Nous venons de vivre une période de froid traditionnellement liée aux jours où l’on fête ces pauvres Servais, Pancrace, Mamert qui étaient sûrement de braves personnes mais qui ne sont connus que sous la dénomination de « saints de glace » ! J’ai l’impression que ce sont des saints mis pour l’éternité en chômage partiel parce que, avec une telle dénomination, il ne doit pas y avoir grand monde qui les invoque ! Qui voudrait invoquer un saint pour que ses salades ou ses fruits en formation se mettent à geler ? Donc si vous cherchez un intercesseur pour porter une de vos intentions, adressez-vous à Servais, Pancrace ou Mamert, leur carnet d’intercession ne doit pas être surbooké ! Mais, l’avantage, c’est que dès que leurs fêtes sont passées, ça sent vraiment les beaux jours qui arrivent et nous le constatons bien aujourd’hui ! Il y a comme ça des indicateurs qui ne trompent pas et qui nous permettent de nous repérer dans le temps.
Eh bien, il en va de même avec les textes de la liturgie, passé le 5° dimanche de Pâques, ils sentent la Pentecôte qui approche. C’est bien le cas en ce dimanche où la 1° lecture comme l’Evangile attisent notre désir de recevoir une nouvelle fois le St Esprit pour que nous en soyons profondément renouvelés. Oui, comme nous étions impatients de voir les beaux jours enfin s’installer, nous sommes impatients de voir la Pentecôte arriver. Et peut-être que cette année, nous sommes encore plus impatients que les autres années. Nous sommes sûrement dans la même attente que les apôtres. Pour eux aussi le temps devait paraître long, 50 jours à attendre avec cette dizaine de jours en confinement total au Cénacle, ça devait être long.
Eh bien, pour nous aussi, le temps nous parait long, non pas d’abord en raison du confinement, mais en raison de tout ce que nous vivons. Les apôtres étaient enfermés dans la peur, l’incertitude avec mille questions dans leur tête concernant la pertinence de leur vie donnée, concernant l’avenir de cette œuvre commencée par Jésus. Peut-être bien qu’un certain nombre d’entre nous sont travaillés par les mêmes questions et plongés dans le même brouillard que les apôtres. Alors la promesse de Jésus, maintes fois répétées à ses apôtres, du don du Saint Esprit devait éveiller chez eux un grand désir et ils devaient prier ardemment en disant : ne nous fais plus attendre, nous avons tellement besoin de l’Esprit-Saint ! C’est aussi notre prière à nous, en ce moment, et cette demande se fait plus insistante que jamais !
J’aimerais approfondir avec vous aujourd’hui les termes avec lesquels Jésus nous transmet sa promesse, du moins tels qu’ils nous sont rapportés dans l’Evangile de St Jean que nous venons d’entendre. « Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous : l’Esprit de vérité » et un peu plus loin : « Je ne vous laisserai pas orphelins. » Pour faire désirer le Saint Esprit à ses apôtres, il leur indique qu’il aura 3 fonctions essentielles, du moins ce sont ces trois-là que je retiens : Il assurera leur défense, il les gardera dans la vérité et leur permettra de ne pas rester orphelins. Aujourd’hui encore, le Saint Esprit assure ces 3 fonctions et nous sentons vraiment que nous avons besoin de cet Esprit qui nous défendra, qui nous tiendra dans la vérité et qui nous permettra de ne plus nous sentir orphelins. Nous allons reprendre rapidement chacune de ces fonctions qui mériteraient d’être largement plus développées, mais c’est ce que je ferai dans la retraite du mois de Juillet.
1/ Le défenseur. C’est clair que seuls ceux qui sont attaqués ont besoin d’un Défenseur. Et nous sommes attaqués actuellement. Je ne pense pas d’abord à certains articles d’une certaine presse et de certains auteurs malveillants tellement contents de se payer les Foyers de Charité. Non, je pense à Celui qui profite de cette situation troublée pour venir, masqué et de nuit, faire son œuvre. Vous l’aurez compris, je parle du Diviseur.
