2 juillet : Popularité, danger ! Quelle guérison demander ?

Dernière messe avec les jeunes du collège … dernière de l’année scolaire pour eux et toute dernière pour moi puisque, à la rentrée, je serai au Sénégal !

Pour comprendre la 1° lecture et la leçon très importante que nous devons en tirer, il est nécessaire de faire un peu d’histoire, rassurez-vous, ça va être rapide. Abraham, le père des croyants a eu un fils Isaac qui lui-même aura deux fils qui s’appelaient Esaü et Jacob. Je passe sur Esaü et l’histoire de ses relations avec son frère Jacob, lui, Jacob, il a eu a eu 12 fils. Et vous avez peut-être entendu parler des 12 tribus de Jacob. Parce que, chacun des fils a eu une descendance nombreuse qui est devenue comme une tribu. Et vous savez dans les familles, les relations entre frères et sœurs sont parfois belles et parfois tendues. Il en fut ainsi dans l’histoire du peuple juif. Pour aller vite, je dirai qu’à l’entrée en Terre Promise, chaque tribu a reçu une partie du territoire, sauf la tribu de Lévi qui servait le Seigneur, eux leur part d’héritage, nous dit la Bible, c’était la joie de servir le Seigneur et les autres s’occupaient de leur apporter ce dont ils avaient besoin pour vivre. Les années passent, les tensions augmentent et il devient difficile de bâtir un grand pays avec ces tribus qui se chamaillent. C’est là qu’arrive le grand roi David qui va réussir à unifier ces tribus et donc transformer Israël en un Royaume prospère. Hélas, le fils de David, Salomon ne parviendra pas à garder cette unité et le pays va être divisé en deux : le Royaume du Nord, appelé aussi Israël avec Samarie comme capitale et le Royaume du Sud appelé aussi Juda avec Jérusalem comme capitale.

C’est à ce moment que le prophète Amos est appelé par Dieu pour une mission pas facile du tout. En effet, dans le Royaume du Nord, ça va très très mal, les gens font n’importe quoi, ils ne respectent pas la loi du Seigneur et les dirigeants qui ont conscience d’être un tout petit pays, pour se protéger, cherchent à faire des alliances avec les grandes puissances des environs. Mais quand on est petit comme un petit poucet, ce n’est pas une bonne idée que de chercher à faire alliance avec un ogre … on voit tout de suite qui va manger l’autre ! C’est ce que Dieu demande à Amos d’expliquer et, courageusement, Amos va rappeler que si le peuple n’est pas fidèle à la Loi du Seigneur, tôt ou tard, il va le payer … attention, ce n’est pas Dieu qui va lui faire payer, mais quand on fait du mal, il y a toujours des conséquences : si vous ne travaillez pas à l’école, vous le paierez un jour … ce n’est pas Dieu qui va vous punir, mais ce que vous n’avez pas appris, ça vous manquera aux jours d’examens et vous ne pourrez pas réussir. C’est ce qu’Amos ne cesse de rappeler au peuple en l’invitant à retrouver une fidélité à la Loi. Et il dénonce les arrangements des responsables du peuple qui préfèrent chercher la protection des rois païens plutôt que celle de Dieu qui a pourtant toujours tout fait pour son peuple. Amos ne cesse de le dire et de le redire, annonçant même une catastrophe qui finira par arriver quelques années plus tard puisque ce Royaume du Nord va être envahi et disparaitra de la carte !

Alors, bien sûr, ses discours, ses remontrances ne plaisent pas à tout le monde. Certains qui veulent être bien vu par les gouvernants accusent Amos de mentir et de comploter. Ce qui lui vaudra bien des problèmes. Finalement les faits lui donneront raison à Amos et tous les autres prophètes qui endormaient tout le monde avec des bonnes prédictions pour soigner leur popularité finiront par être totalement discrédités, mais, hélas, c’était trop tard !

De toute cette histoire, j’en tire une leçon importante : faites très attention, il ne faut pas que la recherche de la popularité soit votre préoccupation première. C’est sûr et c’est bien humain, nous avons tous besoin d’être aimés, ça nous fait plaisir quand les autres nous apprécient, disent du bien de nous, rigolent de ce que nous disons ou faisons. 

