Pour comprendre la 1° lecture, il faut comprendre de qui parle le prophète Isaïe quand il parle d’Assour. Assour, c’est une ville d’Assyrie qui symbolise et récapitule cette nouvelle grande puissance en train de se rendre maitre de la région. Evidemment, devant cette montée, les pays environnants tremblent, particulièrement les petits pays qui ne se font guère d’illusion sur le sort qui va leur être réservé. A Jérusalem, comme ailleurs, l’inquiétude ne cesse de grandir. Et du coup, dans le Peuple de Dieu, certains en viennent à se demander si Assour qui est aussi la divinité assyrienne qui règne sur la ville et le pays ne serait pas plus puissant que Dieu. Les victoires engrangées par l’Assyrie semblent leur donner raison.
C’est alors que Dieu demande à Isaïe de prononcer les paroles que nous venons d’entendre. On pourrait passer beaucoup de temps pour les commenter, mais je peux les résumer en disant que Dieu, le Dieu qui a fait Alliance avec son peuple est le seul Dieu, il n’y a pas d’autres dieux. Et il annonce même que l’Assyrie va bientôt le découvrir parce que son arrogance est insupportable. Fort de sa puissance, l’Assyrie est en train de tout dévaster et Dieu ne peut l’accepter. Tant qu’ils se contentaient de mettre une correction à Jérusalem, ça pouvait passer, mais cette folie destructrice, cette soif de violence, Dieu ne l’acceptera pas. Et la fin du texte est magnifique, Isaïe annonce que tous ceux qui deviennent forts finissent par perdre la tête en se prenant pour Dieu. Comme si le ciseau pouvait se glorifier aux dépens de celui qui s’en sert pour tailler ! Comme si la scie pouvait s’enfler d’orgueil aux dépens de celui qui la tient ! Comme si c’était le bâton qui dirigeait l’homme qui le brandit ! Cette folie finit toujours par se payer, c’est ce qu’annonce Isaïe de manière très claire : « C’est pourquoi le Seigneur Dieu de l’univers fera dépérir les soldats bien nourris du roi d’Assour. »
Voilà qui prépare bien le terrain pour l’Evangile, cet Evangile dans lequel Jésus se réjouit d’une joie profondément spirituelle parce qu’il constate que tout reste caché aux sages et aux savants, alors que tout est révélé aux tout-petits. Ni Jésus, ni Dieu son Père ne méprisent les sages et les savants parce qu’ils ne mépriseront jamais personne. Mais c’est un constat récurrent, les sages, les savants, les puissants finissent souvent par déraper, la 1° lecture nous le montrait. Les sages, les savants, les puissants finissent par compter sur eux, par s’appuyer sur leur puissance, sur leur sagesse, sur leur savoir. Et si Jésus le dénonce ce n’est pas parce qu’il ferait une crise de jalousie en gonflant le torse pour réaffirmer : c’est moi le chef ! Bien sûr que non ! Mais Jésus sait que tous les sages, tous les savants, tous les puissants qui ont agi ainsi se sont perdus et ont entrainé beaucoup d’autres dans leur perte. Et cela, Jésus ne le veut pas parce qu’il est venu dans le monde pour qu’aucun homme ne se perde.
La figure de Saint Bonaventure que nous fêtons providentiellement en écoutant les lectures d’aujourd’hui nous montre qu’il peut y avoir des sages et des savants qui ne tombent pas dans le piège, mais ça sera un combat permanent pour eux. Il est bon d’avoir cet exemple de Bonaventure parce qu’autrement, on ne pourrait que pleurer sur tous ceux qui ont reçu mission de gouverner à quelque niveau que ce soit, on ne pourrait que pleurer sur tous ceux qui ont reçu mission d’enseigner puisqu’on serait sûr qu’ils courent à leur perte et risquent d’en entrainer d’autres avec eux. Heureusement ce n’est pas inéluctable, car il faut bien que certains acceptent cette mission de gouverner, d’enseigner, dans le monde ou dans l’Eglise ! Par contre, nous pouvons prier pour eux, veiller le + fraternellement possible à leurs côtés pour qu’ils ne se laissent pas entrainer là où la pente glissante du pouvoir, du savoir conduit si facilement, c’est-à-dire à devenir trop sûr de soi en oubliant qu’on n’est qu’un instrument entre les mains du Seigneur.
