Ecoutant la 1° lecture, on pourrait être tenté de se dire : mais en quoi ça nous intéresse d’entendre parler de Démas, Crescent,Tychique, Carpos, Alexandre, le forgeron, des livres dont Paul a besoin, de son manteau oublié. Oui, en quoi ça nous concerne ? Je répondrai en développant 2 points.
- D’abord, ces détails insistent sur le côté bien incarné de l’annonce de l’Evangile. Je me souviens, quand j’étais curé, de cette paroissienne âgée que j’avais rencontrée au supermarché et qui était tout étonnée que je fasse mes courses, elle n’en revenait pas ! Je lui ai dit que, comme elle, j’avais besoin de manger et que ce n’étaient pas les anges qui me livraient mes repas ! Les évangélisateurs sont des êtres incarnés, Paul aime le souligner en donnant ces détails concernant ses livres, son manteau.
- Et puis la liste de ces noms nous dit aussi quelque chose de très important. Paul, au cours de ses lettres va citer 58 noms de collaborateurs et 14 collaboratrices qui lui sont chers. En faisant cela, il ne voudrait pas qu’on oublie ceux qui sont dans les coulisses. Dans un spectacle si la vedette était seule, il ne se passerait rien ! Pour qu’elle soit dans la lumière, il faut des éclairagistes, des sonorisateurs et des maquilleurs et tant d’autres. Sans ces personnes, la vedette ne serait rien ! Eh bien, en citant ses collaborateurs, Paul veut manifester qu’il a bien conscience que, sans eux, il ne pourrait pas accomplir le ministère qui lui a été confié. Que ceux qui ont des responsabilités n’oublient jamais que, sans leurs collaborateurs, ils ne seraient rien ! Et si vous êtes de précieux collaborateurs de l’ombre sachez que votre présence est indispensable … même quand on oublie de vous remercier !
Ceci dit, au milieu de cette liste, Paul mentionne aussi Alexandre le forgeron, en précisant qu’il lui a fait beaucoup de mal et qu’il faut s’en méfier. C’est encore le réalisme de l’incarnation : la bonne nouvelle ne s’annonce pas dans le monde des Bisounours et qu’il faut donc être prêt à souffrir tout ne se passera pas comme on le souhaiterait !
De l’Evangile, je voudrais retenir également 2 points
- C’est le début de l’Evangile qui m’inspire le 1° point : parmi les disciples, le Seigneur en désigna encore 72. Et vous avez entendu le petit mot « encore » qui est si important. Pour Jésus, c’est bien clair, il n’y aura jamais assez d’évangélisateurs. C’est bien ce qu’il dit : La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. Et vous avez entendu, ce ne sont pas des semeurs que le Seigneur attend, mais des moissonneurs. Sa Parole fait son travail dans les cœurs et ensuite, il faut récolter les fruits du travail de la Parole dans les cœurs et c’est là qu’il manque terriblement d’ouvriers ! Et c’est bien vrai, par exemple, on voit de plus en plus d’adultes se présenter dans les paroisses pour demander le Baptême ou plus fréquemment la 1° communion, la confirmation et c’est souvent un casse-tête pour les curés : qui va pouvoir accompagner ces personnes ? On ne peut pas les mettre sur liste d’attente ! : La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. Quant aux vocations sacerdotales ou religieuses, je ne vous fais pas de dessin, elles manquent tellement ! Alors ne nous lassons pas de prier pour que le maître envoie des ouvriers pour sa moisson. Et tendons l’oreille, peut-être nous appelle-t-il, à en faire un peu plus pour participer à la mission, soit en étant en 1° ligne ou en agissant comme des collaborateurs discrets !
- Enfin, je souligne ce choix de Jésus d’envoyer les disciples 2 par 2. La mission n’est pas un one man show ! Seul, on pourrait se mettre en avant, finir par s’annoncer soi-même, se faire admirer, à deux il y a moins de risque … sans compter qu’à deux, on se rassure, on s’encourage, on se complète. Prions donc aussi pour que les ouvriers de la moisson, quand ils ont entendu l’appel renonce à jouer perso comme on dit au foot !
Tout cela nous le demandons par l’intercession de Notre Dame de Laghet et de St Luc que nous fêtons aujourd’hui et qui fut ce collaborateur précieux, discret et jouant le jeu de la communauté.