12 juin : Dimanche fête de la Sainte Trinité. Croire pour comprendre !

Imaginez, le soleil brille, il fait une chaleur étouffante, deux personnes sont au bord de l’eau est qui est à plus de 25°(… vous avez déjà compris qu’on n’est pas en Bretagne !), l’eau est magnifique avec des reflets turquoise. Evidemment, vous vous attendez à ce que je vous décrive maintenant le plongeon et la baignade de ces deux personnes, eh bien, ce n’est pas possible parce que, en fait, il n’y en a qu’une qui se baigne et qui manifestement trouve son bonheur dans ce bain si bienfaisant, tellement bien faisant qu’elle appelle l’autre en lui demandant pourquoi elle ne plonge pas. Et l’autre de répondre : attends, je ne peux pas, pour le moment je réfléchis ! Alors évidemment, celle qui est dans l’eau demande : et à quoi tu réfléchis ? Et voilà la réponse étonnante : je réfléchis à la composition de l’eau, je me rappelle que c’est deux atomes d’hydrogène qui entoure un atome d’oxygène, mais je ne me rappelle plus comment ils tiennent ensemble, et je ne voudrais pas qu’une fois rentré dans l’eau ils se dissocient et que l’eau se désagrège ! Quand j’aurai compris comment ça tient, c’est promis, je te rejoins ! Et voilà que la personne qui cogite, cogite de plus en plus, tourne sur la plage, transpire, se gratte le front, s’assied, se lève et finalement dépité quitte la plage sans avoir profité de l’eau pendant que l’autre savoure les bienfaits de cette eau aux propriétés si bienfaisantes par le temps qu’il fait ! 

Cette parabole, fabrication maison, il me semble qu’elle peut caractériser deux attitudes possibles face au mystère de la Trinité que nous célébrons aujourd’hui. Il y a ceux qui veulent absolument comprendre comment ça tient les 3 personnes en un seul Dieu et qui transpirent sans beaucoup avancer dans leur compréhension. Et puis, il y a ceux qui se cassent moins la tête et qui se contentent de ce qu’ils ont compris de la Trinité en suivant une retraite avec le Père Roger qui aime donner cette définition simple de la Trinité que donnant, en son temps, St Augustin : le Père, c’est Celui qui aime, le Fils, c’est Celui qui est aimé et le Saint-Esprit, c’est l’Amour. Eux, ils ont donc compris que la Trinité n’était pas un problème à résoudre, mais un mystère d’Amour dans lequel nous étions invités à plonger. 

C’est le philosophe Gabriel Marcel qui a magnifiquement expliqué la différence entre un problème et un mystère. Le problème, disait-il est comme un obstacle qui me barre la route qui m’empêche d’avancer et il faut que j’arrive à le résoudre pour aller plus loin. On imagine le drame que vivent ceux qui considèrent Dieu, la Trinité, comme un problème puisque, si l’on en croit le philosophe, alors ça signifie que Dieu leur barre la route et les empêche d’avancer. Or, comme ils ne pourront jamais tout comprendre, ils passeront leur vie en étant perpétuellement insatisfaits comme cette personne au bord de l’eau qui n’ose pas plonger parce qu’elle n’a pas compris comment les deux atomes d’Hydrogène entourant l’atome d’oxygène peuvent tenir ! Dieu n’est pas un problème, il serait plutôt la solution ! La trinité n’est pas un problème mais un mystère d’amour dans lequel il me faut entrer et plus j’y entrerai, plus j’entrerai dans une connaissance approfondie de Dieu. Vous aurez bien remarqué que je ne parle pas de savoir, de comprendre, mais de connaître.

C’était un peu le reproche qu’avait fait Jésus à Nicodème qui était un grand intellectuel juif, membre du grand conseil et qui était venu l’interroger sur la vie spirituelle.  Il lui dit : tu es un maître qui enseigne Israël et tu ne connais pas ces choses-là ? Nicodème enseignait sans doute un peu trop Dieu aux autres comme on enseigne l’art de résoudre un problème, c’est pourquoi Jésus veut l’obliger à vivre un déplacement. Il l’invite à quitter le terrain du savoir, de la compréhension intellectuelle, pour entrer dans celui de la connaissance qui se vit d’abord dans la relation. Je peux savoir beaucoup de choses sur une personne sans la connaître vraiment. Pour la connaître, il faudra que j’entre en relation avec elle. 

