Cette fête de la présentation de Marie n’a pas de fondements bibliques et pour cause : aucun texte biblique ne s’intéresse à l’enfance de la Vierge Marie. Cet événement ne nous est connu que grâce à un évangile dit apocryphe, il s’agit du « protévangile de Jacques. » Un évangile apocryphe, c’est un texte qui n’a pas été retenu dans ce qu’on appelle le canon des Ecritures, c’est-à-dire la liste officielle des livres qui composent ce que nous appelons la Parole de Dieu. Les évangiles apocryphes, en général et celui-là, en particulier, n’ont pas été retenus dans la liste officielle pour deux raisons essentielles : ils ont été écrits bien plus tard que les Evangiles officiels et, surtout, ils sont remplis d’histoires merveilleuses absolument invraisemblables qui sont en contradiction évidente avec l’humanité réelle de Jésus.
Mais ce n’est pas parce qu’ils n’ont pas été retenus que, sur un point ou un autre, ils ne peuvent pas nous apporter quelques renseignements que nous pouvons juger comme fiables. Par exemple, si nous connaissons les noms des parents de la Vierge Marie, c’est grâce à ces écrits. Nulle part, l’Ecriture ne parle d’Anne et Joachim, leurs noms nous ont été transmis par ces écrits et il n’y a aucune raison de douter de la fiabilité de ce renseignement très objectif. Les Evangiles n’en parlent pas car le projet des Evangiles n’est pas d’écrire une histoire complète de la vie de Jésus qui n’omettrait aucun détail, le projet des Evangiles, c’est de mettre le projecteur sur Jésus et sa mission de Salut. Comme le dit St Jean, par deux fois, à la fin de son Evangile : « Il y a encore beaucoup d’autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas écrits dans ce livre. Mais ceux-là ont été écrits pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu’en croyant, vous ayez la vie en son nom. » Un chapitre plus loin, il précisera : « Il y a encore beaucoup d’autres choses que Jésus a faites ; et s’il fallait écrire chacune d’elles, je pense que le monde entier ne suffirait pas pour contenir les livres que l’on écrirait. » Oui, il y aurait beaucoup d’autres détails qui auraient pu être mis dans les Evangiles mais qui n’ont pas été retenus, le plus important, c’est de savoir qu’avec ce que les Evangiles nous transmettent, nous avons tout ce qu’il nous faut pour nourrir notre foi.
Donc pour nourrir notre foi, les Evangiles suffisent et parfois, pour nourrir notre curiosité, nous pouvons récupérer l’un ou l’autre renseignement dans les Evangiles apocryphes … à condition de le faire avec discernement et nous laissant guider par les spécialistes qui nous aideront à faire le tri entre ce qui relève de la légende et ce qui peut être considéré comme historique. Après ce long détour, venons-en à cette fête de la présentation de Marie. Marie, toute petite, à l’âge de 3 ans, aurait été conduite au Temple, présentée au Seigneur et confiée pour quelques années à des servantes du Temple qui auraient fait son éducation. C’est ainsi que St Jérôme, l’un des premiers grands spécialistes des Ecritures, vivant à cheval sur le 4° siècle et 5° siècle, donnera un programme assez précis de ce que pouvait être une journée de la petite Marie dans ces années passées au Temple. Mais laissons de côté ces considérations qui peuvent relever de l’anecdotique pour nous attacher au sens profond de cette fête, au message que cette fête veut délivrer aux chrétiens qui la célèbrent. Ce que j’aimerais particulièrement souligner, c’est la merveilleuse et précieuse collaboration des hommes au plan de Dieu.
Dieu a préparé le cœur et le corps de Marie, c’est ce que nous célébrerons dans une quinzaine de jours avec la fête de l’Immaculée Conception. Pour son Fils, Dieu voulait une demeure qui soit digne, Marie a donc été préservée des séquelles du péché.
Ça, c’est la part de Dieu dans l’histoire de la vie de Marie, c’est ce que Dieu seul pouvait faire et c’est un très grand miracle. Mais les parents de Marie vont aussi avoir leur participation. Eux, évidemment, il n’y a pas eu d’ange qui est venu les trouver pour leur expliquer que leur fille allait avoir un dessein exceptionnel en devenant la mère du Messie promis et attendu depuis si longtemps. Non, ils ont accueilli cette fille et parce qu’ils voulaient le meilleur pour elle, ils sont allés la présenter au Temple et lui permettre de vivre cette expérience exceptionnelle d’être éduquée dans le Temple. Et c’est ainsi que Marie, dès son plus jeune âge sera éduquée dans l’offrande d’elle-même. Avec la préparation que Dieu avait faite en elle, cette éducation à l’offrande qu’elle soit à ses parents lui permettra de vivre tout ce qu’elle aura à vivre dans la foi, dans l’offrande renouvelée de sa vie.
