21 décembre : bonheur pour ceux qui, à la suite de Marie, évangélisent

Hier, nous avons lu l’Evangile de l’Annonciation ; l’homélie-enseignement que j’ai faite nous a montré, en prenant Marie, comme modèle, ce que pouvait devenir la vie de quelqu’un quand il se laisse parfaitement habiter et conduire par le Saint-Esprit. Aujourd’hui, c’est encore la figure de Marie qui vient éclairer le chemin qui nous permet de nous préparer à Noël. Aujourd’hui, c’est sa rencontre avec Elisabeth qu’il nous est donné de méditer. J’ai évoqué cette rencontre hier, mais tellement brièvement, que je suis heureux de pouvoir l’approfondir aujourd’hui, mais l’approfondir sous un angle particulier puisque, dans cette rencontre, Marie nous est présentée sous les traits de l’évangélisatrice. 

Il y a une parole de Jean-Paul II que j’aime beaucoup qui se trouve dans sa lettre pour l’entrée dans le 3° millénaire, il dit : « Celui qui a vraiment rencontré le Christ ne peut le garder pour lui-même, il doit l’annoncer. » Eh bien, cette parole s’applique particulièrement à Marie et explique le sens profond de la Visitation. Marie a bien plus que rencontré le Christ puisqu’elle le porte en elle. Eh bien on pourrait transformer la parole de Jean-Paul II en disant : « Celui qui porte vraiment le Christ en lui, en elle, ne peut pas le garder pour lui-même, il doit l’annoncer. » Nous qui avons fait une rencontre si forte avec Jésus qu’elle nous a conduit à tout quitter pour nous consacrer à lui dans l’œuvre des Foyers, cette parole s’adresse particulièrement à nous et elle est encore renforcée par le fait que nous avons la grâce de communier tous les jours. Du coup, nous devons vraiment nous sentir concernés par ce que disait Jean-Paul II : « Ceux qui ont vraiment rencontré le Christ, qui portent vraiment le Christ en eux, ne peuvent pas le garder pour eux, ils doivent l’annoncer. » Eh bien, c’est ce que fait Marie en partant voir sa cousine Elisabeth, elle ne garde pas Jésus pour elle, elle ne garde pas la Bonne Nouvelle pour elle, elle va la partager avec Elisabeth. 

Ainsi, nous comprenons que Marie vient nous soutenir dans notre propre mission d’évangélisation. D’ailleurs, on peut dire que l’évangélisation, c’est la raison d’être de nos Foyers de Charité et c’est peut-être pour cela que Marie est la Mère de nos Foyers. Pour le comprendre, nous avons peut-être besoin de réaliser qu’il y a 2 grandes dimensions dans l’Evangélisation et nous allons voir que toutes deux concernent la mission de nos Foyers.

1/ La 1° dimension, on peut la qualifier d’horizontale, c’est l’évangélisations qui permet à de plus en plus de personnes d’accueillir la Foi. 

En certains lieux du monde, nous sommes encore dans ce qu’on appelle une première évangélisation pour des gens qui n’ont encore pas entendu parler de Jésus. C’est le cas en terre d’Islam, mais évidemment, ce n’est pas là que c’est le plus facile ! Et puis, il y a encore des territoires reculés en Amazonie, en Papouasie, par exemple, où aucun missionnaire n’est encore allé.

Et puis, de manière étonnante, c’est de plus en plus souvent le cas dans la vieille Europe aux racines chrétiennes. C’est l’Europe qui avait envoyé des missionnaires partout dans le monde et c’est elle qui, aujourd’hui, est à évangéliser parce que ses habitants se sont tellement éloignés de la Foi qu’elle ne fait plus partie de leur horizon. On se souvent de la question que Jean-Paul II posait avec virulence dans un de ses voyages chez nous : France, fille ainée de l’Eglise, qu’as-tu fait de ton Baptême ? 

Dans cette dimension, les Foyers jouent un rôle important. Chez nous, en Europe, on voit des personnes qui s’inscrivent à des retraites parce qu’elles ont tout à découvrir ou redécouvrir de la Foi parce qu’elles sont en train de commencer ou recommencer un chemin de Foi. En France, on les appelle des » recommençants », c’est-à-dire des personnes qui avaient pu être baptisées bébé, catéchisées enfants pendant 1,2 ou 3 ans et que se sont éloignées de la Foi jusqu’à l’oublier. La plupart de ces personnes sont relancées sur un chemin de Foi suite à un événement tragique qui leur fait poser beaucoup de questions sur le sens de leur vie. 

