21 janvier Ste Agnès, les rouquins et ceux qui ont la religion pénible !

J’aimerais dire quelques mots sur Ste Agnès, cette jeune martyre du début du 4° siècle que nous fêtons aujourd’hui. En lisant quelques éléments de sa vie hier, j’ai été très touché par deux points que je voudrais vous partager. L’homélie sera donc plus courte !

Le premier point c’est qu’une jeune fille de 13 ans a donné sa vie pour rester fidèle à sa foi. On ne sait pas exactement comment elle est morte, plusieurs versions circulent, peu importe ! Le plus important, c’est de retenir qu’une jeune fille de 13 ans a été capable de donner sa vie pour rester fidèle à Jésus. Et, figurez-vous que cette jeune fille, si on s’est toujours rappelé de sa bravoure, on a très vite oublié son nom ! Ce qu’elle a fait est resté gravé dans les mémoires parce que c’était admirable, mais on a oublié son nom ! C’est alors qu’on s’est mis à la désigner en l’appelant, la pure, l’intègre qui se dit Agnè en grec. Et c’est ainsi que, peu à peu, on parlera du martyr de Sainte Agnès. Vous comprenez donc que sa qualité principale va devenir son nom. 

Je trouve cela très beau et ça peut nous aider à lutter contre le culte de la personnalité. Ce qui devra rester de chacun de nous, c’est notre qualité principale. Ce qui serait beau, c’est qu’en parlant de nous, on finisse par oublier notre nom pour ne plus retenir qu’une qualité essentielle. C’est ainsi que St Pierre Chanel, originaire de mon diocèse, St patron de l’Océanie est désigné là-bas par cette expression : l’homme au bon cœur ! Ce qui devient le plus marquant, ce n’est pas ce que nous disons, mais ce que nous faisons, ce que nous sommes en profondeur. Chacun pourrait demander au St Esprit qu’il lui permette de découvrir la qualité qui restera pour le désigner quand on aura oublié son nom.

Le 2° point, c’est qu’il y a une belle tradition qui va encore se répéter aujourd’hui à Rome. A la basilique Ste Agnès, au-dessus de la catacombe dans laquelle a été inhumée la jeune martyre, à la messe de ce jour, deux agneaux vont être bénis. Leur laine servira à fabriquer les palliums que recevront les nouveaux archevêques. On aurait pu faire plus simple parce que, ces agneaux sont élevés par les moines trappistes de l’abbaye des Trois-Fontaines, le 21 janvier, ils sont transportés à la basilique Ste Agnès avant d’être portés au Vatican où le pape les bénira et ils finiront ensuite chez les sœurs bénédictines de Sainte-Cécile-en-Trastevere, qui auront la charge de s’occuper d’eux jusqu’au moment de leur tonsure et qui fileront la laine servant à la fabrication des palliums. Franchement, le fait de passer par Ste Agnès complique singulièrement le circuit ! 

Mais, si cette halte a été rajoutée, c’est qu’elle est extrêmement symbolique. C’est un message qui est donné aux archevêques qui porteront ces palliums comme pour leur dire : l’essentiel n’est pas qu’on retienne vos noms et vos titres de gloire, l’essentiel est que le peuple qui vous est confié retienne vos qualités et que l’exemple de cette jeune de 13 ans qui a donné sa vie pour le Christ vous serve de boussole dans votre ministère. Que ce soit pour nous l’occasion de prier pour tous ceux qui reçoivent une mission dans l’Eglise afin qu’ils ne soient jamais attirés par les honneurs mais qu’ils accueillent l’invitation à se donner jusqu’au bout en acceptant de s’effacer.

Homélie

Un mot sur la 1° lecture que nous connaissons bien, le choix déconcertant de David. Je ne sais pas si vous vous rappelez la 1° lecture de samedi qui racontait le choix de Saül, il nous était dit : « Saül était jeune et beau. Aucun fils d’Israël n’était plus beau que lui, et il dépassait tout le monde de plus d’une tête. » Il était jeune, beau et fort, il avait tout pour lui, mais Saül ne fut pas un bon roi, la mission reçue lui est montée à la tête ! Alors, pour lui succéder, Dieu va choisir un jeune qui n’est ni le plus fort, ni le plus beau ! Le plus fort, c’était l’ainé, mais ce n’est pas lui qui a été choisi ! Et David, s’il n’était pas laid avait quand même une particularité qui rendait la vie difficile, il avait les cheveux roux. Tous les enfants rouquins sont chahutés ! J’ai un petit neveu de 5 ans qui est rouquin, il a été tellement fatigué de toutes les réflexions qu’il entendait à propos de la couleur de ses cheveux qu’il répond maintenant : mes cheveux sont couleur écureuil ! 

David sera donc comme l’opposé de Saül et, par ce choix, Dieu va montrer que ce qui est le plus important, ce n’est pas ce que nous donnons à voir de nous, mais la manière dont nous allons accepter de nous laisser travailler et conduire par le Seigneur. Et plus nous sommes forts, plus nous sommes tentés de compter sur nous !  Des siècles plus tard, St Paul résumera tout cela par cette parole : « ce qu’il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour couvrir de confusion ce qui est fort; ce qui est d’origine modeste, méprisé dans le monde, ce qui n’est rien, voilà ce que Dieu a choisi pour détruire ce qui est quelque chose, afin que personne ne puisse s’enorgueillir devant Dieu. »

Quant à l’évangile, Jésus va citer un épisode de la vie de David qui ne manque pas d’intérêt, c’est dommage car la liturgie ne nous permettra pas de l’entendre dans les premières lectures de cette semaine. Saül va vite devenir jaloux de ce David qui doit devenir son successeur. Il va chercher à le faire mourir, un jour où il est en fuite avec ses hommes, ils n’ont plus rien à manger et David va demander à un prêtre de leur donner du pain. Il n’y en a plus, il ne reste plus que les pains consacrés pour l’offrande dans le culte et le prêtre va les leur donner quand même. Car il est plus important de respecter la vie des hommes que de respecter les règles liturgiques distinguant le sacré du profane. Jésus en tirera la leçon bien connue que le sabbat est fait pour l’homme et non l’inverse et qu’il est maitre du sabbat.

Au-delà de cette leçon sur le sabbat, en rappelant cet épisode de la vie de David, Jésus veut identifier les pharisiens qui l’accusent à la troupe de Saül qui poursuivait David et cherchait à le faire périr. En effet, c’est la 3° polémique successive que les pharisiens déclenchent contre Jésus et ça continue juste après encore ! Saül n’aura pas laissé un grand souvenir dans l’histoire, en les comparant à Saül et ses troupes, Jésus met donc en garde les pharisiens sur la trace qu’ils vont laisser, sur le souvenir qu’on va garder d’eux. On n’a retenu presque aucun nom de ces pharisiens, mais par contre, on se rappelle qu’ils ont la religion pénible ! Demandons l’intercession de Ste Agnès dont on avait aussi oublié le nom mais qui est restée dans l’histoire comme la pure, qu’elle fasse en sorte que, si on oublie nos noms, on ne se rappelle pas de nous comme des personnes à la religion pénible ! 

Cet article a 2 commentaires

  1. wilhelm richard

    au fait, père, j’ai oublié votre nom, pouvez-vous me le rappeler ?

    1. Père Roger Hébert

      Lecteur attentif !

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