17 novembre : mercredi 33° semaine Notre mère-courage à nous, c’est Marie !

Qu’elle était belle cette 1° lecture dans laquelle nous avons vu cette maman encourager ses fils à donner leur vie. Elle a accompagné les 6 premiers vers la mort en les exhortant à rester fidèles au Seigneur. Bien sûr, cette maman, son cœur est forcément broyé de les voir mourir les uns après les autres, victime de la folie sanguinaire du tyran, Antiochos Epiphane, qui voulait éradiquer la foi du peuple juif et qui était prêt à y parvenir par tous les moyens. Passant outre son instinct maternel, elle a les encouragés à donner leur vie par fidélité à la Loi en les affermissant dans leur foi en la vie éternelle, une foi assez nouvelle dans le développement de la Révélation. Elle a cette très belle parole : « C’est le Créateur du monde qui façonne l’enfant à l’origine, qui préside à l’origine de toute chose. Et c’est lui qui, dans sa miséricorde, vous rendra l’esprit et la vie, parce que, pour l’amour de ses lois, vous méprisez maintenant votre propre existence. » 

C’est très beau de voir que sa foi est plus forte que son instinct maternel ou plutôt que sa foi vient la travailler jusque dans son instinct maternel pour qu’elle puisse jouer son rôle de mère jusqu’au bout en soutenant ses enfants pour qu’ils puissent faire le choix d’une fidélité sans faille au Seigneur.

Et son attitude va être encore plus admirable vis-à-vis du dernier à qui Antiochos vient de faire des promesses terribles : s’il accepte d’abjurer sa foi, il sera riche et heureux. Quand on vient de voir mourir ses 6 frères d’une mort atroce, ces promesses pourraient légitimement bouleverser la capacité de réfléchir sereinement. Mais, ni ce 7° fils, ni la mère ne vont s’accrocher à ses promesses humaines, ils ne s’accrochent qu’aux promesses divines. Et la manière dont la maman encourage son fils est bouleversante : « Mon fils, aie pitié de moi : je t’ai porté neuf mois dans mon sein, je t’ai allaité pendant trois ans, je t’ai nourri et élevé jusqu’à l’âge où tu es parvenu, j’ai pris soin de toi. Je t’en conjure, mon enfant, regarde le ciel et la terre avec tout ce qu’ils contiennent : sache que Dieu a fait tout cela de rien, et que la race des hommes est née de la même manière. Ne crains pas ce bourreau, montre-toi digne de tes frères et accepte la mort, afin que je te retrouve avec eux au jour de la miséricorde. »

Relisant ce texte, la Tradition chrétienne verra dans l’attitude de cette femme une préfiguration de l’attitude de la Vierge Marie debout au pied de la croix. Elle restait debout alors qu’elle était accablée par une souffrance qui aurait pu la terrasser. Telle cette mère exemplaire de la 1° lecture, Marie voulait rester debout pour mieux encourager Jésus, pour qu’il puisse tenir et rester fidèle jusqu’au bout. 

Quand le chemin se fait difficile et que nous avons besoin d’être encouragés pour aller jusqu’au bout du don de nous-mêmes, n’hésitons pas à invoquer Marie, notre mère-courage, elle saura nous rejoindre et, à l’image de cette mère, elle saura trouver les mots pour nous encourager et nous montrer la fécondité de notre don. Quand nous serions tentés de reprendre ce que nous avons donné, quand nous serions tentés par le découragement en ne voyant aucun fruit au don de nous-mêmes, c’est vers elle qu’il faut nous tourner.

Si le vent des tentations s’élève, Si tu heurtes le rocher des épreuves. Si les flots de l’ambition t’entraînent, Si l’orage des passions se déchaîne : Regarde l’étoile, invoque Marie, Si tu la suis, tu ne crains rien ! Elle te conduit sur le chemin ! Dans l’angoisse et les périls, le doute, Quand la nuit du désespoir te recouvre. Si devant la gravité de tes fautes, La pensée du jugement te tourmente : Regarde l’étoile, invoque Marie. Si ton âme est envahie de colère, Jalousie et trahison te submergent. Si ton coeur est englouti dans le gouffre, Emporté par les courants de tristesse : Regarde l’étoile, invoque Marie, Si tu la suis, tu ne crains rien ! Elle te conduit sur le chemin ! Ce chant est un si bel écho à la relecture chrétienne que nous pouvons faire de cette 1° lecture.

Quant à l’évangile, il a un air de déjà connu ! Mais, nous sommes plus habitués à entendre cette parabole dans l’évangile de Matthieu qui parle des talents, les talents n’étant pas des qualités, mais une somme d’argent, tout comme les mines d’ailleurs dont il est question ici, mais la valeur de la somme n’a rien à voir, je vais y revenir. 

