4 janvier : mardi après l’épiphanie. Les conseils de la Mère bien-aimée au disciple bien-aimé !

« Bien-aimés, aimons-nous les uns les autres… » Je vous avais prévenu, on va entendre cette phrase déclinée sur tous les tons !  Pourtant, je le répète en espérant ne pas rabâcher, St Jean ne rabâche pas. Rabâcher, c’est redire toujours la même chose parce qu’on n’a pas grand-chose à dire. Répéter, c’est autre chose que rabâcher ! Répéter, c’est redire régulièrement quelque chose qui nous tient particulièrement à cœur et, au soir de sa vie, on a vraiment envie de répéter ce qu’on ne voudrait surtout pas que ceux qu’on va quitter oublient. « Bien-aimés, aimons-nous les uns les autres… » mais pourquoi ça lui tient tant à cœur? En réfléchissant à cette question j’ai vu 2 raisons fondamentales que je vous partage.

La 1° raison, je l’ai déjà développée hier, c’est la présence de cette hérésie du docétisme, ceux qui pensaient que Dieu avait fait semblant de devenir homme. St Jean, pour les inviter à réfléchir, parle sans arrêt de l’amour parce qu’on ne peut pas faire semblant d’aimer. Très vite, ça se voit quand on fait semblant ! Et, en plus de cette hérésie du docétisme, il y avait un autre courant de pensée, très dangereux, dans cette fin du 1° siècle, c’était la gnose. « Gnosis » en grec, c’est la connaissance. Vouloir connaître, c’est très bien, avoir une curiosité intellectuelle qui nous fait chercher, c’est très bien, mais les gnostiques étaient persuadés que Dieu ne pouvait se révéler qu’à des privilégiés à qui il donnerait une illumination de l’intelligence. Ces gnostiques, ils étaient donc comme perdus dans leurs pensées, cherchant cette illumination. Avec cette insistance sur l’amour, St Jean les invite à revenir sur terre, à avoir les deux pieds sur terre. Parce que l’amour, c’est extrêmement concret, on n’aime pas en pensées, mais par des actes ! Et ça c’est valable pour l’amour vis-à-vis de Dieu ou vis-à-vis des autres.

La 2° raison pour laquelle on peut penser que St Jean répète si souvent « Bien-aimés, aimons-nous les uns les autres… » c’est que, St Jean, nous le savons, c’est lui qui a recueilli Marie après la mort de Jésus. Sur la croix, Jésus le lui avait demandé. Nous n’avons aucun renseignement sur la manière dont ça s’est passé concrètement, mais ce qui est sûr, c’est que Jean a obéi à cette dernière volonté de Jésus. C’est d’ailleurs pour cela qu’on trouve à Ephèse cette petite maison, appelée maison de la Vierge et qui est tant visitée. Le disciple bien-aimé s’étant retiré à Ephèse, il y avait fait construire une petite maison, sans doute pas loin de la sienne. Il ne pouvait pas aller là-bas sans prendre avec lui la Mère bien-aimée. Les années qu’ils ont passées ensemble ont sûrement marqué St Jean. On peut facilement imaginer qu’une fois ou l’autre, pendant la rédaction de ses lettres, il interrogeait Marie pour lui demander : Mère, quel est le message le plus important à transmettre aux disciples de ton Fils et à tous ceux qui veulent le devenir ? Je ne pense pas me tromper en disant que Marie devait lui répondre : dis-leur de bien s’aimer les uns les autres. C’est la principale préoccupation d’une mère : que ses enfants s’aiment entre eux. Je me rappellerai toujours ces dernières paroles que ma mère a voulu nous transmettre quand nous étions tous réunis autour de son lit. Il y avait eu une division grave entre mes frères et sœurs. Réunissant son énergie, elle nous a dit : « Maintenant, écoutez-moi bien, je n’ai qu’une chose vous dire : aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. Et elle a rajouté : est-ce que c’est assez clair ? 

