Des textes que nous venons d’entendre, j’aimerais retenir deux points
Le premier point concerne la 1° lecture. La 1° parole que nous avons entendue : vous n’avez pas encore résisté jusqu’au sang dans votre lutte contre le péché, c’était la dernière parole de la lecture d’hier. Il faut croire qu’elle est donc très importante pour que la liturgie ait eu envie de la répéter. Elle nous indique que notre vie sera un combat perpétuel et qu’à certains moments ce combat sera rude. La suite de la lecture nous laisse entendre que tous ces combats nous feront grandir : Ce que vous endurez est une leçon. Dieu se comporte envers vous comme envers des fils ; et quel est le fils auquel son père ne donne pas des leçons ? Mais attention, il ne faudrait pas mal interpréter, les épreuves qui se transforment ne leçons sont des épreuves spirituelles. En aucun cas, Dieu ne nous enverrait des épreuves du style maladie, accident, non Dieu ne joue pas à cela avec nous ! Ce genre d’épreuves, c’est la vie qui se charge de nous les envoyer et c’est toujours un grand mystère qui nous empêche de chercher des explications, en tout cas, jamais Dieu ne peut en être tenu responsable.
Par contre, il peut y avoir des épreuves spirituelles que Dieu nous envoie pour nous faire grandir. Par exemple, après une période d’euphorie spirituelle où la prière était facile et agréable et nous apportait beaucoup de consolations, vient un temps de désolation, pour reprendre la terminologie de St Ignace de Loyola. Avec cette épreuve, le Seigneur veut nous faire grandir en nous aidant à ne plus l’aimer pour ce qu’il nous donne ou parce qu’il nous donne des grâces, mais l’aimer pour Lui. C’est ce qu’avait bien compris le curé d’Ars qui disait : « Quand on n’a plus de consolation, on sert Dieu pour Dieu, quand on en a, on risque de le servir pour nous » ou pour ce qu’il nous apporte, pourrait-on rajouter. Cette mise au point me paraissait importante car trop de gens se trouvent éloignés de Dieu parce qu’ils pensent que c’est lui qui leur a envoyé toutes les épreuves qui rendent leur vie si compliquée.
Le second point que je voudrais développer est en lien avec l’Evangile. Les gens de Nazareth sont sur la bonne piste, celle qui conduit à la foi, quand ils se posent toutes ces questions à propos de Jésus : D’où cela lui vient-il ? Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée, et comment peuvent s’accomplir ces grands miracles qui se réalisent par ses mains ? Le texte précisait même qu’ils étaient dans l’étonnement. Il ne peut pas y avoir de foi sans cet étonnement, sans ce questionnement. Mais pour autant, l’étonnement et le questionnement ne conduiront pas forcément tout le monde à la foi et nous en avons un bel exemple avec l’Evangile d’aujourd’hui. Qu’est-ce qui a bloqué pour les gens de Nazareth ?
Ce qui a bloqué, c’est tout ce qu’ils savaient sur Jésus : N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie, et le frère de Jacques, de José, de Jude et de Simon ? Ses sœurs ne sont-elles pas ici chez nous ? » Certes, ils sont en questionnement, mais ils ne vont pas jusqu’au bout, ce qu’ils savent les empêche d’aller plus loin. A cause de ce qu’ils savaient, à cause de ce savoir enfermant, le texte nous dit qu’ils étaient profondément choqués à son sujet. Dès lors, on comprend mieux les paroles que Jésus prononcera un peu plus tard : je te bénis Père du ciel et de la terre, ce que tu as caché aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits ! Le savoir n’est pas mauvais en soi, mais il peut être enfermant, il peut empêcher d’aller plus loin sur le chemin de la foi car, dans la foi, on ne pourra jamais tout expliquer. Il y a un moment où il faut accepter de laisser place au mystère. Je ne crois pas parce que j’ai tout compris, parce que je peux tout expliquer, je crois parce que j’entre dans la confiance. Et c’est ce qui explique pourquoi les tout-petits peuvent devenir des géants de la foi alors que les savants ne resteront que des nains. En effet, les petits, en tant de domaines, sont obligés de faire confiance parce qu’étant petits, ils ne peuvent pas s’en sortir seuls, particulièrement quand ils traversent des épreuves. Cela leur donne donc une prédisposition naturelle à la foi.
Par l’intercession de Notre Dame de Laghet, demandons que cette grâce de la confiance nous soit accordée et qu’elle nous fasse toujours plus grandir en humilité.
