18 février : que peut-il nous manquer quand Jésus est là ?

Hier, dans l’Evangile, nous avons entendu la réticence de Jésus à utiliser les miracles et j’avais développé deux raisons fondamentales :

  • D’une part, Jésus ne veut pas contraindre les foules à croire. Je le disais la foi ne peut jamais être le résultat de l’abdication de notre intelligence devant une évidence qu’on ne pourrait plus nier. ? La foi ne peut naître que d’une adhésion du cœur qui entre dans une relation de confiance amoureuse. Que vaudrait la foi de quelqu’un qui dirait :  je crois parce qu’avec des preuves, comme les miracles, je ne peux pas faire autrement ? 
  • Et d’autre part, Jésus ne veut pas épater les foules parce qu’il perçoit l’ambiguïté des miracles. Les gens qui en sont les témoins s’arrêtent au merveilleux du miracle mais ne vont pas jusqu’à reconnaître que Celui qui les accomplit est l’Envoyé de Dieu. Je vous avais cité le proverbe chinois : quand le sage montre la lune, l’idiot regarde le doigt ! Le miracle est un signe, il ne faut pas s’arrêter au signe mais aller jusqu’à Celui que le signe désigne comme l’envoyé de Dieu.

Et c’est bien cette inintelligence que Jésus reproche à ses apôtres dans le passage que nous venons d’entendre. Ils ont participé, en étant aux premières loges, au miracle de la multiplication des pains et voilà, que dans la barque, ils s’inquiètent parce qu’ils ont oublié d’acheter du pain ! C’est à peu près comme si le chauffeur d’un camion livrant du gas-oil s’inquiétait de tomber en panne sèche parce qu’il a oublié de faire le plein avant de partir !

Les apôtres ont vu le miracle, mais ils en sont restés au miracle qui a sûrement renforcé leur admiration pour Jésus mais le miracle ne les a pas fait avancer dans la foi, leur inquiétude en est une preuve caricaturale ! Quand le sage montre la lune, l’idiot regarde le doigt … et, là, les apôtres jouent vraiment le rôle d’idiots, à tel point que Jésus est obligé de le leur faire remarquer par deux fois : « Vous ne saisissez pas ? Vous ne comprenez pas encore ? Vous avez le cœur endurci ? » et il reprend cela à la fin du texte : « Vous ne comprenez pas encore ? »

C’est un peu comme si Jésus leur disait : mais de quoi pouvez-vous manquer d’essentiel quand je suis avec vous ? C’est le même reproche qu’il leur fera au moment de la tempête apaisée. La tempête semble impressionnante, même pour ces pêcheurs habitués aux caprices du lac, mais Jésus est là … d’accord, il dort, mais il est là et ça devrait suffire à les rassurer. Quand Jésus est là, rien de dramatique ne peu m’arriver. Et vous savez que, dans l’Evangile, de manière habituelle, le contraire de la foi n’est pas le doute mais la peur. C’est d’ailleurs ce que Jésus fait remarquer dans le récit de la tempête apaisée : Pourquoi avez-vous peur ? et il rajoute : Pourquoi manquez-vous de foi ? C’est un peu le même reproche qu’il fait aujourd’hui à ses apôtres : mais enfin, je suis là, ça ne suffit pas à vous rassurer ?

Vous comprenez bien que tout ça n’est pas qu’une histoire du passé, ce questionnement nous rejoint de manière existentielle aujourd’hui. Ce que je vais dire est un peu dur, mais je me mets dans le lot pour entendre cette parole : nous, ce que nous aimerions finalement, c’est de ne jamais avoir besoin de poser des gestes de foi ! Seigneur, il serait tellement plus simple qu’il n’y ait pas de tempête ! Seigneur, il serait tellement plus simple que tu veilles à ce qu’on n’ait rien oublié en montant dans la barque … après tout, tu es le Fils de Dieu, tu sais tout, tu vois tout, donc tu peux te rendre compte qu’on a oublié le pain et nous le faire remarquer avant qu’on embarque !

On aimerait ne jamais traverser des difficultés, des épreuves et on promet à Jésus : si tu m’épargnes tous les problèmes, tu verras comme je vais t’aimer, te louer ! Ce qui revient finalement à dire : ce que j’aimerais, c’est de ne jamais être obligé de poser des gestes de foi !

Arrivés au point où nous en sommes, il est bon d’entendre les paroles de la première lecture dans laquelle St Jacques nous rappelle que les problèmes, les épreuves, les tentations ne viennent pas de Dieu. Rappelons-nous cette affirmation de St Jacques : « Dieu ne peut être tenté de faire le mal ! » En méditant ce texte m’est revenu en mémoire cette parole de Marthe que j’aime bien citer car elle remet bien les pendules à l’heure ! Marthe disait : « La douleur, la souffrance ne vient pas du ciel, mais le secours en vient et le bonheur en est. Jésus seul, l’ami véritable, l’ami cher, le bien-aimé peut nous soutenir efficacement dans toutes nos peines et nos difficultés. »

Ce que les apôtres n’arrivaient pas à comprendre, Marthe l’avait très bien compris, qu’elle nous aide à le comprendre à notre tour et à avancer dans la foi, c’est-à-dire à renoncer à toute peur : Seigneur, je crois que lorsque je te prends avec moi, quelles que soient les circonstances de ma vie, je ne manquerai jamais de l’essentiel ! Et comme il est difficile de ne pas l’oublier quand nous sommes dans la tempête, que le Seigneur nous envoie des frères et sœurs qui viendront à nos côtés nous le rappeler par leur présence bienveillante.

Cette publication a un commentaire

  1. wilhelm richard

    je peux dire que vous êtes complètement zélé. Remarquez bien que j’ai mis un z et non un f.
    et moi, si je vous pointe du doigt, est-ce que l’on va vous prendre pour un zélé ou un idiot ?
    je vous rassure, quoi que l’on pense de vous, Dieu vous aime quand même, et cela c’est un miracle au quotidien.
    merci pour celui que vous êtes !!!!!!

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