29 octobre : 30° dimanche ordinaire : Trop fort Jésus !

Décidément, Jésus a fort à faire avec ses détracteurs. La semaine dernière, nous avions entendu que c’étaient les pharisiens et les hérodiens qui, dans une alliance contre nature, étaient venus tendre un redoutable piège à Jésus à propos de l’impôt. Ce dimanche ce sont encore les pharisiens montent au créneau mais le début du texte nous indique que Jésus avait, entre temps, cloué le bec aux saducéens. C’est un passage que nous n’avons pas lu, vous savez c’est celui dans lequel on parle à Jésus de cette situation acabradantesque dans laquelle une femme a épousé successivement les 6 frères de son mari décédé, eux-mêmes décédant les uns après les autres. Comme les saducéens ne croyaient pas en la résurrection, avec ce cas d’école, ils voulaient déstabiliser Jésus. Mais comme toujours Jésus s’en est bien sorti, sans humilier ses adversaires, il arrive à faire triompher la vérité. Comme disent les jeunes : trop fort Jésus ! Eh bien sachant que les saducéens avaient été renvoyés dans leur 22, pour utiliser une expression du rugby en cette fin de coupe du monde, les pharisiens reviennent à la charge. Ils avaient dû soigneusement préparer leur coup, pensant bien mettre Jésus KO avec cette question et montrant par là-même leur supériorité face aux saducéens puisque, entre eux, ce n’était pas l’entente cordiale et c’est le moins qu’on puisse dire !

Le piège, cette fois-ci, il est tendu avec une question à propos de la Loi : « Maître, dans la Loi, quel est le grand commandement ? » Et vous avez entendu ce que Jésus répond sans réfléchir plus que ça : : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà le grand, le premier commandement dit Jésus. Et le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » C’est parce que Jésus connaissait la Loi qu’il peut répondre aussi vite, mais il y a une grande différence entre Jésus et les pharisiens. Eux, ils connaissaient la Loi par cœur, ils étaient donc capables de réciter le moindre article de cette loi par cœur, Jésus, lui, il connaissait la loi par le cœur, ça change tout et c’est ce qui explique la réponse qu’il va faire. Avant de développer la réponse de Jésus, je vous propose un petit exercice pour voir s’il y a parmi vous des ceintures noires de caté ! 

Je vais proposer le problème comme à l’école : sachant qu’il y a 10 commandements, quel est le numéro du commandement que cite Jésus ? Vous avez 1 minute pour écrire ce numéro sur votre ardoise et la lever ! Si on vous avait distribué des ardoises à l’entrée, il y aurait sûrement eu une variété de réponses, en fait, Jésus ne cite aucun des 10 commandements ! En effet, Jésus avait bien flairé le piège qui lui était tendu, s’il avait répondu en citant l’un des 10 commandements, il aurait été sûr que ça allait créer une violente polémique, les pharisiens allaient l’accuser de brader les 9 autres commandements qu’il ne citait pas ! 

Jésus ne tombe donc pas dans le piège, il cite une 1° parole tirée du Deutéronome qui se situe précisément quelques versets après l’énoncé des 10 commandements et il la complète par une 2° parole tirée du livre du Lévitique. En procédant de cette manière, non seulement Jésus se sortait d’une mauvaise passe, mais il voulait surtout faire une profonde catéchèse à partir de cette question tordue qui lui était posée. Je l’avais déjà souligné la semaine dernière, mais c’est magnifique de découvrir que, pour Jésus, toutes les occasions sont bonnes pour catéchiser, pour évangéliser. Il est capable de se servir même des controverses, même des pièges tendus, pour lui tout devient une occasion favorable pour évangéliser. Demandons vraiment à l’Esprit-Saint qu’il nous aide à saisir toutes les occasions, même les plus tordues, pour évangéliser ! 

Alors quel va être le contenu de la catéchèse de Jésus ? Je retiens 2 points très importants. 

Le 1° point, c’est que, en citant ces deux paroles de l’Ecriture, Jésus va recentrer le débat concernant ce qui est le plus essentiel dans la vie d’un croyant. On sait que, chez les rabbis de l’époque, il y avait une activité très prisée qu’ils avaient agrémentée de manière ludique : il s’agissait de résumer toute la loi en ne se tenant que sur un pied ! Pourquoi sur un pied ? Parce que l’être humain n’étant pas un flamand rose, il ne peut pas rester des heures sur un seul pied ! Il fallait donc être capable d’extirper de la loi, c’est-à-dire des 10 paroles de vie mais aussi des 613 prescriptions qui les complétaient ce qui était le plus essentiel. 

Et c’est là qu’il y avait des débats sans fin pour savoir pourquoi untel avait privilégié telle prescription au détriment de telle autre. Ils passaient des heures pour ne pas dire des journées à disserter là-dessus. Jésus ne veut pas entrer dans ce jeu parce qu’il a compris qu’en procédant ainsi on perdait de vue l’essentiel de la Loi. Et l’essentiel, Paul le formulera de manière si percutante dans l’épitre aux Romains, il dira : l’accomplissement parfait de la loi, c’est l’amour. Rm 13,10. 

