14 avril : mais le matou revient, et le jours suivant, il est toujours vivant !

Ce n’est peut-être pas très exégétique, mais, moi, quand je lis cette 1° lecture, il y a une chanson qui passe et repasse dans ma tête et que vous connaissez sûrement, c’est le matou qui revient ! Vous savez, cette chanson raconte l’histoire de Tompson, ce vieux fermier qui cherche à se débarrasser de son gros chat gis et qui trouve des solutions toutes plus improbables les unes que les autres, mais aucune ne marche ! Celui qui est chargé de noyer le chat se noie lui-même et, le lendemain, le matou revient ; expédié sur la lune, le lendemain, le matou revient et il est toujours vivant ! Tompson n’arrivera pas à s’en débarrasser ! Eh bien, les apôtres sont comme le matou de Tompson et, Tompson, dans les Actes, ce sont les chefs religieux. Ils ont beau arrêter les apôtres, les enfermer, le lendemain, ils sont encore là bien vivants, en train d’annoncer l’Evangile. Rien, ni personne, ne pourra entraver la course de l’Evangile.

Les chefs religieux avec la complicité des romains vont déclencher de grandes rafles pour arrêter les chrétiens, ils iront jusqu’à programmer la destruction du christianisme « quoiqu’il en coûte » comme dirait Mr Macron. Mais rien, ni personne n’arrêtera la course de l’Evangile. Les persécutions n’auront qu’un effet, c’est de disperser les évangélisateurs et quand vous dispersez les évangélisateurs, vous accélérez la diffusion de l’Evangile. J’aime bien présenter le livre des Actes des Apôtres comme une histoire de pyromanes. A la Pentecôte, ils reçoivent le feu du Saint Esprit et désormais ils sont prêts à tout pour que ce feu embrase le monde entier, les évangélisateurs sont comme des pyromanes. Eh bien dispersez des pyromanes et vous aurez des départs de feu un peu partout, ça sera le résultat des persécutions : l’accélération de la diffusion du christianisme dans tout le bassin méditerranéen. Rien, ni personne ne pourra entraver la course de l’Evangile. 

Les responsables religieux l’auront compris très vite, c’est ce que nous laisse entendre le texte des Actes qui nous dit : « Alors, le commandant des gardes du Temple partit avec son escorte pour les ramener, mais sans violence, parce qu’ils avaient peur d’être lapidés par le peuple. » Vous vous rendez compte, désormais, ce sont les responsables qui ont peur. On peut dire que la peur a changé de camp ! Eux qui pensaient semer la terreur avec leurs menaces et leurs arrestations à répétition, voilà que ce sont eux qui ont peur, alors qu’ils ont tout pouvoir pour faire ce qu’ils veulent. Oui, ils pourront faire ce qu’ils veulent des personnes, mais pas de l’Evangile qui a montré sa puissance, le feu qui a été allumé par Jésus et qui s’est embrasé à la Pentecôte, ils ne l’éteindront plus, les responsables viennent de le comprendre et ça les plonge dans une peur très profonde.

Et l’histoire va venir confirmer cela. Partout où des dirigeants politiques décideront de supprimer le christianisme, il leur faudra mettre en place une police spéciales avec des effectifs fournis qui coûtera beaucoup d’argent et qui finalement devra, un jour, reconnaître son échec. Ce qui s’est passé au-delà du rideau de fer en est une brillante illustration, mais on pourrait donner aussi d’autres exemples dans d’autres pays comme le Vietnam par exemple ou même en Chine, ce qui nous invite à prier pour les Foyers qui s’y trouvent et qui sont une illustration vivante de ce que je viens de dire : rien, ni personne ne pourra entraver la course de l’Evangile. Et nous, ici qui ne risquons rien pour notre vie en annonçant l’Evangile, c’est pour cela que nous devons rester inventifs et continuer à faire des propositions pour nourrir la foi afin que le Covid ne réussisse pas là où tant de gouvernements autoritaires ont échoué.

Venons-en à l’Evangile dont le texte est toujours tiré du dialogue entre Jésus et Nicodème. C’est le dernier jour que nous lisons un extrait de cet entretien, demain, nous passerons à autre chose, même si le thème du discours sera très proche. Toutes ces paroles de Jésus, nous les connaissons bien, mais comme il nous est bon de les réentendre régulièrement : « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. »

Avec de telles paroles, comment a-t-on pu inculquer aussi longtemps la peur de Dieu ? Peut-être parce que, dans certaines familles, la figure du père était une figure redoutable et redoutée. Mais Jésus est venu pour nous dire que Dieu n’était pas ainsi : il a tellement aimé le monde dit Jésus dans cet évangile de St Jean, il nous a aimés d’un excès d’amour dira Paul dans la lettre aux Ephésiens. Comment peut-on encore avoir peur de Dieu en ayant entendu cela ?

