12 décembre : lundi 3° semaine de l’Avent. Quand Dieu parle par les ânes !

Ce texte que nous venons d’entendre dans la 1° lecture, c’est comme un monument historique ! Il faut l’écouter avec un infini respect parce qu’il nous livre la plus ancienne prophétie annonçant la venue d’un envoyé de Dieu. En effet, il n’est pas tiré du livre d’Isaïe, mais du livre des Nombres qui raconte les 40 ans de traversée du désert et l’arrivée aux portes de la Terre promise. Cette annonce, c’est donc un véritable monument historique ! 

Si nous voulons goûter cette histoire vraiment savoureuse, comme souvent, il nous faut faire un peu d’histoire ! Je l’ai dit, nous sommes dans le livre des Nombres, c’est-à-dire bien loin, très loin de la naissance de Jésus. D’ailleurs ce Balaam, quand il donne cette prophétie dit qu’il ne sait pas quand tout cela va se réaliser, il sait juste que ce n’est pas pour tout de suite. « Ce héros, je le vois – mais pas pour maintenant – je l’aperçois – mais pas de près. »Il a bien raison de dire qu’il n’est pas tout près d’arriver car la prophétie ne trouvera son accomplissement que 1200 ans plus tard ! Les prophéties d’Isaïe que nous avons entendues tous ces derniers jours, elles étaient beaucoup plus récentes puisqu’elles dataient environ de 700 ans avant Jésus-Christ. Dans ce texte, très ancien, du Livre des Nombres, nous avons donc la toute première prophétie annonçant que Dieu allait envoyer un héros qui serait comme un astre, une grande lumière, c’est donc un texte extrêmement précieux, c’est pourquoi je parlais de monument historique.

Mais, dans ce texte, ce qui est le plus étonnant, ce n’est pas que cette 1° annonce date d’aussi longtemps, le plus étonnant c’est de voir par qui elle a été transmise. Parce que ce Balaam était un personnage bien curieux. Puisqu’il prophétise, on pourrait penser qu’il est le tout premier des prophètes, eh bien, pas du tout ! Balaam, c’était un païen, un devin, un magicien qui vivait dans la région de Moab. La région de Moab, elle se trouve de l’autre côté de la Mer Morte, c’est la Jordanie actuelle, ce sont donc des territoires païens. Je vais vous raconter cette histoire, elle est un peu longue, mais tellement belle !

C’est le roi de Moab qui va faire appel à Balaam, parce qu’il connait ses dons divinatoires, il va lui confier une mission particulière. Le peuple des hébreux est sorti d’Egypte, il arrive aux portes de la Terre Promise, mais il y a encore ce territoire de Moab à traverser. Et c’est là que le roi de Moab fait appel à Balaam, ce magicien spirite pour qu’il maudisse ce peuple et que sa malédiction les bloque dans leur avancée. Pourquoi le roi demande-t-il cela ? Tout simplement parce qu’il a entendu que ce peuple qui avance vers lui est très nombreux et puissant. Le roi de Moab a donc peur que son pays soit envahi. Et. Il a d’autant plus peur qu’il a entendu dire que ce peuple avait un Dieu puissant qui combattait à ses côtés. Le roi compte donc sur les pouvoirs de Balaam pour bloquer l’avancée des hébreux en neutralisant les pouvoirs de leur Dieu et il lui promet de bien le payer pour qu’il fasse ce travail.

Mais Balaam se dit que si le Dieu des hébreux est si puissant, mieux vaut essayer d’entrer en contact avec lui pour savoir ce qu’il pense de cette mission. Inutile de se lancer tête baissée si la mission est d’avance vouée à l’échec ! Bien sûr, comme on peut s’y attendre, Dieu va demander à Balaam de refuser cette mission que le roi Balak, le roi de Moab veut lui faire accomplir.  Dieu fait tout pour permettre à son peuple de continuer son avancée pour qu’il puisse, un jour, s’installer sur cette terre qu’il veut lui donner. Balaam annonce donc aux envoyés du roi qu’il refuse, mais le roi Balak ne lâche pas le morceau comme ça ! Il avait fait apporter pas mal de cadeaux pour accompagner sa première demande, il en promet bien plus si Balaam finit par accepter. Balaam refuse toujours ! C’est alors que Dieu lui apparait pour lui demander de partir avec les émissaires sans doute pour essayer de convaincre le roi de renoncer à son projet et Dieu lui promet d’être avec lui. Mais là, on assiste à un coup de théâtre absolument imprévisible !

Au lieu de partir voir le roi, Balaam part avec les émissaires pour se rendre sur le lieu où on lui avait demandé d’aller maudire le peuple des hébreux. Il a sans doute changé d’avis à cause des grosses sommes d’argent qui lui étaient promises ! Alors, Dieu n’est pas content, il va faire en sorte que cet homme ne puisse pas jeter un sort sur son peuple. 

