La lettre aux Romains que nous lisons en ce moment en 1° lecture n’est pas la lettre la plus simple parmi toutes les lettres de Paul. Si vous avez du mal à comprendre, ne pensez pas trop vite que vous êtes nuls ! St Pierre, lui-même, avait du mal à comprendre, c’est ce qu’il dit dans une de ses lettres à lui ! Il parle de Paul comme son frère bien-aimé mais en rajoutant qu’on trouve dans les lettres de Paul des textes difficiles à comprendre ! 2 P 3,16. Pourtant, si la lettre aux Romains est compliquée, tout dans cette lettre n’est pas compliqué. Aujourd’hui, par exemple, Paul nous présente Abraham comme un modèle de foi.
- C’est vrai qu’il lui en a fallu de la foi quand Dieu lui a demandé de quitter son pays pour aller vers le pays qu’il lui montrerait, qu’il lui donnerait. En effet, quand il lui demande de se mettre en route, Dieu n’a encore rien montré ! C’est une foi confiante qui lui a permis d’accepter de partir quand même !
- C’est vrai qu’il lui en a fallu de la foi à Abraham pour croire en la promesse de Dieu qui lui annonçait qu’il deviendrait le père d’un peuple nombreux alors qu’il n’avait pas d’enfants et qu’il était déjà bien vieux, marié de surcroit à une femme stérile.
- Quand, enfin, un fils lui est donné, il lui en faudra encore de la foi pour monter avec ce fils, Isaac, sur la montagne, alors qu’il croyait que Dieu lui demandait de l’offrir en sacrifice.
Paul a donc bien raison de présenter Abraham comme modèle de foi. Vous avez peut-être retenu cette expression que Paul utilisait pour qualifier la foi d’Abraham : Espérant contre toute espérance, il a cru ! Oui, parce que c’est facile d’espérer quand il y a plein de signes qui vous montrent que ça va aller mieux, mais c’est tellement difficile d’espérer quand tout semble nous dire que nous ne nous en sortirons pas. D’ailleurs, nous confondons souvent espoir et espérance. L’espoir, il vient après l’analyse d’une situation, analyse qui nous permet légitimement de pense que ça va aller mieux, que les choses vont s’arranger. L’espérance, c’est tout autre chose ! Abraham a été capable d’espérer contre toute espérance. C’est-à-dire que dans toutes les situations de sa vie, même les plus dramatiques, il n’a jamais baissé les bras ! Cette espérance que je qualifierai d’impossible, elle est un fruit de la foi. Abraham espérait contre toute espérance parce qu’il avait foi en Dieu. Espérant contre toute espérance, il a cru, il a décidé de faire confiance à Dieu. La foi, c’est cela : faire confiance. La foi, ce n’est pas l’adhésion intellectuelle à des vérités, la foi se vit dans la confiance. Je crois que Dieu est amour et parce qu’il est amour, je crois qu’il ne m’abandonnera pas, c’est pour cela que je suis établi dans l’espérance, que je ne baisse pas les bras.
Est-ce à dire pour autant que Dieu répondra à toutes mes demandes ? Non, pas forcément et c’est un bien grand mystère de voir tant de nos prières qui ne sont pas exaucées. Alors si nous avions prié pour la victoire de l’équipe de France contre l’Afrique du Sud, nous pouvons être déçus par sa défaite, mais on s’en remet vite ! En revanche, quand nous prions pour la guérison d’une personne qui nous est chère et qu’elle meurt, ça devient beaucoup plus compliqué. Dans ces moments-là, nous avons besoin d’être soutenus par la foi des autres, par l’amitié et la présence de nos proches pour ne pas sombrer. Pourtant, alors que tout laisserait penser que c’est le contraire, nous croyons que Dieu ne nous a pas abandonnés. Parce qu’il est amour et parce que nous sommes ses enfants bien-aimés, Dieu ne peut pas nous abandonner. Pourquoi n’a-t-il pas répondu ? Encore une fois, c’est un bien grand mystère ! Mais je ne peux pas imaginer un seul instant qu’il ait abandonné la personne qui le priait, qu’il ait fait volontairement la sourde oreille à sa prière. Espérant contre toute espérance, je décide de continuer à faire confiance à Dieu.
