2 juillet : 13° dimanche temps ordinaire. Formation intensive pour ceux qui entendent l’appel à devenir disciples-missionnaires !

Je l’ai expliqué dimanche dernier, l’Evangile de Matthieu est très bien structuré et comme Matthieu adresse son Evangile à des juifs, il a regroupé tous les enseignements de Jésus en 5 grands discours pour que Jésus apparaisse comme le nouveau Moïse. Nous sommes toujours dans le 2° grand discours de Jésus qu’on appelle le discours apostolique et qui regroupe un certain nombre de paroles de Jésus destinées à former le cœur de ses disciples, ceux d’hier et ceux d’aujourd’hui. J’espère que nous voulons tous répondre à l’appel du pape qui invite tous les baptisés à devenir des disciples-missionnaires, cet appel il l’a formalisé dans Evangelii Gaudium mais il l’a relayé dans tant d’autres interventions. Alors si nous voulons devenir disciples-missionnaires, il nous faut suivre une formation et, pour cette formation, pourrions-nous rêver meilleur formateur que Jésus lui-même ? Dimanche dernier, nous avions entendu la 1° grande partie de ce discours de formation des disciples-missionnaires, je dis 1° grande partie car il y avait déjà eu, le dimanche d’avant, quelques versets qui suivaient l’appel des apôtres, et ce dimanche, nous entendons la 2° partie. 

Cette 2° partie, elle est elle-même composée de deux parties ! Nous pourrions être tentés de vite passer à la 2° partie qui dit ce que nous gagnerons si nous acceptons de devenir disciples-missionnaires. Il y a deux points qui sont développés

  • 1° point : nous serons tellement unis à Jésus que nous le représenterons, nous serons comme les ambassadeurs de Jésus ; dès lors, nous accueillir, ça deviendra équivalent à accueillir le Seigneur lui-même, pas mal comme perspective ! Qui vous accueille m’accueille ; et qui m’accueille accueille Celui qui m’a envoyé.
  • Le 2° point insiste encore sur la qualité de l’accueil qui doit être réservé à ceux que le texte appelle les prophètes et que le pape préfère appeler les disciples-missionnaires. Là encore, c’est une belle perspective et on en a eu un très bel exemple dans la 1° lecture avec cette Sunamite qui aménage une chambre pour que le prophète puisse venir quand il voudra chez eux. Jésus vivra la même qualité d’accueil à Béthanie chez Lazare, Marthe et Marie.

Donc, comme je le disais, cette 2° partie du discours apostolique de Jésus, elle est plutôt encourageante pour ceux qui veulent s’engager à devenir toujours plus disciples-missionnaires. Mais la 1° partie, elle aurait plutôt tendance à nous décourager ! Rappelez-vous, cette 1° partie comportait 3 sentences :

  • La 1° invitait à préférer Jésus à ses parents ou à ses enfants
  • La 2° invitait à suivre Jésus de tellement près qu’on portera, nous aussi, notre croix
  • La 3° invitait à oser envisager qu’il serait préférable de perdre sa vie pour mieux suivre Jésus

Autant le dire clairement, je ne suis pas sûr qu’on arrive à recruter une armée de disciples-missionnaires enthousiasmés avec un tel programme ! Pourtant si Jésus l’a dit, c’est bien qu’il devait le dire et s’il voulait et devait le dire, c’est bien parce qu’il nous aime. Alors, essayons de comprendre ce que Jésus a voulu dire ou plutôt, je vous partage ce que j’ai compris, ce que le Saint-Esprit est arrivé à me faire comprendre de ce que Jésus a dit dans ces paroles si particulières.

1° sentence : Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi. 

Souvent les commentateurs s’en sortent en disant que Matthieu a tenu à rapporter cette parole de Jésus qui invite à la radicalité car, au moment où il écrivait son Evangile, la communauté vivait une persécution. C’est vrai ! Et c’est vrai qu’en temps de persécution, il y a des choix radicaux à faire. Oui, mais l’Evangile ne s’adresse pas seulement à ceux pour qui Matthieu écrivait vers les années 70. Ces textes sont devenus Parole de Dieu, c’est-à-dire qu’ils s’adressent à tous les hommes de tous les temps. Alors d’autres vont s’en sortir en disant : cette parole est adressée à ceux qui sont appelés à se donner dans la radicalité d’une vocation qui exige une rupture totale avec un environnement familial. Je ne crois pas que ce soit vrai. Je l’ai dit, ce discours est une formation pour tous ceux qui veulent devenir disciples-missionnaires, pas seulement les bonnes sœurs et les curés ou encore les moines !

