19 juin : Sacré-Coeur fête de l’excès d’amour !

INTRODUCTION CÉLÉBRATION : C’est le 27 décembre 1673 que Marguerite-Marie Alacoque, religieuse visitandine, au couvent depuis seulement 2 ans ½, bénéficie d’une première apparition de Jésus la serrant contre son cœur pour lui faire découvrir les merveilles de Son amour. Elle bénéficiera au moins de deux autres visites du Seigneur Jésus, dont la dernière au cours de laquelle, Jésus, tout en lui montrant son cœur brûlant, lui adressera les paroles suivantes : « Voici ce Cœur qui a tant aimé les hommes qu’il n’a rien épargné jusqu’à s’épuiser et se consommer pour leur témoigner son amour. Et pour reconnaissance je ne reçois de la plupart que des ingratitudes ». La fête du Sacré Cœur est donc une grande fête de l’amour, de cet amour déversé à flots sur l’humanité.

Et c’est en 1995 que le saint pape Jean-Paul II a voulu compléter le sens de cette fête en en faisant la journée de sanctification pour les prêtres précisément parce que ce sont eux qui ont été choisis pour répandre ces flots d’amour sur le monde par la célébration des sacrements et par l’exercice du ministère exercé dans la plus grande charité pastorale. On demandait un jour au curé d’Ars pourquoi il fallait prier pour les prêtres, il a répondu : « les prêtres ont besoin qu’on prie pour eux parce que de leur sainteté dépend la sainteté de beaucoup de fidèles. »

C’est avec ces deux dimensions de la fête du Sacré Cœur que nous entrons dans la célébration de cette messe, priant pour que notre monde puisse accueillir ces flots d’amour que le Seigneur ne cesse de déverser sur l’humanité et priant pour que le cœur des prêtres soit toujours plus semblable au cœur de Jésus. Dans l’action de grâce, accueillons les flots de son amour miséricordieux qu’il ne se fatigie jamais de répandre en abondance sur nous.

HOMÉLIE : Quelqu’un qui est super-bon en sport, on va dire de lui qu’il est un sacré champion. Un enfant particulièrement espiègle, on dira de lui que c’est un sacré numéro. Une personne qui fait divinement bien à manger, on dire que c’est un sacré cuisinier ou une sacrée cuisinière ! Eh bien moi, c’est dans cette ligne d’interprétation que je comprends les mots qui désignent cette fête : Sacré Cœur. Pour moi, le Sacré Cœur de Jésus, ce n’est pas un cœur avec 1000 auréoles le rendant totalement inaccessible, non ! Parler du Sacré Cœur, c’est dire de Jésus ce qu’on dit de quelqu’un qui a tellement de talents que c’est un sacré champion. Oui, Jésus est champion de l’amour toutes catégories, détenant des records qu’il a pulvérisés.

Il me semble que c’est ainsi qu’on peut comprendre les lectures d’aujourd’hui qui parlent finalement d’un excès d’amour. Mille générations seront bénies pour une seule personne qui aime le Seigneur nous disait la 1° lecture. Si ce n’est pas de l’excès, ça, alors je n’y comprends plus rien ! Et dans la 2° lecture qui ne comportait que 9 versets, il y a 16 fois le mot amour ! Si, vous les jeunes vous vous amusiez à mettre, dans une rédaction, 16 fois le même mot en 9 lignes, vous auriez des grosses remarques en rouge répétition, répétition ! Oui, St Jean a écrit cette lettre pour nous parler de l’excès d’amour du Seigneur à notre égard.

Et dans l’Evangile, cet excès d’amour je le vois encore souligné dans les deux paragraphes que comporte ce texte. Pour en parler, vous me permettrez de vous donner mon témoignage personnel.

