14 octobre : vendredi 28° semaine ordinaire Quand Dieu a le projet fou de passer ses vacances dans ton coeur !

Dans la 1° lecture, qu’est-ce que j’aime entendre cette déclaration de Paul :  Frères, dans le Christ, nous sommes devenus le domaine particulier de Dieu. Un domaine, ce n’est pas rien, ce n’est pas un petit lopin de terre, un petit jardinet versaillais ! Non, un domaine, c’est conséquent, c’est précieux comme ces grands domaines qui donnent ces si grands vins de Bourgogne avec le clos de Vougeot, Pommard, Volnay et tant d’autres, ou ces domaines du Bordelais portant les noms de châteaux réputés que je n’ose même pas citer parce que les citer dans cette maison où on boit si peu de vin finirait par s’apparenter à de la torture psychologique ! Aux yeux de Dieu, chacun de nous est aussi précieux que ces domaines prestigieux que je viens d’évoquer. Vous entendez, c’est chacun de nous qui est aussi précieux que ces domaines peuvent l’être pour leurs propriétaires et pour les amateurs éclairés de vin ! :  Frères, dans le Christ, nous sommes devenus le domaine particulier de Dieu.

Peut-être que lorsque je dis chacun de nous est précieux comme un domaine, il y en a qui ont du mal à me croire, à croire que ce que Paul dit est vrai. Ils pensent que c’est sans doute vrai d’untel et d’une telle qui semblent être tellement plus avancés sur la voie de l’amour, du don de soi, bref de la sainteté. Lui, elle, oui sans doute, mais moi ? Quel plaisir le Bon Dieu pourrait-il à se promener dans le domaine que je suis ? Quelle fierté pourrait-il avoir devant le domaine que je suis ? Eh bien, non, Paul ne s’est pas trompé, chacun de nous et nous tous ensemble, nous sommes ce domaine, ces domaines que Dieu aime tant visiter. Si vous en doutez, j’aimerais compléter cette parole de la lettre aux Ephésiens pas ce passage d’Isaïe 66,1 sur lequel je suis tombé il y a quelques temps et qui m’a bouleversé : « Le ciel est mon trône, et la terre, l’escabeau de mes pieds. Où donc me bâtiriez-vous une maison ? Où serait le lieu de mon repos ? Tout cela, c’est ma main qui l’a fait, et tout cela est à moi. »

Dans ce passage, nous assistons à un monologue de Dieu, c’est comme si le prophète recevait ce privilège d’écouter Dieu qui se parle à lui-même. Et il nous transmet ce qu’il a entendu. Pour bien comprendre, et surtout pour savourer cette Parole, il faut se remettre dans le contexte. Nous sommes au retour de l’Exil, le Temple a été rasé et le roi ainsi que le peuple décident de le reconstruire. Et on assiste au même scénario que lors du projet de construction du 1° Temple quand David a fait part de son projet à Dieu par le prophète Nathan. Dieu n’a pas applaudi ! J’ai commenté ce texte dans un de mes enseignements. Eh bien, là, rebelote, au lieu de féliciter le roi et le peuple pour ce projet généreux, voilà ce que Dieu dit : « Le ciel est mon trône, et la terre, l’escabeau de mes pieds. Où donc me bâtiriez-vous une maison ? Où serait le lieu de mon repos ? Tout cela, c’est ma main qui l’a fait, et tout cela est à moi. » Dieu semble dire : ne vous cassez pas la tête, vous n’arriverez jamais à faire une maison digne de moi, jamais ce que vous, vous prévoyez de construire ne sera à la hauteur de ce que moi, j’ai créé. Le ciel est mon trône, et la terre, l’escabeau de mes pieds. Où donc me bâtiriez-vous une maison ?  

Et alors, c’est très beau parce que finalement, Dieu se reprend en disant : si, quand je réfléchis, il y a un lieu où j’aimerais habiter, il y a un lieu où j’aimerais prendre mon repos. Et, c’est là que la réponse de Dieu est admirable, à nous couper le souffle tellement c’était imprévisible ! Vous connaissez sans doute le texte, il dit : le lieu que je choisis pour mon repos, c’est le cœur humilié qui tremble à ma Parole. Is 66,2 Le Temple majestueux ne l’attire pas plus que ça, par contre un cœur humilié qui tremble à sa Parole, alors, là, oui, il rêve d’en faire sa demeure. 

Un cœur humilié, c’est le cœur de quelqu’un qui ne réussit pas tout, qui n’est pas exemplaire en tout. Ce cœur-là, Dieu l’aime tellement qu’il veut en faire son domaine, le lieu de son repos pour peu que ce cœur tremble à sa Parole. 

Comprenons-nous bien, il ne s’agit pas d’un cœur qui tremble de peur, non, Dieu parle d’un cœur qui tremble d’émotion à la pensée que nos misères jamais ne le repoussent mais qu’elles sont, au contraire, comme des paratonnerres qui attirent sa miséricorde. Quand je vous disais que la Parole de la lettre aux Ephésiens était pour tous, elle est vraiment pour tous, du moins tous ceux qui, conscients de leur misère ont soif de miséricorde.

C’est vraiment inouï, le seul endroit dont Dieu rêve pour prendre son repos, ses vacances, ce n’est pas un hôtel de luxe avec tout le confort, c’est ton cœur, mon cœur repentant. Si le pape François téléphonait à l’un d’entre nous pour lui dire : je ne prends habituellement jamais de vacances, mais, là, j’ai décidé d’en prendre et c’est chez toi que je veux passer mes vacances ! Nous ne serions pas peu fiers ! Si c’était votre évêque qui vous téléphonait pour vous le dire, peut-être que ça vous amuserait moins ! Mais le pape qui décide de venir en vacances chez moi, c’est tellement improbable que vous en êtes fous de joie d’autant plus que vous savez qu’il n’est pas compliqué et se contente de peu. Eh bien, ce que nous dit Isaïe, c’est encore mieux puisqu’il nous dit que c’est Dieu lui-même qui veut prendre son repos chez nous, chez chacun de nous. Et les seuls préparatifs à faire pour le recevoir, c’est justement de préparer notre cœur, ne pas cacher l’humiliation de nos péchés récurrents et espérer en sa miséricorde inépuisable en tremblant de joie à l’idée que jamais il ne nous la refusera à nous et qu’il nous a choisis pour la distribuer si largement. 

En cette fin de retraite, gardons vraiment cette parole de Paul éclairée par celle d’Isaïe. Quand nous retomberons, quand nous serons fatigués de constater que c’est bien vrai, le salaud il savait nager, rappelons-nous cette si belle Parole de consolation : Frères, dans le Christ, nous sommes devenus le domaine particulier de Dieu.

En début de retraite, je partageais à mes frères prêtres ce si bon conseil que je venais de lire pour réussir à faire une bonne homélie. L’auteur disait qu’il y a 3 conditions pour que l’homélie soit bonne :

1/ Avoir quelque chose à dire

2/ Le dire

3/ Quand on l’a dit s’arrêter ….eh bien, c’est ce que je fais parce que j’ai dit ce que j’avais à dire ou plutôt ce que l’Esprit-Saint m’a soufflé de vous dire !

Cette publication a un commentaire

  1. Adéline

    Amen !
    Bonne fête de ste Thérèse d’Avila, domaine particulier de Dieu au même titre que chacun d’entre nous !

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