15 août : Assomption de la Vierge Marie Notre Dame de tout remède, prie pour nous !
Je célèbre en cette fête du 15 août un « pardon » en Bretagne à Rumengol, dans un site très populaire en Bretagne. Cette homélie est largement inspirée par l’histoire de ce site !
Je n’ai pas souvent entendu de sermon qui m’ait plu sur la Sainte Vierge ! Ce n’est pas moi qui vous livre cette confidence, mais Ste Thérèse de Lisieux ! C’est ce qu’elle a confié à sa sœur Agnès quand elle était à l’infirmerie, au soir de sa vie. Voilà une confidence qui met la pression sur les prédicateurs ! Mais ce qui va être très intéressant, c’est l’explication qu’elle donne : J’ai entendu dire tant de choses sur la Sainte Vierge que cela la rend inabordable, alors qu’il faudrait la rendre imitable parce que la Vierge Marie est plus Mère qu’elle n’est Reine.
Il y en a un qui s’y entend pour rendre la Vierge sinon imitable du moins abordable et même très abordable, c’est le pape François. Et s’il parvient aussi bien à la rendre abordable, c’est précisément parce que, selon le vœu de Thérèse, il la présente comme Mère. Le 5 août, en plein cœur des Journées Mondiales de la Jeunesse, il avait tenu à se rendre à Fatima et, là-bas, il a prononcé de très belles paroles, très simples, comme à son habitude, des paroles qui rendent la Vierge Marie vraiment abordable. Je le cite parce que ses paroles sont un très beau commentaire de l’Evangile que nous avons entendu et elles rejoignent tellement bien le sens de notre présence ici, au pardon de Rumengol. Voilà ce que disait le pape : Nous sommes ici, en pèlerinage, sous le regard maternel de Marie. Le pèlerinage est précisément une caractéristique mariale, car la première à se rendre en pèlerinage, après l’annonce de l’Ange, fut Marie. Dès qu’elle entendit que sa cousine Elisabeth était enceinte, alors qu’elle qui était déjà bien avancée en âge, Marie se mit en route en toute hâte. L’Évangile dit : « elle est partie en hâte. » Les titres de Marie sont nombreux, mais en y réfléchissant, nous pourrions aussi dire : Notre-Dame qui arrive en courant, chaque fois qu’il y a un problème. Chaque fois que nous l’invoquons, elle n’est jamais en retard, elle vient, elle se dépêche, « Notre-Dame de toute hâte ». Elle se hâte de venir près de nous parce qu’elle est Mère.
J’aime beaucoup cette conclusion du pape : elle se hâte de venir près de nous parce qu’elle est Mère. Assurément, ce sont des paroles qui auraient plu à Thérèse de Lisieux. Et, si un jour, le pape François venait à Rumengol, sans doute pourrait-il les reprendre presque mot pour mot. En effet, ici, parce que la Vierge est invoquée sous le patronyme de Notre Dame de tout remède, on peut dire qu’elle est cette Mère pressée, très pressée d’apporter son secours, ses remèdes à tous ses enfants malades.
En me documentant, j’espère que mes sources étaient bonnes, j’ai découvert que cette appellation avait été donnée parce que ce lieu était un ancien lieu druidique. Ici, jadis, des druides, à l’image de Panoramix, le plus célèbre d’entre eux, composaient des potions magiques censées soigner, guérir, fortifier. Quand le lieu a été christianisé, il sera consacré à la Trinité, mais aujourd’hui, ce n’est pas directement le thème et à Notre Dame de tout Remède. J’imagine volontiers que cette appellation a été choisie parce que les missionnaires qui ont christianisé ce lieu ont voulu montrer que les remèdes que la Vierge Marie offrait étaient bien plus sérieux et efficaces que ceux des druides. Mais quels sont-ils ces remèdes que Notre Dame de tout remède tient à la disposition de tous ceux qui viennent l’invoquer ? Je crois qu’on peut enlever le pluriel et parler du remède qu’elle tient à notre disposition, ce remède, c’est Celui qu’elle tient dans ses bras, Jésus !
Nous avons besoin de remède parce que nous sommes malades, notre monde est malade, particulièrement nos sociétés occidentales. Elles sont malades parce qu’elles ont décidé de tourner le dos à Jésus, soi-disant pour se libérer du carcan de la foi, de l’emprise de l’Eglise. Mais quand on voit le résultat, peut-on vraiment parler de libération ? J’avais été très touché par la tribune publiée par la fille d’un pasteur américain après une énième fusillade aux Etats-Unis qui avait fait de nombreux morts. A la suite de cet événement, évidemment, tout le monde se posait cette question : mais comment Dieu a-t-il pu laisser une telle horreur se produire ?