Est-ce que Dieu a peur des sorts, évidemment non, mais il a peur que Balaam se perde en jouant avec le feu ! Du coup, il envoie un ange barrer la route. Mais Balaam ne voit pas l’ange, par contre, chose étonnante, l’ânesse qui le porte, voit très bien cet ange qui lui barre la route, elle refuse donc d’avancer. Balaam la frappe pour la forcer à avancer, il doit coûte que coûte aller maudire ce peuple. Mais, de manière très tonnante, malgré les coups, l’ânesse refuse toujours d’avancer ! C’est là qu’il se produit un miracle peu fréquent : Dieu va donner la parole à cette ânesse pour qu’elle puisse expliquer à Balaam que si elle n’avance pas, c’est pour une raison bien précise et qu’il ferait bien de s’interroger sur cette raison. Balaam comprend que ses ennuis viennent du fait qu’il n’a pas obéi à Dieu, ses yeux s’ouvrent enfin, alors il voit l’ange qui barre la route et prend la résolution d’obéir désormais à Dieu et à Dieu seul.

Du coup, l’Ange lui dit : c’est bon, tu vas pouvoir avancer, mais puisque tu décides d’obéir à Dieu, tu ne feras pas ce que le roi de Moab t’a demandé de faire et de dire contre le peuple des hébreux qui est le peuple de Dieu. Et voilà que, au lieu de maudire, Balam va bénir ce peuple et prononcer cette prophétie que nous avons entendue dans la 1° lecture, prophétie qui est donc la plus ancienne des prophéties annonçant la venue d’un héros à la royauté puissante qui se levera sur son peuple comme se lève un astre. Merveilleuse histoire ! La Bible en contient comme ça, quelques-unes, qui sont très savoureuses, mais pour les goûter, il faut connaître un peu le contexte et lire entre les lignes, c’est pour cela que j’ai voulu prendre le temps de vous la raconter ! Comme vous pouvez le constater ce n’est pas La Fontaine en écrivant ses fables qui a eu le premier l’idée de faire parler des animaux pour donner des leçons aux hommes, c’est la Bible ! Dieu est toujours en avance sur les hommes !

N’en restons pas à l’anecdote, la Bible n’a pas été écrite comme un livre de belles histoires. Accueillons cette histoire comme une invitation à la docilité à l’égard de Dieu. Nous avons vu que Balaam avait de la bonne volonté, il ne voulait pas désobéir à Dieu, mais il s’est repris, sans doute attiré par la richesse et a fini par faire l’inverse de ce que Dieu lui demandait. Ça a beaucoup contrarié Dieu qui a dû utiliser les grands moyens pour le rendre docile à sa volonté en faisant parler cette ânesse. Ne contrarions pas Dieu, ne nous laissons pas attirer par ce qui brille, rendons-nous dociles à la volonté de Dieu. N’obligeons pas Dieu à prendre les grands moyens pour que nous acceptions de nous convertir, pour que nous nous rendions enfin dociles à sa volonté. Ecoutons-le même quand il semble nous parler à travers des personnes que nous considérons comme des ânes !

Juste un mot sur l’Evangile, hier, je disais qu’il ne fallait pas avoir peur de poser nos questions à Jésus, qu’il nous accueillerait toujours et là, voilà un démenti : Jésus refuse de répondre à la question des grands prêtres et des anciens ! En fait, vous entendez bien que la question de ces notables n’a rien à voir avec la question de Jean-Baptiste. Eux, ils veulent polémiquer, Jean-Baptiste appelait au secours, ce n’est pas pareil. Quand tu appelleras au secours, il sera là, par contre, si tu veux polémiquer, il n’entrera pas dans ton jeu. Ça me rappelle cette histoire du curé d’Ars, un jour, un philosophe athée se retrouve à Ars, trainé par un ami. Le curé d’Ars le repère et lui dit : venez vous confesser, mon ami ! L’homme lui dit, je ne suis pas croyant, je suis venu pour philosopher avec vous ! Le curé d’Ars lui répond : je n’entends rien à la philosophie, mettez-vous à genoux et confessez-vous ! Au bout d’un moment, l’homme va céder, il se confessera, mais très froidement. Il est frappé de voir le curé d’Ars pleurer à chaudes larmes, il lui demande : pourquoi pleurez-vous ? Je pleure parce que vous, vous ne pleurez pas ! L’homme est complètement bouleversé et entre dans un vrai repentir qui transforme sa vie.

Jésus n’est pas venu pour philosopher, même s’il aime bien les philosophes, Jésus n’est pas venu pour polémiquer, il est venu sauver. Si tu veux être sauvé, na vas pas philosopher avec Dieu, entre nous, il peut être bon de philosopher, c’est-à-dire de parler en ayant réfléchi à ce qu’on dit, mais avec Dieu, ne philosophe pas, vas le voir et pleures ta misère où la misère qui s’abat sur toi, va vers lui, il ne te repoussera jamais ! 

Si tu croises des personnes qui pleurent leur misère ou la misère qui s’abat sur eux conduis-les à Jésus, au moins en les présentant à Jésus dans ta prière. Demande à l’Esprit-Saint de t’inspirer comment tu pourrais les aider à faire cette rencontre avec Jésus qui pourrait tout changer dans leur vie pas forcément en réglant tous leurs problèmes mais pour qu’ils puissent rencontrer Celui qui ne cesse de vouloir venir à nos côtés pour porter avec nous ce qui nous écrase quand nous sommes seuls pour le porter.

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