2 août : vendredi 17° semaine ordinaire. La foi n’est pas un bouclier anti-missiles !

Nous continuons la lecture du prophète Jérémie, ce prophète courageux qui a dû exercer la plus grande partie de son ministère en ces temps troublés qui ont précédé la prise de Jérusalem en 587 et le grand exil d’une partie de la population à Babylone. Le début de la lecture situait le texte au début de la royauté de Joakim, c’est-à-dire une dizaine d’années avant la catastrophe. Une nouvelle fois, le Seigneur envoie son prophète en 1° ligne parce que tout le monde fonce droit dans le mur et personne n’en a conscience. Chacun se rassure en disant ou pensant : j’appartiens au peuple élu, ce peuple que le Seigneur a choisi donc il ne nous arrivera rien, le tonnerre gronde, les éclairs menacent mais la foudre ne pourra pas tomber sur nous ! Du coup, sûrs de cette protection que Dieu doit à ceux qu’il a choisis, chacun mène ses affaires comme il l’entend sans trop se préoccuper de la justice, de vivre en conformité avec l’Alliance.

Dans l’histoire récente, on a encore entendu des choses comme celles-là. Je me rappelle au moment de la crise du Covid, l’attitude et les paroles du président-dictateur du Burundi, pays de Claudine qui est là pendant un mois pour nous aider. Sa femme était pasteure dans une secte et avait prédit que Dieu épargnerait le Burundi qui ne connaitrait pas le Covid puisque ses dirigeants étaient ses bons serviteurs. Et le président a fini par mourir du Covid, évidemment, la communication officielle l’a caché en annonçant une crise cardiaque. Au Sénégal, pays du père Jean-Jo, avec nous également pour un mois, j’ai entendu le même discours. J’étais là-bas pendant le Covid et certains marabouts de sectes islamiques prétendaient que Dieu les épargnerait puisqu’ils étaient ses élus ! Du coup, ils ne prenaient aucune mesure sanitaire dans leurs rassemblements et ont propagé le virus, entrainant la mort de nombreux de leurs fidèles. Jamais Dieu ne se pliera aux exigences de ceux qui estiment que Dieu leur doit protection en raison de leurs statuts d’élus préférés.

C’est ce que le Seigneur veut dire à son peuple et c’est pour cela qu’il envoie Jérémie, une nouvelle fois, prêcher au cœur du Temple, pour annoncer qu’il ne sert à rien de revendiquer des privilèges particuliers, ce que le Seigneur attend de chacun des membres de son peuple, c’est une vie droite. Tous ceux qui font le mal, ce mal finira par venir sur eux dans un effet boomerang. Et n’allons pas y voir une punition de Dieu, c’est la conséquence logique de nos actes bien formulée par ce proverbe biblique : qui sème le vent, récolte la tempête ! Os 8,7. Cependant, à l’époque de Jérémie, on était encore persuadé que le mal qui nous arrivait était une punition de Dieu, il faudra que la Révélation progresse encore pour qu’on comprenne qu’il n’en est rien. 

Tout ce que je viens de dire nous invite donc à ne pas considérer la foi comme une assurance tout-risque comme si les chrétiens, à partir de leur baptême, avançaient dans la vie avec un parapluie au-dessus d’eux qui dévieraient les catastrophes sur les autres ! Je me rappelle comme curé, quand on préparait les baptêmes, beaucoup de parents disaient qu’ils demandaient le baptême pour que leur enfant soit protégé. Alors, il fallait expliquer que, même en étant chrétien, on pouvait tomber malade et gravement malade, avoir un accident … pourtant, c’est vrai, Dieu nous offrait une protection, et cette protection, c’est la protection contre le désespoir. Comme c’est important ! En effet, certains sont révoltés quand il leur arrive des problèmes alors qu’ils ont essayé de vivre en chrétiens. Du coup, il arrive qu’ils disent : j’aurais mieux fait de m’occuper de moi, de profiter de la vie ! La protection que Dieu nous accorde, c’est de ne jamais douter qu’une vie vécue et donnée dans l’amour finit toujours par fleurir et porter beaucoup de fruits. 

C’est tout cela que Jérémie devra expliquer par ses paroles fortes, mais, bien sûr on refusera de l’écouter, ce qu’il dit est tellement dérangeant.

Quant à l’Evangile, ce texte, nous l’avons entendu, il n’y a pas si longtemps, un dimanche, mais tiré de l’Evangile de Marc. Je ne le commenterai donc pas trop longuement, je souligne 2 points.

1° point : C’est consternant de voir que Jésus ne sera pas accueilli par ceux qui croient savoir qui il est puisqu’ils l’ont côtoyé depuis son enfance. Ne nous arrive-t-il pas aussi parfois d’enfermer certaines personnes dans ce que nous croyons savoir d’elles, nous empêchant ainsi d’entrer dans une vraie relation ?

2° point : Jésus nous prévient, il y aura une zone quasi-certaine d’échec lorsque nous chercherons à être des disciples-missionnaires, c’est dans notre patrie, parmi les nôtres. Un prophète n’est méprisé que dans son pays et dans sa propre maison Et c’est vrai que nous avons sans doute fait la douloureuse expérience que nous ne sommes pas les mieux placés pour évangéliser nos proches, c’est mon cas. Mais ne nous arc-boutons pas sur cette zone d’échec, laissons à d’autres le soin de faire ce que nous sommes mal placés pour faire et nous, allons partout ailleurs puisque, là, l’échec n’est pas programmé, il pourra survenir, mais beaucoup moins systématiquement. Cette parole de Jésus nous qui sommes envoyés comme disciples-missionnaires, nous devons donc l’entendre comme un encouragement à ne jamais baisser les bras.

C’est ce que nous demandons par l’intercession de Notre Dame de Laghet.

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