29 juin : Ste Pierre et Paul : des pauvres donnés en exemple !

Cette fête de St Pierre et St Paul, c’est un peu la fête de l’Eglise puisqu’ils sont traditionnellement appelés les deux colonnes de l’Eglise. Mais que signifie concrètement se mettre sous leur patronage ? Je voudrais développer 3 points, il y en aurait beaucoup d’autres, mais ce sont ceux que je retiens.

1/ Nous mettre sous le patronage de Pierre et Paul, c’est une invitation à toujours nous rappeler que nous sommes fragiles. Je pense vraiment qu’il n’y a pas une seule institution au monde qui, comme l’Eglise, ose montrer la fragilité de ceux qui ont été à sa tête. On a même l’impression que l’Evangile prend un malin plaisir à mettre en avant, à chaque fois que c’est possible, la pauvreté de ces deux hommes. 

  • Pierre, côté pile c’est un homme généreux qui comme le disait St Augustin dans le sermon lu à l’office des lectures aimait fougueusement le Seigneur, on l’entend dans ses paroles : si tous t’abandonnent, moi, jamais je ne te lâcherai !  Mais on sait ce qui s’est passeé dans la cour du palais du Grand Prêtre ! Et voilà le côté face de Pierre, sa grande fragilité qui aurait pu le disqualifier !
  • Il en va de même pour Paul. Côté pile, c’est le missionnaire infatigable, fondateur de communautés, mais, côté face, il a les mains pleines du sang des chrétiens qu’il a fait persécuter et mourir en raison de sa haine du christianisme avant sa conversion.

Oui, c’est vraiment beau de voir que cette fête rappelle à toute l’Eglise et à tous ses membres la nécessité de ne jamais oublier leur pauvreté. Et il faut même aller plus loin en disant que c’est précisément la force de l’Eglise que d’être peuplée de pauvres et dirigée par des pauvres, c’est ce que je voudrais souligner maintenant.

2/ Nous mettre sous le patronage de Pierre et Paul, c’est nous rappeler que c’est le Seigneur qui construit et guide son Eglise. Evidemment si nous nous rappelons notre pauvreté, ce n’est pas pour nous flageller en permanence, pour nous complaire dans nos médiocrités, mais, au contraire, pour nous tenir dans l’action de grâce permanente. L’histoire des débuts de l’Eglise nous montre de manière si lumineuse que la pauvreté des chrétiens et de leurs pasteurs n’a pas été un obstacle à son expansion, c’est même tout le contraire ! 

En effet, quand des pauvres osent reconnaître leur pauvreté, alors ils ne cherchent plus à s’appuyer sur eux, ils se connaissent trop bien, du coup ils comptent sur le Seigneur. Cette pauvreté, bien loin d’être un handicap devient donc un atout extraordinaire qui permettra à la puissance du Seigneur de se déployer. C’est ce que le Seigneur a répondu à Paul quand il lui demandait d’être délivré de ses faiblesses. Le Seigneur lui a dit que sa fragilité permettrait à la grâce de donner toute sa mesure en lui. Et la suite de l’histoire de l’Eglise ne fera que confirmer cette grande vérité : l’Eglise n’avance que lorsque la pauvreté de ses membres et de ses responsables est reconnue et acceptée.

C’est vraiment pour nous un appel à cesser de rêver à une Eglise riche, riche en personnel, riches en moyens, riche en influence. Ne pensons pas que ce sont des moyens décuplés qui donneront à la mission une plus grande fécondité. Depuis un certain temps déjà, le Seigneur nous conduit au dépouillement : nous sommes moins nombreux, nos ressources diminuent, notre respectabilité en prend un coup, alors accueillons tout cela comme une chance pour accepter enfin de compter sur le Seigneur, de nous appuyer sur Lui et Lui seul ! Comme Paul le dira, ce n’est pas un problème que nous soyons des vases d’argile du moment que nous portons un trésor ! Arrêtons de braquer le projecteur sur les poteries quelconques que nous sommes, car nous ne sommes là que pour porter le trésor de la foi et ce trésor est encore mieux mis en valeur quand les vases qui en sont dépositaires n’ont pas une somptueuse apparence.

3/ Nous mettre sous le patronage de Pierre et Paul, c’est nous rappeler que, seul notre amour pour le Seigneur, nous permettra de nous donner jusqu’au bout. Pierre et Paul furent des pauvres, ils illustrent parfaitement cette maxime que le curé d’Ars, mon compatriote, aimait répéter : les saints n’ont pas tous bien commencé, mais ils ont tous bien fini ! 

En effet, ces pauvres que sont tous les saints, auront été capables d’endurer tant de souffrances pour Jésus et pour l’Eglise. Et ce qui leur a donné la force de tenir, c’est qu’ils avaient fait l’expérience de l’amour indéfectible du Seigneur pour eux.

  • Pierre a fait cette expérience sur la plage de Capharnaüm au cours de ces quelques pas effectués en tête-à-tête avec Jésus ressuscité. Jésus ne lui remonte pas les bretelles, il ne lui fait pas promettre de ne plus jamais recommencer, il lui pose une seule question : m’aimes-tu ? Entendant sa réponse tout à la fois bredouillante et enflammée, Jésus le confirme dans sa mission. Expérience bouleversante ! Et il lui dit, la seule manière de te racheter sera de te dépenser sans compter pour le peuple que je te confie : paix mes brebis !
  • Paul rencontre Jésus sur le chemin même qui devait le conduire à opérer une rafle de chrétiens pour tenter d’éradiquer le christianisme qu’il considérait comme une tumeur maligne menaçant la pureté de cette religion juive dont il était si fier. Le meurtrier est appelé à devenir évangélisateur, cette si grande confiance de Jésus à son égard le retourne complètement. Expérience bouleversante !

C’est l’expérience bouleversante de cet amour inconditionnel qui donnera à Pierre et à Paul de pouvoir tenir jusqu’au bout et même d’expérimenter la joie d’être associés aux souffrances de Jésus pour la fécondité de la mission de Salut confiée à l’Eglise. Il n’y aura que notre amour vis-à-vis du Seigneur et l’amour du Seigneur vis-à-vis de nous qui pourra soutenir notre fidélité et nous faire repartir quand nous tomberons. 

Par l’intercession de Notre Dame de Laghet, demandons cette triple grâce de reconnaitre notre pauvreté, de croire que le Seigneur sait comment s’y prendre avec les pauvres que nous sommes et que seul son amour pour nous et notre amour pour lui nous permettront de tenir.

Cette publication a un commentaire

  1. Franchellin

    L’Église n’a pas besoin de vases en or mais :d’âmes en or !

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