Ainsi en va-t-il avec Dieu : trop de personnes se cantonnent à savoir des choses sur lui sans chercher à le connaître, à entrer en relation avec Lui. Trop de personnes, parce qu’elles ne comprennent pas tout, décident que Dieu est un problème trop compliqué et finalement inutile. Ah si elles acceptaient de quitter ce terrain-là pour chercher à entrer dans la connaissance, dans la relation, tout pourrait changer dans leur vie. Mais pour cela, il faut accepter de plonger. Tant que je reste au bord à réfléchir, tant que je refuse de plonger en prétextant qu’il y a trop de zone d’ombre, je ne pourrai pas goûter. Et comme c’est triste de voir tous ceux qui restent au bord et qui ne plongent pas dans cet océan d’amour, qui ne profitent pas de l’amour bienfaisant qu’est l’amour trinitaire de notre Dieu.

Nous l’avons entendu dans l’Evangile, celui qui peut nous aider à plonger dans cet océan de l’amour trinitaire, c’est le Saint-Esprit parce que c’est précisément lui qui nous fait entrer dans la connaissance de Dieu, par deux fois Jésus l’a dit dans l’Evangile que nous avons entendu, je le cite : L’Esprit-Saint vous conduira dans la vérité tout entière et ce qui va venir, il vous le fera connaître et encore L’Esprit reçoit ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. C’est bien pour cela que nous fêtons la Sainte Trinité le dimanche après la Pentecôte, c’est parce que c’est l’Esprit-Saint qui nous fait connaître l’amour et qui nous permet de plonger dans le mystère d’amour. Tout ce que je viens de dire n’est pas une dévalorisation du savoir, comme s’il n’était pas important de réfléchir, de se former. Mais il faut mettre les choses dans le bon ordre et c’est Saint Augustin qui nous aide à le faire, il reprend une parole souvent entendue, je le cite : « Je veux comprendre, dis-tu, pour croire » Oui, c’est vrai bien des gens disent quand j’aurai compris, je croirai, je plongerai ! Eh bien, voilà ce qu’Augustin leur répondait : « Et moi, je te dis crois pour comprendre ! Car le prophète Isaïe dit : « Si vous ne croyez, dit-il, vous ne comprendrez pas » 

C’est donc la foi qui ouvre la porte à une compréhension plus grande du mystère ; plus j’entre dans le mystère, plus je goûte à l’amour de Dieu et plus je progresse dans la connaissance. Nous en avons tous fait l’expérience : nous pouvons largement être plus touché par le témoignage de quelqu’un de simple qui nous partage sa rencontre avec le Seigneur que par l’enseignement d’un grand théologien qui décortique froidement les grandes vérités de la foi ! Ceci dit, il y en a qui savent allier les deux : une connaissance du cœur et une réflexion intellectuelle puissante parce que nourrie par cette connaissance du cœur, le Père Cantalamessa que je cite si souvent fait partie de ces personnes. Il est donc urgent que dans tous nos lieux d’Eglise, on offre la possibilité de faire cette expérience d’un plongeon bienfaisant dans l’amour de Dieu. Nos Foyers de Charité sont des lieux privilégiés pour vivre cette expérience, mais chaque paroisse doit aussi le devenir. Le pape François ne se lasse pas de demander à chaque chrétien de devenir un disciple-missionnaire. Mais ce n’est pas en avalant le Catéchisme de l’Eglise Catholique qu’on deviendra un disciple-missionnaire ! En son temps le pape Paul VI écrivanit ces lignes qui n’ont rien perdu de leur actualité : « Le monde contemporain qui, paradoxalement, malgré d’innombrables signes de refus de Dieu, le cherche cependant par des chemins inattendus et en ressent douloureusement le besoin, le monde réclame des évangélisateurs qui lui parlent d’un Dieu qu’ils connaissent et fréquentent comme s’ils voyaient l’invisible. »

En cette fête, demandons au Saint-Esprit de nous faire plonger encore et toujours plus dans cet océan d’amour qu’est l’amour trinitaire pour que nous devenions ces disciples-missionnaires capables de parler de ce Dieu que nous connaissons et fréquentons avec tellement d’enthousiasme que tous ceux qui nous verrons vivre aient soif d’être conduits à cette source d’amour.

Cette publication a un commentaire

  1. Wilhelmrichard747@yahoo.fr

    Votre parabole me fait tellement transpirer que je suis entouré d’ eau.
    Je suis alors obligé de plonger dans le bonheur de Dieu.
    Dieu viens à mon aide, Seigneur à notre secours !

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