17 mai : samedi 4° semaine Pâques … faire des oeuvres plus grandes que Jésus, est-ce possible ?

Les événements qui nous sont rapportés se sont passés à Antioche de Pisidie qu’il ne faut pas confondre avec Antioche de Syrie. Antioche de Syrie, c’est cette belle communauté fondée par des laïcs où les disciples de Jésus ont reçu pour la 1° fois le nom de « chrétiens. » Antioche de Pisidie, c’est dans l’actuelle Turquie. Ce fut une étape importante au début du 1° voyage missionnaire de Paul et qui va se terminer de manière un peu compliquée. A la synagogue, ça s’était bien passé, nous l’avons entendu dans les lectures de jeudi et vendredi, Paul et Barnabé avaient pu expliquer aux juifs que Jésus arrivait bien comme celui qui accomplissait les Ecritures et leurs promesses.

Mais, le sabbat suivant, il va y avoir une intervention des responsables juifs, la moutarde leur est montée au nez, c’est ce qui nous était rapporté : « Quand les Juifs (entendez les responsables religieux) virent les foules, ils s’enflammèrent de jalousie ; ils contredisaient les paroles de Paul et l’injuriaient. » Et il faut croire que ces responsables ont réussi à retourner la foule puisque Paul et Barnabé vont dire : « C’est à vous d’abord qu’il était nécessaire d’adresser la parole de Dieu. Puisque vous la rejetez, nous nous tournons vers les nations païennes. » Et, comme on le dit : à toute chose, malheur est bon, cette décision va remplir de joie le cœur des païens qui étaient là, ils vont être nombreux à se convertir et devenir missionnaires et, dit le livre des Actes : « C’est ainsi que la parole du Seigneur se répandait dans toute la région. »

Ce succès va encore plus énerver les responsables religieux, les poussant à dresser contre Paul et Barnabé les femmes des familles les plus influentes de la ville. Barnabé et Paul vont être contraints de quitter plus rapidement que prévu la ville, accomplissant le fameux geste prescrit par Jésus dans l’Evangile : ils secouent la poussière de leurs pieds pour bien montrer qu’ils n’emportent aucune rancune, du moins, c’est ainsi que j’interprète ce geste. En cela ils nous donnent une belle leçon : ne jamais nous laisser arrêter par les échecs, aller toujours plus loin sans emporter aucune rancune.

Venons-en à l’Evangile. Avant de m’arrêter sur le dialogue entre Jésus et Philippe, je voudrais commenter brièvement deux versets qui peuvent poser question.

  • Le 1°, c’est : « Amen, amen, je vous le dis : celui qui croit en moi fera les œuvres que je fais. Il en fera même de plus grandes, parce que je pars vers le Père. »  Avant de parler des œuvres plus grandes, il faut d’abord s’arrêter sur cette promesse : celui qui croit en moi fera les œuvres que je fais. C’est bien cette promesse qui explique pourquoi, dans ce sanctuaire, chaque 3° samedi du mois, nous proposons ces temps de prière de guérison. Nous croyons vraiment en la promesse de Jésus, nous croyons que Jésus tient ses promesses et qu’il nous donne d’accomplir, en son nom, par sa puissance, les mêmes œuvres que lui. Maintenant, interrogeons-nous : est-ce vraiment possible de faire de plus grandes œuvres que Jésus ? La promesse est étonnante, il faut en convenir, mais elle est vraie. En effet, quand Jésus était à Capharnaüm, il ne pouvait faire du bien qu’à Capharnaüm, idem quand il était à Jérusalem. Maintenant sa puissance de ressuscité peut agir en même temps dans le monde entier. Partout où cette puissance est invoquée de grandes œuvres peuvent se réaliser en même temps. C’est donc bien vrai, aujourd’hui ce qui se fait est plus grand, plus déployé.
  • Le 2° verset qui peut nous poser problème, c’est : « tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai. Quand vous me demanderez quelque chose en mon nom, moi, je le ferai. » Nous aurions tous envie de dire à Jésus : mon œil ! Je t’ai demandé telle et telle chose et je n’ai rien reçu. Quand ce sont de petites grâces, on s’en remet, mais quand des personnes prient pour la guérison d’un papa, d’une maman, d’en enfant, pour leur propre guérison et que rien ne vient sinon la mort, c’est plus difficile à s’en remettre. Peut-être faut-il s’arrêter sur le « en mon nom » pour nous interroger. D’abord, est-ce que ce que nous demandons, est-ce que ce que je demande, je le demande dans le nom de Jésus ? Il y a un refrain de Prière Universelle qui, certes, s’adresse à Marie mais qui pourrait tout à fait nous aider à comprendre ce que signifie « demander dans le nom de Jésus. » Vous connaissez peut-être ce refrain : « Ô Marie, prends nos prières, purifie-les, complète-les, présente-les à ton fils. » Eh bien, si nous mettons Jésus à la place de Marie, nous aurons une belle explication de ce que signifie « demander dans le nom de Jésus. » « « Ô Jésus, prends nos prières, purifie-les, complète-les, présente-les à ton Père. » Si nous prions dans le nom de Jésus, ça signifie que nous lui demandons de purifier nos prières qui ont souvent besoin de l’être et de les compléter. Une fois qu’elles seront passées par les mains et le cœur de Jésus, elles ne seront donc plus tout à fait les mêmes.

Je dis encore quelques mots pour souligner la beauté du dialogue entre Jésus et Philippe « Montre-nous le Père et cela nous suffit ! » dit Philippe. Je ne sais pas si je suis capable de dire ça ! Oui, bien sûr que je suis désireux d’être en grande communion avec le Père. Mais est-ce que je peux dire en vérité que ça me suffit, que c’est le moteur de ma vie, que tous mes désirs sont accomplis dans ce grand désir ? Théologiquement, mystiquement, oui, bien sûr, mais dans le concret de ma vie, est-ce que je peux dire en vérité : « Montre-moi le Père et cela me suffit ! »

En écrivant cela, me revenaient en mémoire les paroles du très beau chant qui met en musique la prière de St Ignace et qui peut être une belle manière de nous approprier la demande de Philippe : « Prends, Seigneur, et reçois toute ma liberté, ma mémoire, mon intelligence, toute ma volonté. Reçois tout ce que j’ai, tout ce que je possède, c’est toi qui m’as tout donné, à toi, Seigneur je le rends. Tout est à toi, disposes-en, selon ton entière volonté, et donne-moi ta grâce, elle seule me suffit. Et donne-moi, donne-moi, donne-moi seulement de t’aimer. » 

Je nous invite donc à oser dire à la suite de Philippe : « Montre-moi le Père et cela me suffit ! » Peut-être qu’en le disant nous ne serons pas totalement sincères, mais je peux nous rassurer en disant que nous serons à tout coup dans la vérité. Oui, c’est bien la vérité : seul le Père du ciel peut répondre à tous les désirs infinis qui habitent notre cœur. Le drame aujourd’hui, c’est que nous sommes dans une société qui est plus préoccupé de sincérité que de vérité. 

Demandons cette grâce à Notre Dame de Laghet de travailler d’abord pour la vérité en croyant que c’est en étant de plus en plus vrai que nous deviendrons peu à peu de plus en plus sincères !

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