La présence de ces « recommençants » dans les retraites est très stimulante pour les autres participants et même pour les prédicateurs car elles sont vraiment habitées par un grand désir de découvrir la foi, de goûter à la prière et cela pousse tout le monde à faire mieux ! Mais j’imagine que, ici aussi, il peut vous arriver d’accueillir des recommençants ou même carrément des « commençants », ces convertis de l’Islam qui ont fait un chemin catéchuménal pour être baptisés, mais qui ont encore tant à découvrir de la Foi. De ce point de vue nos retraites fondamentales sont un grand bienfait pour ces personnes commençantes ou recommençantes.

2/ La 2° dimension de l’évangélisation, c’est l’Evangélisation en profondeur. Dans cette dimension, les Foyers ont aussi une grande mission à accomplir. Car il y a des personnes qui ont été baptisées, catéchisées, qui sont même pratiquantes, mais pour qui la foi reste à la surface de leur cœur, elle n’imprègne pas toute leur vie. En participant à des retraites dans les Foyers, nous voyons certaines de ces personnes ressortir transformées et converties. J’en ai vu une, par exemple, aller se dénoncer aux impôts parce que, pendant des années, elle avait fraudé. Jésus était venu la visiter tellement profondément qu’à l’image de Zachée, elle ne voulait rien garder de ce qu’elle avait pu accumuler par tricherie, dissimulation. Tous ceux qui vivent une expérience spirituelle authentique dans les retraites, leur vie va changer et ils vont devenir évangélisateurs, ne serait-ce qu’en invitant leurs amis à aller faire, eux aussi, une retraite ! Mais au-delà de ces invitations, leur entourage va se rendre compte qu’il s’est passé quelque chose pour eux et ils auront envie, en faisant une retraite au Foyer ou par un autre moyen, de vivre la même rencontre transformante avec le Seigneur.

On peut imaginer que dans l’Evangélisation va accomplir dans sa visite avec Elisabeth, Marie va tout à fait mettre en application ce que disait le pape Paul VI dans le texte que je vous ai donné à la retraite. En rencontrant Elisabeth, puisque Marie avait vécu son effusion du Saint-Esprit au moment de l’Annonciation, Marie avait forcément : « feu dans le cœur, parole sur ses lèvres et prophétie dans le regard. » Oh oui, son cœur devait être en feu, bien brûlant puisque Jésus s’y était installé. Ses paroles, elles lui ont été inspirées par le Saint-Esprit, nous les entendrons demain, ce sont les paroles du Magnificat. Et prophétie dans le regard, ça ne fait aucun doute, elle a posé un regard, illuminé par la Foi, sur Elisabeth, sur ce qu’elle vivait, sur Zacharie, toujours plongé dans le silence. Marie est tellement habitée par cette présence de Jésus, tellement pleine du Saint-Esprit qui la suit comme son ombre que lorsqu’elle rencontre Elisabeth, Jean-Baptiste tressaille en son sein. Par la rencontre des mères, c’est une rencontre des fils qui se produit et, la manière dont elle se produit laisse déjà pressentir la communion dans la mission qui les unira plus tard.

Je termine en évoquant, trop rapidement, la si belle béatitude qu’Elisabeth prononce à l’égard de Marie : « Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. » Cette béatitude, elle est aussi pour nous si nous croyons que tout ce que le Seigneur nous dit est vrai, si nous croyons, nous aussi, à l’accomplissement des paroles qui nous sont dites de la part du Seigneur. Mais la question que je posais dans la retraite se pose, là, de manière très forte : Est-ce que nous croyons ou est-ce que nous croyons que nous croyons ? Si nous croyons vraiment, alors cette Béatitude est pour nous ! Et, si nous suivons Marie, en prenant notre part dans l’Evangélisation, une autre Béatitude sera encore pour nous, je l’ai formulée hier en m’inspirant de St Paul : Bonheur pour ceux qui évangélisent !

Cette publication a un commentaire

  1. Adéline

    Amen ! 🙂

Laisser un commentaire