Qui d’entre nous ne s’est pas un jour retrouvé un peu perdu en ne sachant plus bien quel chemin, quelle décision, il devait prendre ? Alors, à l’écoute de la 1° lecture, nous pourrions devenir un peu jaloux car le Seigneur disait à son peuple : Voici le chemin, prends-le ! Entendant cela, nous pourrions avoir envie de dire au Seigneur : Et moi, pourquoi tu ne me montres pas plus souvent le chemin ? Pourquoi je suis si souvent ou en tout cas au moins de temps en temps dans le brouillard ? Vous l’aurez compris ce questionnement nous plonge au cœur de cet art difficile qu’est le discernement : comment choisir, comment bien choisir ?
D’abord, si vous avez écouté attentivement, ils sont très étonnants les mots qui suivent immédiatement la parole du Seigneur que je citais : Voici le chemin, prends-le ! Et cela, que tu ailles à droite ou à gauche ! On a l’impression qu’il y a comme une contradiction entre ces deux parties de phrase et on aurait envie de demander au Seigneur : si tu me montres le chemin, comment peux-tu me proposer d’aller à droite ou à gauche en me laisser entendre que, finalement, ça n’a pas aussi grande importance que ça ?
D’abord soyons clairs, le Seigneur ne veut pas nous laisser croire que tous les chemins se valent : il y a des chemins qui conduisent à plus de vie et d’autres qui conduisent à moins de vie quand ce n’est pas carrément la mort ! Rappelons-nous cette belle parole du Deutéronome au chapitre 30 : vois, je mets devant toi, la vie et le bonheur, la mort et le malheur, choisis. Aux yeux du Seigneur, c’est donc très clair, il y a des choix qui me permettent d’avancer sur le chemin qui conduit à plus de vie, de bonheur et d’autres choix qui me font avancer sur le chemin qui conduit à la mort et au malheur. Tous nos choix ont des conséquences pour nous mais aussi pour notre entourage car chacun de nous ne vit pas isolé sur une île déserte ! Donc, soit on va vers du plus, soit on va vers du moins et il faut bien savoir que, pour une part, on entrainera les autres avec nous ! Il est important de mesurer cette responsabilité : nos choix n’ont pas des conséquences que pour nous.
Voici le chemin, prends-le ! Et cela, que tu ailles à droite ou à gauche ! Alors voilà comment je comprends cette parole : ce que le Seigneur nous propose, c’est de marcher avec Lui. Finalement, c’est ça le bon chemin, où que nous allions, le bon chemin, c’est de marcher avec lui. Qu’on aille à droite ou à gauche, peu importe, on sera toujours sur le bon chemin si c’est vraiment avec lui que nous marchons. Et je trouve que c’est vraiment très beau, au moins pour deux raisons.
- 1° raison : si on marche vraiment avec Lui, il y a des chemins qu’on ne voudra plus prendre parce qu’on sait que, sur ces chemins, le Seigneur ne pourra pas nous accompagner. Jamais il ne pourra nous accompagner sur le chemin de l’égoïsme, du rejet, du jugement, de la calomnie, du péché … Il pourra venir nous chercher si nous sommes égarés sur ces chemins, si nous tombons au bord de ces chemins et que nous crions vers Lui. Oui, il viendra nous chercher, tel le bon berger qui va à la recherche de la brebis perdue, mais les chemins du mal ne sont pas ses chemins. Ne nous étonnons donc pas de rencontrer des problèmes quand nous nous y fourvoyons ! « Voici le chemin, prends-le ! » c’est donc une invitation ferme à ne plus nous égarer … parce que le Seigneur sait que sur ces chemins qui nous attirent mais sur lesquels il ne peut nous accompagner, nous en ressortirons toujours égratignés, voire profondément blessé. « Voici le chemin, prends-le ! » et sois résolu à sortir de ces chemins qui te mènent à des impasses.
