20 novembre parabole mine et mère des martyrs

Qu’elle était belle cette 1° lecture dans laquelle nous avons vu cette maman encourager son fils, le fruit de ses entrailles à donner sa vie. Elle est encore plus belle si, comme le père Garin nous y invitait au cours de la session retraite, nous reconnaissons dans l’attitude de cette maman une figure annonciatrice de ce que sera l’attitude de Marie au pieds de la croix.

Bien sûr, cette maman, son cœur est broyé, elle vient de voir 6 de 7 fils mourir sous la main de ce tyran qu’est Antiochos Epiphane et qui a décidé d’éradiquer la foi du peuple juif. Mais, malgré son instinct maternel, elle a les encouragés à donner leur vie par fidélité à la Loi en les affermissant dans leur foi en la vie éternelle, une foi assez nouvelle dans le développement de la Révélation. Elle a cette très belle parole : « C’est le Créateur du monde qui façonne l’enfant à l’origine, qui préside à l’origine de toute chose. Et c’est lui qui, dans sa miséricorde, vous rendra l’esprit et la vie, parce que, pour l’amour de ses lois, vous méprisez maintenant votre propre existence. » 

C’est très beau de voir que sa foi est plus forte que son instinct maternel ou plutôt que sa foi vient la travailler jusque dans son instinct maternel pour qu’elle puisse jouer son rôle de mère jusqu’au bout en soutenant ses enfants pour qu’ils puissent faire le choix d’une fidélité sans faille au Seigneur.

Et son attitude va être encore plus admirable vis-à-vis du dernier à qui Antiochos vient de faire des promesses terribles s’il accepte d’abjurer sa foi. Ni le fils, ni la mère ne vont s’accrocher à ses promesses humaines, ils ne s’accrochent qu’aux promesses divines. Et la manière dont la maman encourage son fils est bouleversante : « Mon fils, aie pitié de moi : je t’ai porté neuf mois dans mon sein, je t’ai allaité pendant trois ans, je t’ai nourri et élevé jusqu’à l’âge où tu es parvenu, j’ai pris soin de toi. Je t’en conjure, mon enfant, regarde le ciel et la terre avec tout ce qu’ils contiennent : sache que Dieu a fait tout cela de rien, et que la race des hommes est née de la même manière. Ne crains pas ce bourreau, montre-toi digne de tes frères et accepte la mort, afin que je te retrouve avec eux au jour de la miséricorde. »

Relisant ce texte, la Tradition chrétienne verra donc dans l’attitude de cette femme une préfiguration de l’attitude de la Vierge Marie à la croix qui ne fait rien pour chercher à reprendre son fils, mais qui l’encouragera, comme elle le pourra à aller jusqu’au bout du don de sa vie pour le Salut de l’humanité.

Quand nous avons besoin d’être encouragés pour aller jusqu’au bout du don de nous-mêmes, n’hésitons pas à invoquer Marie, elle saura nous rejoindre et, à l’image de cette mère, elle saura trouver les mots pour nous encourager et nous montrer la fécondité de notre don. Quand nous serions tentés de reprendre ce que nous avons donné, quand nous serions tentés par le découragement en ne voyant aucun fruit au don de nous-mêmes, c’est vers elle qu’il faut nous tourner.

Quant à l’évangile, il a un air de déjà connu ! Mais, nous sommes plus habitués à entendre cette parabole dans l’évangile de Matthieu qui parle des talents. Ici, le contexte est bien différent et c’est lui qui éclaire le sens de cette parabole. Je relis le début du texte : « Jésus ajouta une parabole : il était près de Jérusalem et ses auditeurs pensaient que le royaume de Dieu allait se manifester à l’instant même. » En fait, dans cette parabole de Luc, Jésus veut répondre à la question suivante : est-ce que le Règne de Dieu va arriver bientôt ? Et Jésus répond : non ! 

Il parle d’un roi qui n’était pas aimé par ses concitoyens et qui part pour recevoir les insignes de la royauté. Evidemment, c’est de lui qu’il parle : il est tellement mal aimé qu’il va être mis à mort par ses concitoyens ! Et donc, il partira et ne reviendra pas tout de suite. Jésus répond donc clairement à la question du Règne de Dieu : ce n’est pas pour tout de suite ! Ce qui est intéressant, c’est de voir ce qui se passe dans cette période d’attente du retour du roi qui est donc notre temps.

Avant de partir, le roi a remis à 10 serviteurs une somme, là chacun reçoit la même somme, il est question d’une unité d’argent qui s’appelle la mine, on a du mal à connaître la valeur d’une mine, selon les études que j’ai lues, il pourrait s’agir de 100 000 euros, c’est déjà une belle somme. Mais je crois qu’il ne faut pas trop phosphorer sur la somme mais remarquer plutôt deux détails qui différent de la parabole des talents : chacun des serviteurs reçoit la même somme et ils sont 10. 10, ça vous rappelle quelque chose ? Ils étaient 10 les lépreux la semaine dernière et j’avais expliqué que 10, dans le judaïsme, c’est le nombre minimum pour créer une communauté de croyants qui puisse proclamer publiquement la Parole de Dieu. On peut donc dire que c’est à l’Eglise que Jésus remet le soin d’accomplir sa mission dans l’attente de son retour… et l’ampleur de la somme confiée laisse entendre l’importance de cette mission. Jésus explique que, dans cette Eglise, chacun a reçu un don de la même importance, pas le même don mais un don de la même importance. Personne ne pourra donc se défiler en comptant sur les autres puisque chacun a reçu un don !

Il faudrait beaucoup de temps pour commenter la suite, je fais juste deux remarques :

  • Même les moyens sont récompensés. C’est vrai que dans l’Eglise, il y a des témoins, des évangélisateurs extraordinaires et, souvent les médias ont les projecteurs braqués sur eux … mais il y a aussi des évangélisateurs moyens. Eh bien, eux aussi, le Seigneur les récompense, c’est réconfortant pour vous et moi, parce que je pense que nous n’avons pas la prétention de nous classer dans les extraordinaires !
  • Mais j’espère aussi que nous ne sommes pas dans les médiocres et c’est la 2° remarque que je vais faire et je m’arrêterai. Il y a celui qui n’a rien fait avec ce qu’il a reçu. Enfin si, il l’a enveloppé dans un linge, mais c’est dommage qu’on ne traduise pas exactement le mot grec, car c’est le mot suaire. Lui, ce qu’il a reçu, il l’a enveloppé dans un suaire parce que, pour lui, la communauté, elle est déjà morte donc ce n’est pas la peine de se fatiguer ! C’est très beau parce qu’on voit que notre ardeur à évangéliser dépend de notre espérance.

Demandons à Marie de nous accompagner pour que nous puissions rendre féconde la mission que le Seigneur nous a confiée au sein de l’Eglise. Qu’elle nous aide à aller jusqu’au bout du don de nous-même car la fécondité est à ce prix.

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