Comment avoir peur de comparaître devant lui quand le moment sera venu ? Pour arrondir les angles, Jean de la Croix a dit que nous serions jugés uniquement sur l’amour, avec tout le respect que je lui dois, je me permets de dire que ce n’est pas suffisant, il faut vraiment ajouter que nous serons jugés par l’Amour, par Celui qui a « tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas. » Je me rappelle ce paroissien que j’avais, un véritable saint. Un homme engagé dans la cité, c’était une figure emblématique que tout le monde pouvait solliciter, il était reconnu et estimé par tous, il avait été un militant syndical très actif, mais unanimement apprécié même par les patrons et cerise sur le gâteau, il était un pilier de la paroisse. En arrivant dans cette paroisse, très vite, j’ai compris que c’était un homme d’exception. Pourtant une chose me questionnait : il ne venait jamais communier. J’ai osé lui en parler, il m’a alors expliqué qu’il avait été traumatisé par tout ce qu’il avait entendu dans son enfance sur le jugement de Dieu, sur les flammes de l’enfer promises à tous ceux qui feraient des communions indignes. Il avait beau s’être réjoui du souffle apporté par le concile entendre, il avait beau apprécier les prédications qu’il entendait aujourd’hui, le mal était fait, il ne pouvait pas oser communier.

Or, ce brave homme, il se trouve qu’il a été hospitalisé pour vivre ses derniers jours à l’hôpital de Bourg-en-Bresse, le chef-lieu de notre département où j’avais été nommé entre temps. Une de ses filles me prévient et le dimanche soir vers 22h, revenant de chez des amis, je passe devant l’hôpital et recevant comme une motion du Saint Esprit, je décide d’aller le visiter. J’explique au gardien que je suis prêtre et que je dois aller au chevet d’un malade, je peux entrer. La famille était là et me dit : comment tu as su que c’était la fin ? Je m’approche de Charles qui entrait dans un sommeil profond, je lui caresse la joue, je lui parle à l’oreille, il ouvre les yeux, il me reconnait et me dit simplement : Roger, Jésus ! Alors je me permets d’interpréter ce qu’il dit et je lui demande : Charles, tu veux recevoir Jésus ? Il me dit : oui ! Pour une fois qu’il voulait communier, moi, comme je n’avais pas prévenu de le visiter, je n’avais pas amené la communion ! Mais je demande à ce qu’on réveille l’aumônier qui habitait encore sur place à cette époque en lui demandant de venir avec la communion. Quand il arrive, je lui explique la situation dans le couloir et il me dit : je le connais très bien, c’est vraiment extraordinaire qu’il veuille communier ! Et comme ils se connaissaient très bien, l’aumônier lui dit : sacré Charlot, toute ta vie tu t’es privé de la communion, alors qu’il aurait suffi que tu crois à la force des paroles que tu devais prononcer avant de communier : Seigneur, je ne suis pas digne, mais dis une parole et je serai guéri ! Tu n’as jamais voulu y croire, mais ce soir, sacré veinard, tu vas t’endormir dans les bras du Seigneur. Charles a communié, je peux vous dire que tout le monde pleurait, moi, le premier et il est mort quelques heures après ! « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. » Je ne peux plus entendre ces paroles sans penser à Charles. 

Que le Saint Esprit nous inspire les bonnes paroles, les bonnes attitudes, les bons regards pour qu’il n’y ait plus de personnes comme Charles parmi tous ceux qu’il fait venir ici et auprès de qui il nous envoie. Quelles que soient leurs situations, leurs échecs, leurs faux-pas, qu’aucun ne puisse plus douter un seul instant que c’est bien vrai : Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. 

Cet article a 3 commentaires

  1. Adéline

    Alléluia! 🙂

  2. Monique Vincent

    Comment Dieu qui est tout Amour pourrait-il  » juger « ? Est-ce que ce ne serait pas plutôt nous qui « jugerons » notre pauvre amour face à son Amour ?
    C’est ce que laisse comprendre la phrase « je ne suis pas digne de te recevoir …… »
    Je trouve que le mot « juger » n’est pas adéquat.

    1. Père Roger Hébert

      C’est à Saint Jean qu’il faut envoyer votre remarque puisque c’est lui qui utilise le verbe juger !

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