Je me rappelle cette famille amie qui avait 3 enfants, je les ai enterrés les uns après les autres, mourant tous dans des situations dramatiques. Quand je suis arrivé chez eux, après avoir appris le décès du 3°, je ne suis pas près d’oublier ce que la maman, pourtant effondrée, m’a dit en me prenant dans ses bras : Roger, c’est terrible, mais le Bon Dieu va encore nous donner la force dont nous aurons besoin pour traverser cette épreuve. Espérant contre toute espérance, ces parents tellement éprouvés ont décidé de continuer à faire confiance à Dieu et c’est sans doute pour cela qu’ils sont encore debout, aujourd’hui. De fait, Dieu ne les a pas abandonnés.
Pourquoi leurs 3 enfants sont morts, c’est un bien grand mystère ; ce qui est sûr, c’est que ce n’est pas Dieu qui a voulu ma mort de leurs enfants. En effet, Dieu n’est jamais du côté de ceux qui font mourir, jamais du côté de ceux qui font pleurer, jamais du côté de ceux qui font souffrir, mais Dieu, notre Dieu, est toujours aux côtés de ceux qui meurent, aux côtés de ceux qui pleurent et aux côtés de ceux qui souffrent. Et, souvent, pour manifester sa douce présence à ces personnes en grande difficulté, il compte sur nous, il nous envoie les visiter. Il ne nous envoie pas pour que nous fassions des grands sermons en essayant de le défendre, en cherchant à expliquer l’inexplicable. Non, il nous envoie pour que nous soyons auprès de ces personnes, restant parfois dans le silence et les pleurs, résistant à la tentation de fuir pour retrouver de la tranquillité. Etre là, tout simplement parce que nous espérons encore contre toute espérance, parce que nous décidons de continuer, malgré tout, à faire confiance à Dieu.
C’est une bénédiction, pour nous, d’avoir cet extrait de la terre aux Romains à la suite du temps de prière de guérison que nous venons de vivre. Tous ceux qui ont demandé la guérison ne seront pas guéris, encore une fois, c’est un bien grand mystère, mais ce dont je suis sûr, c’est que tous auront été visités par l’amour bienfaisant du Seigneur et non seulement visités, mais aussi restaurés. Pour en ressentir les bienfaits, il y a maintenant nécessité d’entrer dans la même attitude qu’Abraham : soutenus par la foi, nous décidons d’espérer contre toute espérance, nous décidons d’avancer sur le chemin de nos vies, le chemin tel qu’il s’ouvre, sans être forcément celui dont nous rêvions. Sur ce chemin, nous croyons que Dieu, jamais ne nous abandonnera, qu’il nous accompagnera toujours. C’est ce que dit le fameux texte des traces de pas sur le sable que vous connaissez sans doute mais que je vous relis.
Une nuit, je fis un rêve : Je marchais sur la plage avec mon Seigneur, sur le ciel noir, des épisodes de ma vie furent projetés, comme sur un immense écran. Et sur le sable je voyais à chaque fois, deux traces de pas : Les miens et ceux de mon Seigneur. Après la dernière scène de ma vie, je me retournai. Je fus surpris de voir par endroits les traces d’une seule personne. Je me rendis compte que je traversais alors les moments les plus difficiles de ma vie. Inquiet, je demandai au Seigneur : « Le jour où j’ai décidé de te suivre Tu m’as dit que tu marcherais toujours avec moi. Mais je découvre maintenant qu’aux pires moments de ma vie, il n’y a les empreintes que d’une seule personne. Pourquoi m’as-tu abandonné lorsque j’avais le plus besoin de toi ? » Le Seigneur me répondit : « Mon enfant chéri, je t’aime et je ne t’abandonnerai jamais, jamais, jamais. Surtout pas lorsque tu passes par l’épreuve. Les jours où il n’y a qu’une seule empreinte dans le sable sont exactement ceux où je t’ai porté dans mes bras »
Par l’intercession de Notre Dame de Laghet, demandons que la grâce nous soit faite d’espérer contre toute espérance, en décidant de marcher dans la confiance, soutenu par cette certitude de foi que le Seigneur, jamais, ne nous abandonnera. Que Notre Dame de Laghet nous obtienne une nouvelle effusion du Saint-Esprit puisque, comme le disait Jésus dans l’Evangile, c’est lui qui nous aidera à tenir dans les situations qui nous dépassent.