Voilà sa réponse : Je crois que Dieu a été profondément affligé par tout cela, au moins autant affligé que nous, mais depuis des années, nous lui avons demandé de quitter nos écoles, de quitter nos gouvernements et de quitter nos vies. En tant que gentleman, Dieu s’est calmement retiré.
Une femme a commencé à militer pour que nous ne fassions plus la prière dans les écoles, nous avons dit OUI et il n’y a plus eu de prière. Puis un autre a dit que nous ne devrions plus lire la Bible à l’école, cette même Bible qui enseigne « Tu ne tueras point, tu ne voleras point, et tu aimeras ton prochain comme toi-même » et, nous avons dit OUI, la Bible n’a plus été lue ! Maintenant, nous nous questionnons : mais pourquoi nos enfants n’ont-ils pas de conscience, pourquoi ne connaissent-ils pas la différence entre le bien et le mal, pourquoi peuvent-ils sans émotions tuer des étrangers, des parents ou se tuer entre eux ? Probablement qu’à force de profondes réflexions, nous en viendrons à la conclusion que c’est la conséquence de ce grand principe : on ne récolte que ce qu’on a semé ! C’est étonnant de voir à quel point il a été simple pour les gens de rejeter Dieu et de se demander ensuite pourquoi le monde est devenu un enfer.
Alors, bien sûr, ces paroles ont été prononcées aux Etats-Unis qui ne connait pas le principe de laïcité, mais le constat reste quand même pertinent : sous prétexte de vouloir se libérer, le monde a rejeté Dieu et maintenant il s’étonne, qu’en tant de lieux, les hommes vivent un enfer. C’est donc parce que le monde est bien malade que Notre Dame de tout remède nous tend Jésus et Jésus, c’est vraiment le remède par excellence, le seul remède capable de nous guérir et de guérir notre monde. Notre Dame de tout remède nous tend le remède à nous qui sommes là en ce jour pour que nous le prenions car nous sommes les premiers à en avoir besoin. Avec un peu de lucidité, nous ne pouvons que reconnaître que notre cœur est malade. Comme le reconnait St Paul : le mal que nous ne voudrions pas faire, nous le faisons trop souvent et le bien que nous voudrions faire, nous ne le faisons pas assez souvent ! Nous, les premiers, nous avons besoin de rencontrer Jésus qui est le remède que Notre Dame de tout remède ne cesse de nous tendre en nous suppliant de prendre ce remède si bienfaisant.
C’est pour cela que nous sommes venus à ce pardon, c’est même pour cela qu’ont été inventés les pardons, pour que le pardon du Seigneur vienne guérir nos cœurs malades. En effet, à chaque fois que nous accueillons Jésus, c’est l’amour que nous accueillons, un amour qui soigne, guérit, fortifie bien mieux que les potions que les druides fabriquaient ici. Mais le remède que Notre Dame de tout remède nous tend n’est pas un vaccin qu’on recevrait une fois et qui nous assurerait une immunité contre le mal pendant un an, jusqu’au pardon de l’année suivante. Non ! La durée maximum de l’efficacité du remède, c’est une semaine. Chaque semaine, chaque dimanche, nous allons donc, à la messe, prendre le remède qu’est Jésus, accueillir son amour qui nous soigne, qui nous guérit, qui nous fortifie. On dit parfois que ceux qui vont à la messe ne sont pas meilleurs que les autres, c’est bien vrai ! Et c’est parce que nous en avons bien conscience que nous allons à la messe. Sans le remède, nous savons très bien que notre cœur serait encore plus malade.
Mais, attention, ayant découvert le remède, ne le gardons pas pour nous, offrons-le généreusement à tous ceux qui en ont tant besoin ! Evangéliser, devenir des disciples-missionnaires, comme nous y invite le pape François, ce n’est rien d’autre que porter à nos frères malades le remède que nous tend Notre Dame de tout remède. Ne pas le faire, ce serait « non-assistance à personne en danger ! Celui qui voit son frère souffrir, pourrait-il rester indifférent ? Pourrait-il rester à ne rien faire alors qu’il connait le remède ? Non ! Ça serait tellement injuste, tellement grave, et en plus, nous pouvons en être sûrs, Notre Dame de tout remède en serait vraiment chagrinée, elle qui veut veiller sur ses enfants, elle qui désire tant qu’aucun de ses enfants ne puisse être privé du remède ! C’est aussi pour que nous devenions ces disciples-missionnaires qu’elle nous a invités à venir en ce lieu. Il est de plus en plus urgent que nous relevions le défi, toute la violence qui s’est déchainée ces derniers temps nous le montre.