Quand on est petit et même tout petit, il n’y a pas ce risque parce qu’on sait bien qu’on n’a pas grand-chose et qu’on n’est pas grand-chose. Quand on est petit et même tout petit, on ne peut vivre que dans la confiance. C’est d’ailleurs pour cela que Jésus donne les enfants en exemple comme modèles d’accueil du Royaume. Parfois on dit que Jésus donne les enfants en exemple parce qu’ils sont modèles de pureté, d’innocence, pas du tout ! Un enfant, même tout petit qui a décidé de pourrir la nuit de ses parents, il sait comment s’y prendre ! Non ! L’enfant, Jésus le donne en exemple parce qu’il est le modèle de la confiance, une confiance à laquelle il est acculée, une confiance sans laquelle il ne peut plus vivre surtout quand il est petit, tout-petit … si ses parents ne lui donnent pas à manger, il meurt, si ses parents ne lui donnent pas de l’amour il ne peut grandir de manière épanouie. Voilà pourquoi Jésus sera si dur avec ceux qui trahissent la confiance des enfants annonçant qu’il vaudrait mieux pour eux qu’on leur attache une meule autour du coup et qu’on les précipite dans la mer.
Voilà ce qui provoque l’exultation de Jésus, sa louange, c’est que les petits, plus ils sont petits découvrent les bienfaits de la confiance inconditionnelle en Dieu et cette joie, hélas, bien trop souvent, hélas, elle est inaccessible aux sages, aux savants, aux puissants qui sont dans le souci permanent. Quand on ne compte que sur soi, ses capacités, ses forces, on peut se faire du souci, quand on a la mission de gouverner et d’enseigner.
Je le redirai, mais dans ma vie, il y a prêtre qui a beaucoup compté, qui m’a accompagné dans mon parcours vocationnel et qui, ensuite, qui m’aura permis de découvrir la puissance du St Esprit. Ce prêtre aimait raconter comment lui-même avait découvert cela et avait été conduit à se livrer sans retenue à la puissance du St Esprit. Il était, à l’époque, vicaire général de notre diocèse. Notre évêque était malade et à la limite de pouvoir accomplir sa mission, mais le drame, c’est qu’il n’en avait pas conscience. Cette situation était terrible et particulièrement éprouvante pour ses collaborateurs, les deux vicaires généraux. Ce bon père dont je parle avait été nommé délégué épiscopal pour accompagner le Renouveau, c’était le moment où des groupes de prière naissaient quasiment chaque semaine. Il y avait donc du travail ! Il n’était pas charismatique, mais puisque l’évêque l’avait nommé, il accomplissait loyalement cette mission.
Et voilà qu’un week-end, on lui demande d’être là et de donner plusieurs enseignements. Il arrive épuisé par tous les problèmes qu’il devait gérer et fatigué de ces relations impossibles avec l’évêque. Il avait eu beau essayé de préparer ses interventions, rien ne venait ! Il était vide et vidé. Au moment où on lui demande de parler, il explique qu’il n’en peut plus, que pour la 1° fois de sa vie, il expérimente cette pauvreté de n’avoir rien à dire alors qu’on lui demande de parler et qu’il mesure l’importance de ce qu’il aurait dû apporter comme enseignement. Lui le vicaire général se met donc à genoux et demande, comme on le fait dans le Renouveau qu’on vienne prier sur lui, 1° fois que ça lui arrive d’oser une telle démarche d’humilité ! Il se met alors à pleurer tellement il est vide et vidé, tellement il n’en peut plus. Les autres prient chaleureusement et fraternellement sur lui, mais lui, il reste inconsolable et pleure toujours ! C’est alors qu’un jeune ado trisomique vient le prend par le cou et l’embrasse en lui disant : « t’inquiète pas papy, ça va s’arranger ! » Il dit avoir accueilli cette parole comme la Parole que le Seigneur lui adressait comme une invitation à s’en remettre totalement à lui dans la confiance, ce qu’il a fait sur le champ. Et non seulement ça s’est arrangé mais il est devenu un ténor du Renouveau dans toute la Province et même au-delà ! Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits.
C’est génial d’être beau (et) vidé, non pour devenir âne mais pour voler dans la grâce de l’Esprit Saint.
Meuh non, nous savons bien qu’avec Dieu, l’amour n’est jamais vache. Et tant pis si certains prétendent le contraire.
Oh la la !!! Merci !
Nos plus petits sont les plus divins messagers !!! Je l’ai expérimenté dans ma vie aussi. Dieu soit loué!
1ère lecture bien marquante pour moi qui passais le concours l’après-midi…
« c’est par la vigueur de ma main que j’ai agi, et par ma sagesse, car j’ai l’intelligence »…
Psaume de même:
« lui qui DONNE aux hommes la connaissance »
Evangile enfin:
« ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits »
Alléluia !!! Merci Seigneur pour ton Esprit de Sagesse et de Science insufflés pendant l’examen !