Avec leurs discussions sans fin, les docteurs de la Loi avaient fini par perdre de vue quel était l’objectif fondamental de la Loi. Parce que, bien évidemment, le respect des commandements n’était pas un but en soi ; le respect des commandements, il n’est qu’un moyen au service d’un but : vivre et grandir dans l’amour, dans l’amour à l’égard de soi-même, des autres, et de Dieu et cela dans un parfait équilibre. Les pharisiens, comme tous les légalistes d’aujourd’hui, en braquant le projecteur sur les commandements, en discutant sans fin sur les détails, ils oubliaient le but de la loi. C’est ce que Jésus veut leur rappeler en citant ces deux paroles de l’Ecriture. C’est donc bien vrai, l’accomplissement parfait de la loi, c’est l’amour. Voilà un résumé sûr de toute la Loi !

Le 2° point que je veux retenir de cette catéchèse de Jésus concerne la 2° parole de l’Ecriture qu’il cite : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Pour citer une parole de l’Ecriture qui souligne l’importance de l’amour du prochain, Jésus avait l’embarras du choix ! Nous en avons entendu un certain nombre dans la 1° lecture ! Mais, à dessein, il a choisi celle-là, celle qui dit que la règle c’est d’aimer l’autre, tous les autres, comme soi-même. Alors, cette citation ne nous simplifie pas la tâche quand on est prédicateur parce qu’immédiatement des questions, voire des objections se posent quand on entend cette consigne : aimez les autres comme vous-mêmes !

  • D’abord, ne serait-ce pas un peu égoïste d’aimer les autres comme nous, c’est-à-dire, finalement, de nous prendre comme la mesure de tout ? Ne serait-ce pas encourager un certain nombrilisme ? Je me rappelle les paroles terribles de cette chanson qu’on entendait à la radio quand j’étais jeune : Je me fous de vous, vous m’aimez, mais pas moi, confidence pour confidence, c’est moi que j’aime à travers vous !
  • Autre objection encore plus redoutable : et ceux qui n’arrivent pas à s’aimer parce qu’ils ont été tellement blessés qu’ils ne se considèrent plus comme aimables, comment ils vont faire ? Puisqu’il faut aimer les autres comme soi-même, on fait comment quand on ne s’aime pas ?

J’avais lu, il y a quelques temps, un commentaire donné par un spécialiste de la Bible. Il expliquait que la tournure hébraïque que Jésus a utilisée pour prononcer ces paroles ne devrait pas être traduite par « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » mais plutôt par « Tu aimeras ton prochain qui est comme toi-même » Si je le dis autrement : Tu aimeras ton prochain qui est comme toi, ou bien parce qu’il est comme toi. Je vous avoue que ça me plait beaucoup parce que dans cette traduction, j’entends deux choses importantes.

  • Il y a d’abord un rappel de la dignité de tout être humain. Chaque être humain est un être humain comme toi. Ça signifie que nous n’avons pas à faire de différences en décidant d’aimer telle catégorie d’êtres humains et en délaissant telle autre. Tous les êtres humains sont comme toi, tous les autres êtres humains sont d’autres toi-même, ça signifie que tu ne peux donc en exclure aucun, autrement tu t’exclurais toi-même.
  • Et puis, cette tournure hébraïque insiste sur le besoin fondamental de chaque personne d’être aimée. « Tu aimeras ton prochain qui est comme toi » c’est-à-dire que, comme toi, l’autre a besoin d’être aimé pour vivre. Jésus nous invite donc à reprendre conscience que le besoin le plus important de chaque être humain, c’est d’être aimé, considéré. Le besoin le plus fondamental de chaque être humain, c’est de pouvoir exister dans le regard de quelqu’un qui l’aime. Alors, sois celui qui permettra à l’autre, quand il s’approchera de toi, de réaliser qu’il existe, qu’il est aimé, qu’il a une valeur infinie. Fais cela et tu auras parfaitement accompli la Loi !

C’est ce que nous demandons par l’intercession de Notre Dame de Laghet !

Cette publication a un commentaire

  1. wilhelm richard

    Ôval’heureux père,
    Essai transformé suite à cette nouvelle touche de votre site !
    Un bémol cependant : prenez exemple sur les Boks, vainqueurs des matchs à élimination, avec toujours un seul point d’avance pour un résultat implacable. Or votre homélie en possède deux !
    Attention donc à la sanction en prenant une pénalité. Vous allez me dire que je m’em’balle un peu et que je n’ai pas à me mêlée de ce qui ne me regarde pas.
    Coup de sifflet de cette 10 ème Coupe du Monde.
    Saga Africa, ambiance de l’Amour.
    POINT FINAL.

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