Dans l’Evangile de Luc, le contexte est bien différent de celui de la parabole des talents. Et c’est ce contexte qui va éclairer le sens de cette parabole. Je relis le début du texte : « Jésus ajouta une parabole : il était près de Jérusalem et ses auditeurs pensaient que le royaume de Dieu allait se manifester à l’instant même. » C’est bien ce que je disais hier, après la rencontre avec Zachée, Jésus prend courageusement le chemin de Jérusalem et c’est la dernière fois qu’il prend ce chemin. Les apôtres commencent à comprendre que l’aventure va bientôt se terminer et se terminer douloureusement. Mais certains se consolent en pensant que la fin de la vie de Jésus coïnciderait avec l’arrivée immédiate du Royaume. Eh bien Jésus répond que, non, ce n’est pas ce scénario qui va se dérouler : entre son mystère pascal et l’avènement du Royaume, il y aura le temps de l’Eglise et c’est de ce temps de l’Eglise qu’il veut parler dans cette parabole. Suivons donc le fil de l’histoire que Jésus raconte pour mieux comprendre

Avant de partir, le roi a remis à 10 serviteurs une somme. Dans cette parabole, contrairement à celle des talents, chacun reçoit la même somme, une mine. Le talent, c’est une somme exceptionnelle, un peu plus de 26 kg d’or, la mine, c’est vraiment moins important, 436 grammes, remarquez que ce n’est quand même pas nul !  Mais je crois qu’il ne faut pas trop phosphorer sur la somme, il convient plutôt de remarquer deux détails qui différent de la parabole des talents. 

  • 1° détail. Chacun des serviteurs reçoit donc la même somme et ce qui est intéressant, c’est le nombre de serviteurs qui reçoivent, ils sont 10. Or 10, dans le judaïsme, c’est le nombre minimum pour créer une communauté de croyants qui puisse proclamer publiquement la Parole de Dieu. On le voit encore aujourd’hui quand on va au mur des lamentations, quand les hommes forment un groupe de 10, ils peuvent sortir une espèce de belle petite armoire contenant les Ecritures et proclamer cette parole. A moins de 10, ils ne peuvent que faire une lecture individuelle. On peut donc, sans risque de se tromper, faire le parallèle : en remettant, cette somme à 10 serviteurs, c’est à l’Eglise que Jésus remet le soin d’accomplir sa mission dans l’attente de son retour. 
  • 2° détail. Jésus explique que, dans cette Eglise, chacun a reçu un don de la même importance. Personne ne pourra donc se défiler en comptant sur les autres puisque chacun a reçu un don équivalent, ce n’est sûrement pas le même don pour chacun, mais un don de même importance ! Nous pouvons nous rappeler cette parole si forte de Jean-Paul II dans Christi Fideles Laici disant : « Dans l’Eglise, il n’est permis à personne de rester sans rien faire ! » Puisque tous ont reçu le même don, tous doivent participer !

Il faudrait beaucoup de temps pour commenter la suite, je fais juste deux remarques :

  • Vous l’aurez remarqué, ceux qui ont utilisé ce qu’ils ont reçu sont récompensés, qu’ils aient beaucoup ou moyennement rapporté, ils sont récompensés. C’est vrai que dans l’Eglise, il y a des témoins, des évangélisateurs extraordinaires et, souvent les médias ont les projecteurs braqués sur eux … mais il y a aussi des évangélisateurs plus modestes, eh bien, eux aussi, le Seigneur les récompensera. C’est réconfortant pour vous et moi, parce que je pense que nous n’avons pas la prétention de nous classer dans les évangélisateurs extraordinaires !
  • Mais, si nous ne sommes pas dans les extraordinaires, j’espère que nous ne sommes pas dans les médiocres ! Et c’est la 2° remarque que je vais faire. Dans le texte, il y a celui qui n’a rien fait avec ce qu’il a reçu. Enfin si, il l’a enveloppé dans un linge, mais c’est dommage qu’on ne traduise pas exactement le mot grec, car c’est le mot suaire. Lui, ce qu’il a reçu, il l’a enveloppé dans un suaire. Pour lui, c’est mort, comme on dit. Il a une vision tellement négative de son maître qu’il n’a pas le minimum de confiance qui permet de se risquer. Ce détail est très intéressant parce qu’on voit que notre ardeur à évangéliser dépendra de notre foi, c’est-à-dire de notre relation confiante au Seigneur et de notre espérance en la capacité de son Eglise à le rendre présent. Sortons le plus vite possible, tous ces dons que nous avons enterrés ou rangés dans un suaire. 

Demandons à Marie, notre mère-courage, de nous accompagner pour que nous puissions rendre féconde la mission que le Seigneur nous a confiée au sein de l’Eglise. Qu’elle nous aide à aller jusqu’au bout du don de nous-même car la fécondité est à ce prix.

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