Evidemment, ça exigeait un grand renoncement, il fallait accepter de se séparer, pendant quelques années de son enfant. En Europe, nous avons souvent du mal à comprendre cette décision, elle est sans doute plus facile à comprendre en Afrique où un enfant, pour son bien, peut être confié à des oncles et tantes, dès son plus jeune âge.
Mais, du coup, vous voyez que c’est très beau, sans rien savoir de la mission de leur fille, Anne et Joachim posent un acte qui va préparer Marie à cette mission. Dieu a fait sa part en préparant le cœur et le corps de Marie, ses parents, animés par la foi, vont aussi contribuer à sa préparation. Et je crois que c’est en raison de cette double collaboration, de Dieu et de l’univers familial, dans la préparation d’une vocation que cette fête de la présentation de Marie a été choisie par pas mal de congrégations et instituts religieux comme leur fête patronale. Ce qui a été vrai dans l’histoire de Marie et vécu de manière exceptionnelle est aussi vrai dans l’histoire de toute vocation qui peut éclore grâce à cette double préparation, celle de Dieu qui travaille le cœur de celui ou celle qu’il veut appeler et la préparation effectuée dans l’univers familial.
Chacun de nous, nous pourrions profiter de cette fête pour relire l’histoire de notre vocation pour repérer les signes de cette double préparation. Demandons au St Esprit qu’il nous éclaire pour que nous puissions voir ce qui, dans notre appel, a été le fruit d’une préparation du Seigneur lui-même et ce qui a été aussi le fruit de nos histoires familiales. Je pense que, même lorsqu’une vocation va germer dans un univers familial loin de la foi, voire carrément hostile, des années après, on peut se rendre compte que cette histoire familiale n’aura pas compté pour rien dans l’éclosion de la vocation.
Que cette fête de la Présentation de Marie soit donc l’occasion pour nous d’une immense action de grâce pour le Seigneur qui a si bien préparé Marie et pour ses parents qui ont apporté leur collaboration si précieuse pour que Jésus puisse accomplir sa mission de Salut. Que cette fête soit aussi l’occasion, pour nous, d’une immense action de grâce pour notre vocation, fruit de la préparation du Seigneur et de la collaboration de nos familles. Que cette fête soit aussi l’occasion de présenter au Seigneur ceux qui résistent au travail qu’il accomplit dans leur cœur pour les appeler à son service pour leur plus grande joie et le salut de leurs frères. Prions aussi pour toutes les familles qui résistent à l’appel du Seigneur sur l’un des leurs et font pression négativement parce qu’elles rêvent d’un autre avenir pour leurs enfants. Prions pour que la Vierge Marie intercède particulièrement en faveur de l’œuvre des Foyers et de notre communauté en particulier pour que nous puissions accueillir les vocations dont nous avons tant besoin. Et puisque nous célébrons cette fête avec le père abbé de Keur-Moussa, prions aussi pour que sa communauté puisse encore accueillir de nombreuses vocations.
Que la Vierge Marie purifie nos cœurs et nous remplisse de l’Amour de Dieu pour aller à la rencontre de ceux et celles que le Seigneur met sur notre chemin.
Merci P. Roger pour ce bel éclairage sur l’adhésion de Marie et de ses parents pour l’aider à se préparer à Sa divine Mission.
Merci P. Roger pour vos intentions de prière. Je les fais miennes.
Balavoine chantait :
Je m’presente, je m’appelle Marie, j’voudrai bien réussir ma vie, être aimée ….
Je trouve qu’elle s’en est bien tirée, sans doute par son humilité et sa docilité a l’Esprit-Saint !!!!!
Elle s’est laissée façonner par Dieu. Un bel exemple à suivre : une sorte de couronnement ou plus exactement une consécration. Tiens, tiens, cela me rappelle le » je vous choisis …. »
…. »Et c’est ainsi que Marie, dès son plus jeune âge sera éduquée dans l’offrande d’elle-même. « …
Que c’est beau!