Le pape François dans son grand texte « la joie de l’Evangile » a si bien exprimé cette nécessité de l’Evangélisation que je ne peux résister au désir de vous lire quelques lignes particulièrement lumineuses, c’est au N° 266 : Avoir connu Jésus n’est pas la même chose que de ne pas le connaître, marcher avec lui n’est pas la même chose que marcher à tâtons, pouvoir l’écouter ou ignorer sa Parole n’est pas la même chose, pouvoir le contempler, l’adorer, se reposer en lui, ou ne pas pouvoir le faire n’est pas la même chose. Essayer de construire le monde avec son Évangile n’est pas la même chose que de le faire seulement par sa propre raison. Nous savons bien qu’avec lui la vie devient beaucoup plus pleine et qu’avec lui, il est plus facile de trouver un sens à tout. Nous qui avons cette grâce de le connaître, de marcher avec lui, de l’écouter, de l’adorer, de nous reposer en Lui, pouvons-nous en priver tant d’hommes et de femmes, de jeunes et d’enfants qui vivent dans le brouillard, quand ce n’est pas carrément la nuit d’une vie qui a perdu tout sens ?
Proposer le remède à tous ceux qui ont un cœur malade, ce n’est pas se transformer en témoins de Jéhovah. Vous connaissez sans doute cette parole qu’on attribue à St François de Sales : ne parle de Dieu que lorsqu’on t’interroge, mais, vis de manière à ce qu’on t’interroge souvent ! Le pape, d’ailleurs, précisait que cette attitude de disciple-missionnaire ne pourrait se développer que dans les cœurs qui ont fait cette expérience que la vie avec Jésus et la vie sans Jésus, ce n’est pas pareil. En ce jour, demandons vraiment à Notre Dame de Rumengol qu’elle intercède pour nous afin que notre ardeur dans la foi soit renouvelée.
Je termine en revenant à d’autres paroles que le pape a prononcées à Fatima. Il a parlé aux pèlerins dans une chapelle qui, par certains côtés, pouvait ressembler à celle dans laquelle nous célébrons, elle n’avait pas de porte pour que les nombreux pèlerins puissent suivre, voir le pape. Ici aussi, votre chapelle n’a pas de porte, du moins, elles sont grandes ouvertes pour que les nombreux pèlerins puissent suivre. Voilà les paroles que cette chapelle sans porte a inspiré au pape François : la chapelle sans porte dans laquelle nous nous trouvons est comme une belle image de l’Église : une Eglise accueillante, une Eglise sans portes. L’Église n’a pas de portes, pour que tous puissent entrer. L’Eglise, c’est la maison de la de la Vierge Marie qui en est la mère et le cœur d’une mère est toujours ouvert à tous ses enfants. Tous, tous, tous. Sans exclusion. Cette chapelle aux portes si largement ouvertes dans laquelle nous célébrons est une invitation redoublée à devenir ces disiples-missionnaires pour que tous les enfants malades de Notre Mère du ciel puissent venir y chercher le remède qui les guérira. Tous, tous, tous, sans exclusion doivent trouver leur place dans nos églises de la terre parce que tous, tous, tous, sans exclusion ont leur place dans la grande Eglise du ciel. En ce jour où nous fêtons l’Assomption de la Vierge Marie, nous croyons avec l’Eglise que Marie est plus Mère que Reine. Certes, elle est Reine du ciel, mais elle a choisi de se tenir à la porte du ciel, c’est l’un des titres qui lui est donné, Marie est la Porte du ciel car, comme une bonne Mère, elle veut être là pour mieux nous y accueillir pour que les premiers bras que nous trouverons quand notre tour viendra soient les bras de cette Mère aimante.
O belle homélix
Cher Obelix.
Sans mentir, avec le Saint-Esprix
De tous les blogueurs, vous êtes le phénix
Et cela n’a pas de prix.
Aujourd’hui, c’est sous le regard de Marie que je me fixe,
Elle qui est l’Assurance tous Risques.
Merci d’avoir mis en ligne votre homélie, mon père,homélie que j’ai apprécié ce jour là le 15 aout à rumengol.
Bien à vous.
LUCAS michel