24 avril : mercredi 4° semaine de Pâques. On n’enchaine pas la Parole … mais la Parole de Dieu !

Le temps pascal ne comporte que 50 jours et c’est bien dommage qu’il ne soit pas plus long car ça ne nous permet pas de lire le livre des Actes en entier. Hier nous étions dans le chapitre 11 et, aujourd’hui, la lecture commençait avec les 2 derniers versets du chapitre 12, autant dire que le lectionnaire a sauté ce chapitre 12. Même si je comprends les contraintes qui étaient celle des rédacteurs du lectionnaire liturgique, je trouve que c’est un peu dommage ! Dans le début du chapitre 12, on apprend d’abord la décapitation de Jacques, premier apôtre à donner sa vie dans le martyr. Ensuite, il y a cette évasion rocambolesque de Pierre qui cherche à se réfugier dans la maison de la maman de Marc, j’en dirai un petit mot demain et il y a cette attitude si merveilleuse d’une jeune fille quasi-inconnue du grand public, Rhodè. Dans une autre retraite que je prêche sur les grandes figures des actes, j’aime donner un enseignement sur Rhodè. Et, à la fin du chapitre 12, on apprend la mort d’Hérode, une mort terrible qui nous fait dire qu’il ne l’a pas volée !

Ça c’était quelques mots sur ce que nous n’avons pas lu. Mais il faut que je m’intéresse surtout à ce que nous avons lu parce qu’autrement vous auriez l’impression que j’avais une homélie en réserve sur le chapitre 12 et que je vous la sers puisque je n’en avais pas sur le chapitre 13 ! 

Je vais d’abord m’arrêter sur les 2 derniers versets du chapitre 12 qui ouvrait donc la lecture d’aujourd’hui : la parole de Dieu était féconde et se multipliait. Barnabé et Saul, une fois leur service accompli en faveur de Jérusalem, s’en retournèrent à Antioche, en prenant avec eux Jean surnommé Marc. 

Commençons par l’avant dernier verset qu’on appelle un sommaire qui nous donne comme une photographie de la communauté chrétienne à l’instant « t ». Ce sommaire est le plus court de tous les sommaires des Actes, mais pas le moins intéressant : la parole de Dieu était féconde et se multipliait. Je voudrais faire 2 petites remarques :

  • 1° remarque : cette mention arrive donc juste après l’évocation de la terrible mort d’Hérode dont le corps pourrit avant même qu’il ne soit mort. La voix d’Hérode était crainte, il semblait tout-puissant, obtenant tout ce que sa folie lui faisait désirer. Eh bien cette voix s’est éteinte et il en a été ainsi tout au long de l’histoire et il en sera encore ainsi. Les hommes les plus admirés ou les plus craints, leur voix finit toujours par s’éteindre. Alors que la voix de Dieu, elle, elle ne s’éteint pas, elle ne s’éteindra jamais, c’est bien ce que nous dit ce petit sommaire : la parole de Dieu était féconde et se multipliait. C’est une invitation, pour nous, à vivre dans l’espérance parce que la voix des tyrans finira par s’éteindre, certes, à l’image d’Hérode, ils auront pu faire beaucoup de mal, mais leur voix finira par s’éteindre. C’est aussi une invitation à nous attacher à la voix de Dieu, à la Parole de Dieu qui jamais ne s’éteindra La Parole des hommes, la voix des hommes, même les plus brillants, finira par s’éteindre et s’ils n’ont pas été les porte-voix de la Parole du Seigneur, leur voix finira par sombrer dans l’oubli voire l’insignifiance. Accrochons-nous donc à la Parole de Dieu.
  • 2° remarque, dans ce sommaire, contrairement à d’autres, l’auteur des Actes ne nous parle pas de la croissance de la communauté mais de la croissance de la Parole : la parole de Dieu était féconde et se multipliait. Nous avons toujours besoin de réentendre cela pour comprendre que ce qui compte le plus, ce n’est pas la croissance de nos communautés, de nos effectifs, mais ce qui compte, c’est la croissance de la Parole, c’est que la Parole puisse continuer sa course parmi nous selon la belle expression de Paul (2Th3,2). Nous pouvons connaitre des épreuves, vivre de rudes purifications, la seule question qu’il convient de nous poser, c’est la suivante : est-ce que nous restons au service de la croissance de la Parole de Dieu ? Il y a dans la 2° lettre à Timothée, cette très belle confidence de Paul qui partage à la communauté la grande épreuve qu’il est en train de traverser. Lui, le prédicateur infatigable et qui ne tenait pas en place, se trouve emprisonné. Mais voilà ce qu’il dit : « C’est pour lui, Jésus-Christ que j’endure la souffrance jusqu’à être enchaîné comme un malfaiteur. Mais on n’enchaîne pas la parole de Dieu ! » (2 Tim 2, 9). « On n’enchaîne pas la Parole de Dieu ! » On n’arrête pas la parole de Dieu et finalement, il n’y a que cela qui compte !

Dans la suite de la Lecture, il y avait cette parole si étonnante : Un jour qu’ils célébraient le culte du Seigneur et qu’ils jeûnaient, l’Esprit Saint leur dit : « Mettez à part pour moi Barnabé et Saul en vue de l’œuvre à laquelle je les ai appelés. » Quand on lit ça, on en bave d’envie ! Comme on aimerait que le St Esprit parle et travaille de manière aussi explicite avec nous ! J’imagine, par exemple, que le nonce apostolique, responsable de suggérer au pape le nom des prêtres qui pourraient être nommés évêques rêverait que l’Esprit-Saint lui dise : mets-moi à part le père untel et le père untel ! Dans toutes nos communautés, on aimerait aussi que l’Esprit-Saint nous dise : si vous voulez que telle et telle mission soient fécondes, choisissez untel et unetelle ! Mais évidemment, ça ne marche jamais comme ça !

Peut-être nous faut-il repérer ce que le livre des Actes nous enseigne, de manière très claire, pour que nos choix puissent être inspirés. En effet, le Saint-Esprit a parlé de manière claire à la communauté un jour qu’ils célébraient le culte du Seigneur et qu’ils jeûnaient. Retenons l’enseignement : les décisions se prennent aussi et d’abord dans le jeûne et la prière plus que dans des réunions qui sont, certes nécessaires, mais très insuffisantes. Après, quand on a bien pris le temps de la prière, pourquoi pas accompagné d’un jeûne qui nous décentrera, il nous faudra bien décider car il y a peu de chances que l’Esprit-Saint fasse descendre une petite pancarte sur une personne avec ces mots : c’est lui ou c’est elle ! Mais la prière et le jeûne, à n’en point douter, auront affiné notre jugement et peut-être qu’au terme du discernement, on en arrivera à la conclusion libérante : peu importe la personne qui sera choisie, sa mission ne sera féconde que si elle reste branchée sur le St Esprit !

Encore une précision, dans le livre des Actes, on voit bien que ce n’est pas parce qu’une mission vient du Saint Esprit qui a tracé la route et désigné les personnes qu’elle sera sans embûches. Mais si tout a été discerné dans le St Esprit, alors la persévérance finira par porter ses fruits.

Comme hier, de l’Evangile, je ne garde qu’une parole que nous pourrons passer repasser dans notre cœur pour qu’elle fasse en nous son œuvre : Moi qui suis la lumière, je suis venu dans le monde pour que celui qui croit en moi ne demeure pas dans les ténèbres. Eh bien, Seigneur, nous te le demandons avec foi, garde-nous dans ta lumière !

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