alliance ; alors moi, je les ai délaissés. »

Mais Dieu réagit immédiatement en regrettant ces paroles de condamnation, il se reprend en pensant que si les hommes ne sont pas restés dans l’Alliance, ça doit un peu être de sa faute à Lui.  Il se dit que ce qu’il leur avait demandé devait sûrement être trop dur pour eux, il avait mis la barre trop haute. Alors Dieu qui voulait sauver sa proposition d’Alliance réfléchit en se demandant ce qu’il pourrait faire pour que ça finisse par marcher. Et c’est là qu’il a l’idée de cette fameuse Alliance nouvelle, une Alliance bien supérieure à la première puisque, dans cette alliance nouvelle, la Loi ne s’imposera plus de l’extérieur comme un ensemble de contraintes très difficiles à appliquer. Pour cette Alliance nouvelle, Dieu imagine une loi qui serait gravée dans les cœurs. C’est-à-dire que le désir du bien serait si profondément inscrit dans les cœurs que les hommes n’auraient plus à se forcer pour l’accomplir.

Ce sont ces paroles du livre de Jérémie que cite la lecture de ce jour, je les relis parce qu’elles sont tellement merveilleuses : « Mais voici quelle sera l’Alliance que j’établirai avec la maison d’Israël quand ces jours-là seront passés, dit le Seigneur. Quand je leur donnerai mes lois, je les inscrirai dans leur pensée et sur leurs cœurs. Je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple. Ils n’auront plus à instruire chacun son concitoyen ni chacun son frère en disant : « Apprends à connaître le Seigneur ! » Car tous me connaîtront, des plus petits jusqu’aux plus grands. Je serai indulgent pour leurs fautes, je ne me rappellerai plus leurs péchés. » Une telle Alliance, ça fait rêver ! Eh bien, dit l’auteur de la lettre aux Hébreux, cette Alliance nouvelle et éternelle, elle a été scellée en Jésus-Christ. Jésus est donc bien le Grand-Prêtre qu’il nous fallait puisque cette Alliance dont tout le monde rêvait, il l’a scellée en donnant sa vie. En effet, selon le rituel, une Alliance devait toujours être scellée par un sacrifice. Eh bien, Jésus Grand-Prêtre a scellé cette Alliance nouvelle dans le plus grand et le plus beau des sacrifices qui puisse s’imaginer : le sacrifice de sa propre vie qu’il a donnée par amour pour les hommes. Mais, ça, c’est pour demain !

Quelques mots sur l’Evangile qui nous rapporte l’appel et l’institution des apôtres. Je fais juste 2 petites remarques :

1° remarque : Jésus a appelé ceux qu’il voulait, c’est ce que nous dit le texte. Personne ne l’a influencé, personne n’a fait de pression sur lui. Après avoir prié, Jésus a choisi ceux qu’il voulait. Le mot est très fort car c’est le même que dans la prière du Notre Père : « que ta volonté soit faite. » J’insiste fortement parce que ça veut dire que Jésus ne s’est trompé sur aucun d’eux, Jésus ne se trompe jamais quand il appelle ! Il ne s’est pas trompé en appelant Judas qui va le trahir, il ne va pas se tromper en appelant Pierre qui va le renier. Il ne se trompe pas non plus en appelant les autres qui l’abandonneront tous, comme le précise l’Evangile de Marc après l’arrestation à Gethsémani. Jean se reprendra vite, Pierre aussi, mais ils l’ont tous abandonné. Eh bien, j’ose affirmer que, malgré tout, Jésus ne s’est pas trompé en les appelant. Eux, ensuite, ils ont répondu de manière tordue, eux, par la suite, en certaines circonstances, ils se sont montrés tordus. Mais, lui, Jésus, quand il les a appelés, il ne s’est pas trompé. 

Je peux dire exactement la même chose en parlant de nous. Jésus ne s’est pas trompé en nous appelant. Nous, par la suite, nous avons pu répondre de manière tordue, nous, par la suite, en certaines circonstances, nous avons pu nous montrer tordus. Mais lui, il ne s’est pas trompé en nous appelant. Et, comme pour les apôtres, il ne regrettera jamais de nous avoir appelés. Il nous proposera toujours de transformer nos chutes, nos coups tordus si humiliants en autant d’occasions de plonger dans l’humilité, cette humilité qui lui permettra de déployer sa puissance dans notre faiblesse.

2° remarque : La mission des apôtres, dans cet Evangile, elle est résumée dans ces deux expressions : être avec luiet annoncer l’Evangile. « Il en institua douze pour qu’ils soient avec lui et pour les envoyer proclamer la Bonne Nouvelle. » Voilà ce qui définit un disciple de Jésus : il passe du temps avec Jésus et il annonce l’Evangile, pas seulement par des paroles, mais aussi par sa manière de vivre. C’était vrai pour les 12, ça demeure vrai pour nous aujourd’hui ! Il n’y a rien à rajouter ! Ce qui fait l’identité d’un disciple, c’est le fait qu’il vit un réel compagnonnage avec Jésus et qu’il déploie un réel enthousiasme pour évangéliser. Après, ça va se vivre de bien des manières selon notre culture, notre état de vie, selon les défis qui s’imposent à nous. La manière de vivre en disciple au Bénin, le pays du père Marc n’est pas la même que celle d’un membre de Foyer à Tressaint. Mais l’identité profonde reste la même, quels que soient les lieux, les cultures et même les états de vie : pour vivre en disciples, il nous faut être avec Jésus et évangéliser. Que l’Esprit-Saint nous donne de pouvoir vivre toujours plus cette identité de disciple et de la vivre dans une joie rayonnante.

Laisser un commentaire