Il vient en étant masqué le gredin et, comme tout le monde est masqué en ce moment, il passe d’autant plus inaperçu et c’est ce qui lui plait le plus. Il n’est jamais autant à l’aise et efficace que lorsqu’il peut agir incognito. Et il agit toujours de nuit, d’abord, c’est toujours la nuit que se commettent les plus grands méfaits et il aime la nuit qui le laisse incognito, c’est pour cela qu’il profite de la nuit dans laquelle nous sommes plongés pour mieux agir. Rappelez-vous, j’en ai déjà parlé, dans l’évangile du bon grain et de l’ivraie, Jésus précise que c’est la nuit que travaille l’Adversaire et quand il vient la nuit, qu’est qu’il fait ? Il sème l’ivraie, qui, en grec, se dit zizanon … il sème la zizanie. Et quand il l’a semé, il se retire discrètement, mais en ayant laissé son poison ! Dans le contexte qui est le nôtre, plus que jamais, nous avons besoin de l’Esprit-Saint, le Défenseur qui nous permettra de résister à l’Adversaire venu semer la zizanie pour mieux étouffer le bon grain.
Mais nous avons aussi besoin du Défenseur parce que l’Adversaire utilise une arme redoutable, on dit même que c’est son arme favorite, le découragement. Peut-être que certains se posent ou seront tentés de se poser ce genre de questions : toute une vie donnée, tous ces sacrifice consentis pour arriver à ça … est-ce que ça en valait vraiment la peine ? Qu’il vienne le Défenseur pour nous garder de tout découragement.
2/ Jésus qualifie l’Esprit-Saint d’Esprit de vérité. Là encore, nous en avons bien besoin en ce moment parce que le Père du mensonge est à l’œuvre. Je pourrais longuement développer mais je laisse chacun de nous le faire, comme ça je suis sûr de ne blesser personne ! Que l’Esprit-Saint, l’Esprit de vérité nous garde de toute compromission avec le mensonge et pour nous y aider, je voudrais juste rappeler cette histoire que vous connaissez tous de cet homme qui vient voir Socrate en lui disant : il faut que je te dise quelque chose. Et vous connaissez la mise en garde de Socrate : je n’écouterai ce que tu as à me dire que si je suis sûr que tu l’as passé à travers 3 tamis : est-ce que ce que tu as à me dire est vrai, bon et utile ? Et comme l’autre n’était absolument pas sûr que ça soit vrai, bon et utile, Socrate lui a dit, en souriant, très important, ça veut dire sans agressivité : « Si ce que tu as à me dire n’est ni vrai, ni bon, ni utile, je préfère ne pas le savoir, et quant à toi, je te conseille de l’oublier ! » Voilà une belle règle de vie qu’il serait utile d’appliquer en tout temps, mais plus encore dans les temps que nous vivons !
3/ Jésus assigne à l’Esprit-Saint une mission fondamentale : ne pas laisser les disciples orphelins. Il s’agit des disciples d’hier comme ceux d’aujourd’hui. Evidemment, avec tout ce que nous avons appris, certains peuvent avoir le sentiment d’être devenus orphelins, d’avoir perdu leur père ou du moins de ne plus bien savoir comment se situer par rapport à lui, comment gérer l’immense héritage qu’il a laissé. Il y a quelques temps j’ai discuté avec un père de St Jean qui m’a parlé de l’ébranlement que ça a été pour lui et tous ses frères et sœurs. Alors les situations ne sont pas totalement comparables parce que l’ampleur et la justification honteuse des faits n’est pas comparable, mais la sensation d’être plus ou moins orphelins se retrouve dans bien des communautés. Ils peuvent sûrement nous aider, ceux qui ont traversé cela à nous-mêmes faire plus confiance à l’Esprit-Saint capable de guérir toutes les blessures et à propos duquel Jésus nous assure qu’il sait comment faire pour que nous ne restions pas orphelins. Il ne nous dit pas comment il s’y prendra, mais la promesse est là : il ne nous laissera pas orphelins.
Oh oui, viens Esprit-Saint toi le Défenseur envoyé par le Père qui nous gardera dans la Vérité et nous permettra de ne pas rester orphelins. Viens, nous avons tant besoin de toi.