- L’autre raison pour laquelle, cette Parole est une Bonne Nouvelle, c’est qu’elle nous rend notre liberté. On a trop souvent parlé d’une manière assez « enfermante » de la volonté de Dieu, du projet de Dieu sur nous. Comme si Dieu avait écrit tous les détails de notre vie et qu’il nous faudrait, à chaque instant, trouver le chemin qu’il a prévu. Et tout cela en sachant que prendre le bon chemin, c’est le gage du bonheur et que ne pas le prendre ou ne pas le trouver, c’est l’assurance du malheur ou au moins de pas mal de galères. Se représenter ainsi la volonté de Dieu, c’est terriblement paralysant, je vais sans arrêt être en train de me demander : suis-je sur le bon chemin ?
Et, quand il m’arrivera des problèmes, je risque de tout remettre en question … alors que les problèmes peuvent être simplement liés à la vie, à mon entourage, parfois aussi à moi et à mes entêtements ou encore être le signe que je suis dans un combat spirituel.
« Voici le chemin, prends-le ! Et cela, que tu ailles à droite ou à gauche ! » Encore une fois, le bon chemin, c’est quand je décide de marcher avec le Seigneur et après peu importe que je décide de devenir plombier, professeur ou moine ! Il n’y a pas un seul chemin sur lequel le Seigneur promettrait d’être avec moi et tous les autres où il me promettrait de manger de la vache enragée si jamais je les prenais ! Non ! Si j’ai répondu au désir profond de mon cœur et si je choisis de marcher toujours avec le Seigneur, le chemin que je prendrai sera le bon chemin et cela que j’aille à droite ou à gauche !
Avant de venir ici, j’étais dans les Foyers de charité. Il y a une anecdote de la vie de Marthe Robin qui me semble parfaitement illustrer cela. Un prêtre arrivait à l’âge de la retraite. Il avait l’habitude de rencontrer Marthe, il va la voir pour lui parler de son avenir. Il lui dit qu’il est un peu perdu parce qu’on lui fait plusieurs propositions et qu’il ne sait laquelle choisir, il lui dit : « Je ne sais pas où est ma place ! » Et Marthe lui répond à peu près ceci : « Mon Père, comment pouvez-vous dire que vous ne savez pas où est votre place ? Votre place, elle est dans le cœur de Dieu ! » Quelle magnifique réponse ! C’est comme si Marthe lui disait : peu importe ce que vous choisirez, ce qui compte, c’est que dans ce que vous choisirez vous décidiez de rester dans le cœur de Dieu. Merveilleuse réponse de Marthe qui illustre parfaitement la Parole du Seigneur rapportée par le prophète Isaïe : « Voici le chemin, prends-le ! Et cela, que tu ailles à droite ou à gauche ! »
Oui, notre vraie place à chacun, elle est dans le cœur de Dieu, le bon chemin, c’est de décider de marcher avec Lui. Chaque fois que nous reviendrons à cette vérité fondamentale, nous retrouverons paix et joie et par la même occasion, nous retrouverons le bon chemin !
C’est vraiment une très bonne nouvelle que nous apportait cette 1° lecture, hélas, cette bonne nouvelle, il n’y a pas assez d’ouvrier pour l’annoncer. Les mauvaises nouvelles, les fake-news, il ne manque jamais de personnes pour les relayer, mais pour annoncer la Bonne Nouvelle, il manque terriblement d’ouvriers pour l’annoncer. C’est pour cela que Jésus disait dans l’Evangile : priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. C’est pour cela que notre évêque a écrit une lettre pastorale sur les vocations.
Par l’intercession de Notre Dame de Laghet demandons au Seigneur d’envoyer des ouvriers à sa moisson, des ouvriers qui puissent annoncer, par des paroles mais aussi et surtout par le témoignage de leur vie que lorsqu’on décide de marcher avec le Seigneur, c’est toujours vers le bonheur que l’on marche quelles que soient les difficultés du chemin.