En fait, je crois que cette parole est bien plus simple à comprendre qu’il n’y parait et que, de fait, elle pose une question très pertinente. La question que Jésus pose, c’est la suivante : est-ce que tu m’aimes avec des restes d’amour, ce qui te reste quand tu as aimé ceux que tu préférais ? Ou est-ce que tu m’aimes vraiment ? Il ne viendrait à l’idée de personne d’inviter des amis à manger en leur disant au début du repas : je ne vous ai fait que des restes car je préfère ma famille et c’est à eux seuls que je fais de bons plats, les autres, chez moi, doivent se contenter de restes ! Est-ce que, chez moi, Jésus doit se contenter de restes ? Est-ce que je l’aime uniquement avec des restes de temps quand j’ai fini de faire ce que je préférais faire, quand j’ai fini de faire ce que je devais faire ? Oui, c’est une très bonne question et elle se pose bien à toutes et à tous, en tous cas à tous ceux qui veulent devenir disciples-missionnaires : est-ce que j’aime Jésus uniquement avec des restes ?

2° sentence : Celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas n’est pas digne de moi. Étymologiquement, le disciple, c’est celui qui marche derrière. Donc, c’est bien clair, si je veux être disciple-missionnaire, il faut que j’accepte de marcher derrière Jésus. C’est-à-dire qu’il faut déjà que je renonce à marcher devant en disant à Jésus : moi, je sais ce que je veux, marche derrière-moi et pousse pour que ça aille plus vite ! Non, marcher derrière Jésus, le suivre, lui. Ça veut donc dire aussi qu’il faut que je renonce à marcher derrière qui que ce soit qui prétendrait prendre la place de Jésus ou que je mettrais à la place de Jésus. On a vu les dégâts causés par ceux qui ont su tirer les bonnes ficelles pour devenir des gourous ou qui n’ont pas su refuser la place qu’on leur donnait car elle n’était pas la leur. Très bien, mais Jésus rajoute encore un détail qui, en fait, est loin d’être un détail, non seulement, il dit qu’il faut marcher derrière lui, mais il rajoute qu’il faudra encore prendre sa croix… pas la croix de Jésus, il l’a portée la sienne, avec l’aide de Simon de Cyrène, c’est vrai ! Mais chacun est invité à prendra sa propre croix, celle qui a été taillée sur mesure pour lui ou pour elle ! Prendre sa croix, ce n’est pas décider de mettre chaque matin un petit caillou bien pointu dans sa chaussure pour souffrir toute la journée ! Non ! Prendre sa croix, c’est accepter de vivre l’amour dans la fidélité. La croix est venue pour Jésus parce qu’il a choisi de vivre l’amour inconditionnel dans une fidélité inconditionnelle. Nous verrons vite ce qu’est notre croix quand nous choisirons, nous aussi, de vivre l’amour dans la fidélité, bien sûr, avec le secours de sa grâce, car c’est lui, Jésus qui se fera notre Simon de Cyrène. Ceux qui aiment fidèlement savent très bien ce qu’est leur croix et elle est forcément différente pour chacun.

3° sentence : Qui a trouvé sa vie la perdra ; qui a perdu sa vie à cause de moi la gardera. Il est évident que Jésus ne nous invite pas à tout rater dans notre vie. Car il dira aussi : la gloire de mon Père, c’est que vous portiez beaucoup de fruits et c’est ainsi que vous serez mes disciples ! Jn 15,8 Avec cette sentence, je crois que Jésus posait déjà le fameux débat : qu’est-ce qui est le plus important : réussir sa vie ou réussir dans la vie ? On voit bien qu’aujourd’hui, l’objectif de tant de personnes, c’est réussir dans la vie, faire de plus en plus d’argent. Et, un jour, le réveil s’opère, souvent à cause d’une situation dramatique à traverser, alors ils découvrent qu’ils ont peut-être bien réussi dans leur vie mais qu’ils ont complètement raté leur vie. Leur couple est en train de se déliter, les enfants leur reprochent de ne pas avoir été vraiment là quand ça aurait été nécessaire, il y a eu beaucoup de relations mondaines mais si peu d’amis ! Avec cette 3° sentence, Jésus nous met en garde et nous prévient : les vrais bons choix se font en référence à lui : Qui a trouvé sa vie la perdra ; qui a perdu sa vie à cause de moi la gardera. La mention « à cause de moi » est essentielle et prolonge donc la 2° sentence.

Nous nous sommes mis à l’école de Jésus qui voulait nous former. Pour qu’une formation soit profitable, il ne suffit pas d’écouter le conférencier, il faut ensuite, reprendre ses notes, travailler, évaluer pour voir où on en est. N’hésitons pas, ce dimanche, cette semaine, à revenir sur ces 3 sentences pour voir où nous en sommes : Est-ce que je n’aime Jésus qu’avec des restes ? Est-ce bien derrière lui que je marche et est-ce que j’accepte de vivre l’amour dans une fidélité coûteuse ? Est-ce que je suis plus soucieux de réussir dans ma vie ou de réussir ma vie ? De la réponse à ces 3 questions dépendra la qualité de notre témoignage de disciples-missionnaires.

Cette publication a un commentaire

  1. Jean Marc

    Susciter la rencontre cœur à cœur avec jésus, parfois avec des mots, mais surtout avec des actes de charité.
    Merci Roger pour cette claire homélie.
    En communion de mission.

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