Mais on peut vite tomber dans un piège et en rajouter sans arrêt et c’est comme ça qu’on commence à déraper : on voit qu’une remarque méchante sur un copain ou un prof fait rire, on ira un peu plus loin en étant un peu plus méchant et ça peut finir dans du harcèlement et vous savez que certains finissent par se suicider à cause du harcèlement dont ils sont victimes. La recherche de la popularité fait rarement bon ménage avec la recherche de la vérité. C’est vrai que lorsqu’on préfère la recherche de la vérité, on peut être moins admiré sur le moment, mais au final, ce sont qui servent la vérité qui font le plus avancer les autres. Méfiez-vous donc de ne pas être continuellement en recherche de popularité … méfiez-vous aussi de ceux qui sont prêts à tout pour que leur popularité grandisse, ne les suivez pas, même si, dans un 1° temps, ils vous attirent

Pour l’évangile que nous connaissons bien, je ne dirai qu’un mot. Essayez de vous mettre dans la peau de cet homme paralysé ou de ceux qui l’ont porté sur sa civière. L’homme paralysé, peut-être qu’il n’avait rien demandé ! Peut-être que ce sont ses copains qui sont venus le chercher en lui disant : on va te conduire vers un homme formidable qui va te guérir. Peut-être qu’il ne voulait pas … mais il a bien été obligé d’accepter puisqu’il était paralysé ! Et ceux qui le portent, ils ont fait de gros efforts, dans l’évangile de Marc qui raconte la même scène, il est dit qu’ils ont été obligés de le faire passer par le toit parce qu’il y avait trop de monde. Ils ont donc fait des efforts considérables. Et voilà que lorsqu’ils arrivent devant Jésus, ils l’entendent dire à l’homme paralysé : « Confiance, mon enfant, tes péchés sont pardonnés. » Si vous vous mettez dans la peau de l’homme paralysé qui, peut-être n’était pas très chaud pour cette démarche, vous diriez, triomphant, à vos amis qui vous ont porté : « je vous avais dit que c’était des histoires tout ça ! » Et si vous étiez à la place des porteurs, très déçus, vous diriez ou penseriez : « mais enfin, Jésus, qu’est-ce que tu dis ! Nous, on est venu pour que tu le guérisses ! »

Avez-vous remarqué que ni l’homme paralysé, ni les porteurs ne réagissent comme nous, nous aurions réagi spontanément ? Eux, ils ne semblent pas déçus par cette parole. Les seuls qui réagissent mal, ce sont les scribes, mais eux, ils sont toujours contre Jésus, donc ça n’étonne personne ! L’homme paralysé et ses amis, ils semblent très contents d’entendre cette parole de Jésus : « Confiance, mon enfant, tes péchés sont pardonnés. » Cette parole, ils l’accueillent comme un vrai cadeau et l’homme paralysé en premier, car, lui il connait tous ses péchés. Il n’est pas paralysé parce qu’il a péché, mais il sait que ses péchés sont lourds à porter et que ce qui l’empêche le plus de vivre, ce n’est sans doute pas sa paralysie mais son péché, sa mauvaise humeur, ses exigences, sa révolte qui rendent la vie impossible à ceux qui l’entourent. En disant : « Confiance, mon enfant, tes péchés sont pardonnés » finalement, Jésus a visé dans le mille ! Bon, il lui donnera aussi la guérison physique par-dessus parce que Jésus est tout-puissant. Mais en commençant par le pardon des péchés, Jésus a voulu leur montrer et nous montrer ce qui était le plus grave dans notre vie, ce qui nous empêchait le plus de vivre. Bien sûr qu’être débarrassé de sa maladie, de ses handicaps, c’est désirable et quand c’est possible, c’est merveilleux. Mais vivre en bonne santé et être constamment empêtré dans le péché qui pourrit la vie, ça n’est pas désirable. Le témoignage de Marthe, de ce point de vue est lumineux. Elle n’a pas été guérie physiquement mais elle n’a jamais voulu se laisser encombrer par le péché, se confessant chaque semaine avant de recevoir l’Eucharistie. Elle savait que le péché plomberait bien plus sa vie que son handicap, sa maladie. Et nous, qu’est-ce que nous demandons au Seigneur ? Est-ce toujours le plus fondamental ? Quand nous dirons dans quelques instants : dis seulement une parole et je serai guéri, demandons-nous vraiment la guérison la plus fondamentale ?

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