17 janvier : mise au placard de Samuel … nous voulons devenir comme tout le monde !

C’est encore une bien belle page de la Bible que nous avons entendue en 1° lecture. Je vais m’attarder sur ce texte et laisser de côté l’Evangile, non pas que ce texte ne soit pas intéressant, mais vous le connaissez et l’Evangile est toujours plus simple à comprendre.

La 1° lecture que nous avons entendue commence par un événement dramatique, c’est, comme on dirait aujourd’hui, « la mise au placard » de Samuel ! « Tu es devenu vieux, et tes fils ne marchent pas sur tes traces. Maintenant donc, établis, pour nous gouverner, un roi. » Vraiment, les anciens du peuple venus le trouver n’ont pas pris de gants pour lui annoncer qu’ils ne veulent plus de lui ! Samuel va en ressentir une certaine amertume qu’il ira confiée à Dieu et la réponse de Dieu est tout à la fois belle parce que réconfortante pour Samuel mais, en même temps, elle est terrible car elle montre que Dieu n’est pas dupe, il a exactement compris ce qui se cachait derrière cette demande. « En demandant un roi, ce n’est pas toi qu’ils rejettent, c’est moi qu’ils rejettent : ils ne veulent pas que je règne sur eux. »

Cette demande de roi, elle révèle donc un double problème 

1/ Dieu a compris qu’en demandant un roi, le peuple, par l’intermédiaire des anciens, lui manifestait sa défiance. C’est fini, ils ne lui faisaient plus confiance à Lui, Dieu qui pourtant les avait sortis de l’esclavage d’Egypte, les avait guidés dans le désert, les avait accompagnés dans l’installation en Terre Promise, cette Terre qu’il leur a donnée. Dieu a compris qu’ils étaient lassés de se laisser gouverner par Lui, ils préfèrent un roi, un homme parce qu’avec un homme à la tête, c’est plus facile de savoir ce qu’il pense et puis, un homme, on peut toujours l’acheter, le manipuler pour qu’il finisse par penser comme nous … avec Dieu, ce n’est pas possible. Dieu a voulu consoler Samuel en lui disant : ce n’est pas toi qui es en cause, c’est moi. Mais on peut comprendre que le prophète va souffrir autant que Dieu de cette demande. Le prophète comprend qu’il a échoué dans sa mission d’aider le peuple à vivre de Dieu, à aimer Dieu, à marcher sur ses chemins. Quant à Dieu, il souffre comme un père qui est rejeté alors qu’on n’a jamais pu le prendre en faute sur quoi que ce soit. 

2/ Quand j’ai cité la demande des anciens, je ne l’ai pas citée en totalité. Les anciens ne se contentent pas de dire à Samuel : « Tu es devenu vieux, et tes fils ne marchent pas sur tes traces. Maintenant donc, établis, pour nous gouverner, un roi. » Ils rajoutent : « Etablis, pour nous gouverner, un roi comme en ont toutes les nations. » Ce qu’ils veulent, c’est être comme tout le monde. Voilà le vrai drame qui se cache derrière cette demande d’un roi, ils veulent être comme tout le monde. Dieu leur avait dit : vous êtes un peuple particulier parce qu’aucun peuple n’a vécu ce que vous avez vécu, aucun peuple n’a eu un dieu aussi proche et bienfaisant que moi je l’ai été pour vous. Mais rien n’y fait, eux, ce qu’ils veulent, c’est être comme tout le monde. Alors Dieu va essayer des dissuader en leur expliquant ce qu’ils vont subir. Vous voulez être comme tout le monde, eh bien, regardez comment les autres sont traités !

Dieu va leur faire une description apocalyptique de la situation des autres nations.  « Vos fils, il les prendra et s’en servira de soldats, d’esclaves. Vos filles, il les prendra aussi sans les respecter. Vos champs et vos récoltes, vous, vos serviteurs, vos jeunes gens, ainsi que vos bêtes, il vous prendra tous et il vous prendra tout ! » Mais eux n’en démordent pas : nous voulons être comme les autres ! Et ils rajoutent naïvement : mais il ne nous arrivera pas ce qu’il arrive aux autres. Quelle illusion ! Quand on lâche Dieu pour devenir comme les autres, il y a toujours un prix à payer et ils vont le découvrir dans l’histoire.

Quand j’étais aumônier de prison, je distribuais beaucoup de bibles, il m’est arrivé une belle histoire avec un détenu, il s’appelait Eric. Il voulait vraiment lire la Bible, je lui ai conseillé de ne pas commencer par le début parce que c’était un peu compliqué, je lui ai montré où commençait le Nouveau Testament et je lui ai dit que ça serait plus simple de commencer par là. Quand je suis retourné le voir après une semaine, il en avait déjà lu les 2/3, mais il m’a dit : j’ai commencé par le commencement, moi je ne lis jamais un livre en commençant presque à la fin ! Je lui dis : et ce n’était pas trop compliqué ? Il me répond : non, ça parlait de moi, de mon histoire à toutes les pages ! Quelle belle réponse !

Eh bien, cette page du Premier Testament que j’ai commentée qui nous raconte comment le peuple a progressivement abandonné Dieu pour devenir comme les autres, elle parle de nous aussi ! Que de personnes qui abandonnent Dieu pour devenir comme les autres ! Et ça ne concerne pas que ceux qui perdent la foi et tournent le dos à l’Eglise. Ça peut nous concerner, nous aussi, assez régulièrement. 

Il y a tous les phénomènes de mode qui font que chacun veut être comme tout le monde. Je ne veux pas décrire en détail la manière dont vous vous mettez tous à ressembler à tout le monde, mais c’est assez visible ! Il y a les idées et les pratiques de tout le monde qu’on finit par adopter plus ou moins consciemment parce qu’on a peur de se faire larguer par les autres en se démarquant ! Il y a les péchés qu’on se met à commettre comme tout le monde parce qu’il n’y a pas de raison que nous soyons privés de tout ce que se permettent les autres.

Alors que nous sommes uniques et que c’est un point d’honneur pour Dieu de permettre à chacun d’être unique, nous, nous rêvons d’être comme tout le monde ! Est-ce que tu as déjà réfléchi que tu es tellement unique qu’il n’y a pas eu depuis les débuts de l’histoire de l’humanité un seul être humain qui te ressemble totalement ? Pourquoi vouloir devenir comme tout le monde quand Dieu t’a créé unique ? Pourquoi lâcher celui qui te permet de vivre sans te laisser entrainer par ce courant irrésistible qui finit par précipiter de plus en plus de monde vers le non-sens, la tristesse, la médiocrité ? Pourquoi ? Ce n’est pas moi qui te pose cette question, c’est Dieu lui-même qui te le demande ! Et quand il te le demande, tu n’entends pas les sanglots qu’il a dans la voix parce qu’il sait, Lui, le prix que tu vas payer en t’éloignant de Lui pour devenir comme tout le monde. As-tu oublié que Jésus a versé son sang pour toi, que c’est lui qui a payé le prix fort pour que tu aies la liberté de vivre en étant unique ? Alors avant de vouloir devenir comme tout le monde, pour vivre comme tout le monde, réfléchis bien !

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