  • La 1° partie de l’Evangile parle de l’excès d’amour du Seigneur à l’égard des petits. « Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. » Combien de fois j’ai pu vérifier dans mon ministère que c’était vrai, le Seigneur déversait des flots d’amour sur les petits et ça leur donnait une connaissance de la foi bien plus juste que celle que pouvait avoir de grands théologiens. Je l’ai vérifié dans mon ministère d’aumônier de prison, mais aussi auprès de personnes fragilisées par la grande pauvreté ou le handicap. Et je peux vous raconter cette histoire. Je participais à la catéchèse d’un groupe de jeunes handicapés mentaux, dans ce groupe, il y avait Marie-Christine qui, en plus du poids de son handicap, devait porter le poids des conséquences d’un abus sexuel perpétré par son propre père. Un jour, avant Noël, nous avions une rencontre et je m’étais fixé comme modeste objectif que ces jeunes soient capables de redire le nom de Jésus quand je leur demanderai comment s’appelait le bébé qui était né. J’avais donc dû me débrouiller pour prononcer 100 fois ne nom de Jésus en ½ heure pour qu’ils arrivent à retenir ce nom. Et, à la fin, quand je fais le test en posant la question : comment s’appelait le bébé qui est né ? Personne ne peut répondre, déception ! C’est alors que Marie-Christine me dit : je crois qu’il s’appelle la Vie ! J’en ai eu les larmes aux yeux en l’entendant. C’était tellement plus beau que si elle avait été capable de redire le nom de Jésus. Le Saint Esprit avait mis dans son cœur toute la théologie de St Jean : il s’appelle l’Amour ! « Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. » Et à chaque fois que nous nous reconnaissons suffisamment pauvre et petit, le Saint Esprit peut opérer les mêmes merveilles en nos cœurs, il peut nous remplir du même excès d’Amour qui nous donnera une connaissance de plus en plus juste du mystère de la Foi et qui nous permettra d’aimer de cet excès d’amour que nous recevons.
  • La 2° partie de l’Evangile parle encore de cet excès d’amour avec une image qui a profondément touché mon cœur à un moment où j’étais à la peine dans mon ministère. Le Seigneur m’a fait cette grâce de ne jamais regretter, même l’espace d’une seule seconde, de lui avoir donné ma vie en devenant prêtre. Mais il y a eu un moment où, sans doute à cause d’une grande activité, je me suis contenté d’une vie spirituelle médiocre. Conséquence : je perdais ma joie. Je ne regrettais rien de mon choix de vie, mais je me mettais à exercer mon ministère sans passion comme une fonction … évidemment, dans ces conditions, il n’y a plus beaucoup de fécondité dans ce que nous entreprenons. Je perdais ma joie et devenais de plus en plus fatigué. Alors, j’écoutais avec envie l’invitation de Jésus entendue dans l’Evangile : « Venez à moi, vous tous qui n’en pouvez plus, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. » Mais la suite m’interrogeait beaucoup : comment le fait de prendre un joug pourrait me soulager ? Vous savez le joug, c’est une très lourde pièce de bois qui permettait d’atteler deux vaches ou mieux deux bœufs pour qu’ils tirent ensemble. Et un jour, l’Esprit-Saint m’a éclairé, il m’a fait comprendre que ce n’était pas le fait de me charger d’un joug qui me reposerait. J’ai compris que Jésus me présentait ce joug pour me dire : tu perds ta joie, tu te fatigues parce que, à cause de ta médiocrité spirituelle, tu portes tout, tout seul, tu mènes tes projets tout seul, si tu prends ce joug, il y aura une place pour moi à côté de toi, et tu ne seras plus jamais seul. D’ailleurs, vous le savez peut-être, le mot conjoint vient du mot joug, les conjoints ce sont qui se mettent sous le même joug parce qu’ayant expérimenté leur pauvreté, leur fragilité, leur faiblesse disent au bien-aimé : veux-tu que nous portions à deux ce que ni toi, ni moi, ne serions capables de porter seuls ? Et, bien sûr, le mariage, c’est un joug à trois places car sans le Seigneur, l’attelage risque vite de devenir disharmonieux !

Oui, la fête du Sacré Cœur, c’est la fête de l’amour excessif déversé sur notre humanité et donc sur chacun de nous. Mais alors peut-être que certains vont se dire : comment se fait-il que ça ne marche pas mieux pour moi ? Comment se fait-il que mon cœur soit si souvent sec ? Quand il pleut de la pluie, il vaut mieux avoir un parapluie et l’ouvrir, mais quand il pleut de l’amour, il vaut mieux fermer le parapluie ! Peut-être que si mon cœur reste trop sec, c’est que j’ai un parapluie de protection, d’égoïsme ouvert en permanence. Ou alors peut-être est-ce le signe que je ne vais pas là où ça pleut préférant rester à l’abri ! Ce qui est sûr, c’est que le Seigneur veut nous inonder de ces flots d’amour qui jaillissent de son cœur et pas nous inonder seulement le jour de la fête du Sacré Cœur, mais nous inonder chaque instant de notre vie pour que, peu à peu, notre cœur devienne vraiment semblable au sien.

Cette publication a un commentaire

  1. Adéline

    Ah bon, vous êtes POUR le mariage à 3 vous ???
    Ah ben dis donc, je ne suis pas déçue du voyage…
    😉 😉 😉

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