Puisque les Foyers de Charité sont des maisons dont la Sainte Vierge est la maitresse de maison, nous ne pourrons jamais mieux l’honorer qu’en nous aimant les uns les autres. Les dévotions de toute forme ont leur place et elles sont importantes, mais elles ne remplaceront jamais l’amour fraternel, ultime critère de vérification de notre amour marial. Alors recueillons ces paroles avec respect puisqu’elles sont autant le testament de St Jean que celui de Marie : « Bien-aimés, aimons-nous les uns les autres, puisque l’amour vient de Dieu. Celui qui aime est né de Dieu et connaît Dieu. Celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu, car Dieu est amour. 

Quelques mots sur l’Evangile qui nous présentent le 1° miracle de Jésus, du moins, c’est le 1° miracle qui nous est présenté après ce temps de Noël. C’est vrai, hier, nous avions déjà eu la mention de guérisons, de libérations qui venaient attester la vérité de la prédication de l’Evangile commencée par Jésus. Mais aujourd’hui, c’est le 1° miracle dont la présentation est développée. Je voudrais ouvrir 3 pistes que vous pourrez explorer plus profondément si le cœur vous en dit !

1° piste : Je trouve assez significatif que ce 1° miracle soit la multiplication des pains. Encore une fois, il ne s’agit pas du 1° miracle que Jésus accomplira mais du 1° miracle qui nous est présenté après ces fêtes de Noël. Nous avons médité sur la naissance de Jésus à Bethléem et, nous le savons, en hébreu, Bethléem signifie la maison du pain. Et, non seulement il est né à Bethléem, la maison du pain, mais, en plus, il est né dans une mangeoire. Il y a donc comme une logique à ce que le 1° miracle qui nous soit présenté soit un miracle qui concerne le pain, le manque de pain, la faim de pain et la multiplication qui rend le pain surabondant. Nous sommes comme prévenus que Jésus, dont le nom signifie « le Seigneur sauve », et qui a donc été envoyé pour sauver les hommes réalisera sa mission dans le signe du pain. Nous qui n’étions ni à Bethléem, ni au Golgotha, chaque jour, en participant à la messe, nous sommes comme invités au Cénacle pour recueillir les fruits du Salut qu’il est venu nous apporter.

2° point : Il est venu sauver les hommes, mais d’emblée, il a choisi de ne pas accomplir sa mission en solitaire. Certes, il y aura toute une part de cette mission que lui seul peut accomplir, mais, pour autant, il a choisi dès le départ d’associer ses apôtres à cette mission. « Donnez-leur vous-mêmes à manger. » Les apôtres d’hier et leurs successeurs aujourd’hui, ainsi que tous leurs collaborateurs, ne pourront jamais se décharger sur Jésus. Avoir la foi, ce n’est pas se tourner vers Jésus en lui disant : débrouille-toi, moi ça me dépasse ! Oui, bien sûr que ça nous dépasse, mais Jésus n’interviendra jamais sans que nous n’osions poser les gestes de la foi. « Donnez-leur vous-mêmes à manger. »

3° point : Il y a une mention que je trouve très belle dans ce texte et qui vient comme approfondir encore ce que je disais dans le point précédent. « Il leur ordonna de les faire tous asseoir par groupes sur l’herbe verte. Ils se disposèrent par carrés de cent et de cinquante. » Le fait de croire en la puissance de Jésus ne supprime pas la nécessité d’une certaine organisation. Oui, Jésus va faire ce que lui seul peut faire, il ne défilera pas, mais, comme je le disais, il attend notre collaboration et une collaboration qui ne soit pas trop brouillonne : par carré de 100 et de 50 sur de l’herbe bien verte, ce n’est pas brouillon ! La foi n’élimine pas l’organisation, au contraire, elle la rend plus féconde.

En conclusion, nous pourrions retenir la célèbre formule de St Ignace qui est un bon résumé de l’attitude juste entre la foi en la puissance de Dieu et la nécessaire collaboration des hommes à l’œuvre de Dieu : « Prie comme si tout dépendait totalement de Dieu et agis comme si tout dépendait véritablement de toi ! »

Cet article a 3 commentaires

  1. wilhelm richard

    Aujourd’hui père, vous me faites penser à un journal de courses hippique dont le slogan est :
    pas de blabla, des résultats.
    Avec vous, nous sommes sûrs de gagner dans l’ordre et dans le désordre !!!!

    1. Adéline

      Quinté ! (5 pains!)

      1. wilhelm richard

        c’est la quintessence même !!!!!

Laisser un commentaire