16 janvier : Servir Dieu ou se servir de Dieu ?

C’est le début d’une véritable saga qui nous est racontée dans la 1° lecture ! Je pense que vous avez tous entendu parler de cette Arche d’Alliance qui est au cœur de cette saga. C’était un coffre extrêmement précieux qui a accompagné les hébreux dans la traversée du désert. A leur installation dans le pays, avant la construction du Temple dans lequel elle symbolisera la présence de Dieu, il va y avoir pas mal de péripéties autour de cette arche d’alliance.

L’arche d’Alliance c’était un coffre de bois précieux entièrement recouvert d’or et richement décoré, mais le trésor, malgré la grande quantité d’or et le nombre de pierres précieuses incrustées, ce n’était pas le coffre ! Le trésor, il était à l’intérieur puisque le coffre renfermait ces éléments si précieux qu’étaient les tables de la Loi, c’est à dire les tables de pierre sur lesquelles étaient gravés les 10 commandements, il y avait aussi le bâton d’Aaron qui a accompli tant de merveilles dans le désert et pour l’entrée en terre promise et enfin, il y avait un vase sacré contenant de la manne, la nourriture donnée chaque jour par Dieu. L’Arche d’Alliance, avec son contenu, était aussi sacrée pour un juif que le tabernacle avec la présence réelle de Jésus l’est pour un catholique ! On peut le dire, cette arche était comme la présence réelle de Dieu au milieu de son peuple.

Alors, la tentation a été grande de mettre la main sur Dieu, d’utiliser sa puissance. C’est cette grande histoire qui commençait avec le texte que nous avons entendu dans la 1° lecture. Les hébreux faisaient la guerre aux Philistins, ils ont pris une raclée, ils décident d’aller chercher l’arche d’Alliance dans le sanctuaire de Silo où elle avait été exposée. Ils la font venir au milieu des troupes de soldat et son arrivée va être tellement fêtée que les philistins se rendent compte qu’il se passe quelque chose, ils comprennent et sont donc très inquiets, ils s’attendent à recevoir, à leur tour une belle raclée … mais rien ne se passe comme prévu !

Au match retour, malgré la présence de l’Arche d’Alliance, les hébreux prennent encore une raclée, c’est même une véritable déroute qui va se conclure par ce drame : les philistins réussissent à voler l’Arche d’Alliance. Ils l’emmènent donc dans leur camp en se disant que, désormais, ils vont devenir invincibles puisque, en plus de leurs dieux, ils ont le Dieu des hébreux qui sera avec eux et comme il n’a pas donné la victoire aux hébreux, c’est pour eux le signe qu’il a changé de camp ! Mais, là encore, rien ne se passe comme prévu ! Tous ceux qui approchent l’Arche vont connaître de graves ennuis. Dans les lieux où l’Arche va séjourner, il va y avoir quantité de problèmes, les gens sont atteints de tumeurs, des rats dévastent leurs récoltes. La situation est tellement catastrophique qu’ils décident de renvoyer l’Arche chez les hébreux. Ils la placent sur une charrette attelée à une paire de vaches qu’ils mettent sur la bonne direction et qui va reconduire l’Arche en un lieu qui est encore vénéré par les juifs mais aussi par les chrétiens car il est devenu un sanctuaire marial, car pour nous, la véritable Arche d’Alliance, c’est la Vierge Marie, c’est elle qui a porté Jésus qui est Dieu avec nous.

Que conclure de cette histoire ? Parce que vous comprenez bien que si je vous ai raconté tout ça, ce n’est pas juste pour le plaisir de vous raconter des histoires ! En fait, cette histoire nous délivre un enseignement extrêmement précieux.

Les hébreux, comme les philistins, d’ailleurs auront compris qu’on ne peut pas mettre Dieu à son service. Mais les hébreux, eux qui sont croyants auront eu une leçon encore plus importante. Ils auront découvert que, lorsqu’on est croyant, il faut faire très attention de ne pas inverser l’ordre des choses. Etre croyant, c’est servir Dieu, ce n’est pas se servir de Dieu. Ils avaient essayé de mettre Dieu et sa puissance à leur service pour prendre leur revanche et donner une raclée aux philistins. Dieu a refusé de marcher dans la combine, la raclée, c’est eux qui l’ont prise à nouveau. Dieu n’est pas là pour servir nos intérêts surtout quand, en plus, nos intérêts sont très éloignés de son grand projet d’amour. 

Au long de l’histoire, on a vu des tentatives détestables d’accaparer Dieu, de lui demander de mettre sa puissance au service des hommes qui voulaient réaliser des projets plus que tordus. On peut se rappeler que les nazis avaient fait graver sur leurs ceinturons : Gott mit uns, c’est-à-dire Dieu avec nous ! Ils ont fait beaucoup de mal, au nom de Dieu, mais ils ont fini par prendre une raclée. Ceux qui ont imposé l’apartheid au nom de Dieu en Afrique du Sud ont aussi pris une solide raclée. Leur déroute a montré que Dieu refuserait toujours de servir les projets des hommes, qu’il refuserait toujours de servir de caution à ceux qui voulaient imposer leurs idées tordues en le prenant en otage. 

Mais il n’y a pas besoin d’aller chercher si loin ! La leçon, elle peut aussi être pour nous ! Hier, nous avons entendu le texte dans lequel le jeune Samuel répond à l’appel de Dieu en disant : parle, Seigneur, ton serviteur écoute … il ne faut pas inverser et dire : écoute, Seigneur, ton serviteur parle et j’aimerais bien que tu m’obéisses ! Etre croyant, vraiment croyant, c’est refuser de chercher à mettre Dieu au service de mes idées, de mes projets, de mes intérêts. Etre croyant c’est dire : parle, Seigneur, ton serviteur écoute et non pas écoute, Seigneur, ton serviteur parle.

Demandons la grâce dans cette messe de devenir de vrais croyants en renonçant à mettre Dieu à notre service, par contre, manifestons-lui notre disponibilité pour nous mettre à son service.

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