19 février : samedi 6° semaine ordinaire. Le Seigneur a bien fait les choses en nous donnant une seule langue et deux oreilles !

Quand on s’apprête à quitter une retraite, on peut être habité par plusieurs sentiments. Un sentiment de soulagement pour certains, ouf, c’est fini et j’ai tenu ! Pour d’autres un sentiment d’angoisse : pendant la retraite, tenir le rythme de la prière, ce n’était pas trop compliqué, vivre en chrétien quand on est dans une telle ambiance, c’est vrai que c’est quand même plus simple. Mais voilà, la transfiguration, ça ne peut pas durer, il faut descendre de la montagne et retrouver son quotidien. Avec les deux lectures que nous avons entendues, c’est comme si le Seigneur nous donnait ses conseils pour vivre le quotidien quand nous l’aurons retrouvé. Et je retiens un double conseil.

Le 1° conseil, il nous a été donné dans la 1° lecture. Méfiez-vous de votre langue ! Ce chapitre 3 de la lettre de St Jacques est une source inépuisable d’inspiration pour préparer nos confessions. Nous pouvons y revenir sans arrêt, nous trouverons toujours quelque chose qui pourra alimenter notre confession ! Puisque vous avez entendu ce constat terrible de St Jacques : la langue, personne ne peut la dompter : elle est un fléau, toujours en mouvement, remplie d’un venin mortel. Que de péchés nous commettons avec notre langue ! 

Nous devrions y penser quand nous communions. Nous devrions particulièrement y penser au moment où l’hostie se trouve déposée sur notre langue, qu’elle soit déposée par le prêtre si nous communions sur la langue ou que ce soit nous-mêmes qui la déposions sur notre langue. Peu importe, dès que l’hostie est en contact avec notre langue, nous devrions bénir Jésus d’accepter d’être mis en contact avec l’organe de notre corps qui nous conduit le plus souvent et sans doute le plus gravement au péché. Quelle bonté de sa part d’accepter cela ! Chaque communion devient ainsi comme une séance de soins au cours de laquelle Jésus relève le défi de venir une fois encore accomplir son œuvre de purification là où il y en a le plus besoin dans mon corps, là où je peux être le plus souvent pris en flagrant défi de pécher.

Bien sûr, il ne faut pas tout noircir, ma langue peut aussi servir au bien et St Jacques le reconnait : Elle nous sert à bénir le Seigneur notre Père. On pourrait rajouter : elle nous sert à dire de bonnes paroles d’encouragement, de remerciements. Et puis, elle a aussi servi cette semaine aux prédicateurs à vous donner ces paroles qui, nous l’espérons, vous ont aidé à affermir votre foi pour que vous puissiez mieux l’affirmer et en vivre à vitre retour. Toutefois vous avez entendu la mise en garde terrible qui ouvrait la lecture, mise en garde qui aurait de quoi décourager tous ceux qui aspirent à devenir prédicateurs : ne soyez pas nombreux à devenir des maîtres : comme vous le savez, nous qui enseignons, nous serons jugés plus sévèrement. Tous, en effet, nous commettons des écarts, et souvent ! TOUS, EN EFFET, NOUS COMMETTONS DES ECARTS, ET SOUVENT ! Terrible parole qui, évidemment ne s’adresse pas qu’aux seuls prédicateurs, mais aussi aux parents vis-à-vis de leurs enfants, aux éducateurs, aux enseignants, aux catéchistes. Dans ces cas, évidemment nos paroles sont souvent justes, mais ce qui n’est pas juste, c’est notre comportement, ce que nous disons à travers nos actes qui dément ce que nous avons dit avec notre langue et qui rend nos paroles totalement inopérantes. Jésus avait fustigé les pharisiens à ce niveau-là : faites tout ce qu’ils disent, mais surtout ne les imitez pas !

Manifestement, la mise en garde de St Jacques est vive parce qu’il y a plus de risques que nous fassions une mauvaise utilisation de notre langue au long des jours qu’une bonne utilisation. Et si nous sommes un peu lucides, le soir quand nous faisons le bilan, nous voyons que c’est vrai, nous avons encore laissé échapper trop de paroles blessantes ou au moins pas très ajustées. Voilà pourquoi ce chapitre peut être une source inépuisable d’inspiration pour nos confessions et voilà pourquoi, à chaque fois que nous communions, quand Jésus est déposé sur notre langue nous pouvons le prier d’accomplir une mission de purification. Surveillons. C’était donc le 1° conseil : surveillons notre langue !

Venons-en au 2° conseil qui me permet tout de suite de commencer par une action de grâce en utilisant un adage bien connu : béni sois-tu Seigneur de nous avoir donné qu’une seule langue alors que tu nous as fait deux oreilles, signe que nous devons écouter deux fois plus que nous ne parlons ! Avant de développer ce 2° conseil sur l’écoute, permettez-moi de vous inviter quand même à vous plonger dans un film d’horreur. Essayez de vous imaginer avec 2 langues, une langue pour parler par devant et une langue pour parler par derrière et les deux langues qui parlent en même temps ! Quelle horreur ! Essayez d’imaginer la personne qui a la dent la plus dure contre vous avec deux langues ! Et après essayez de vous imaginer avec une seule oreille ! Vraiment, on peut dire que le Seigneur a bien fait les choses non seulement d’un point de vue esthétique, mais aussi d’un point de vue éthique, une seule langue, deux oreilles, c’est tellement mieux !

Lundi en faisant l’homélie d’ouverture, je vous racontais la désolation de cette enfant qui n’arrivait pas à trouver de photo de Dieu. Je vous avais dit que nous avions quand même un portrait de lui pour lequel il a accepté de prendre la pause. Eh bien, dans la même ligne, je dirai que si nous n’avons pas d’enregistrement de la voix de Dieu, nous avons quand même quelques unes de ses paroles. Je ne parle pas des Ecritures qui, bien évidemment, sont ses paroles, mais je veux parler de quelques paroles qu’il a explicitement données et qui ont été entendues par des oreilles humaines. Il y en a eu au Baptême de Jésus et il y en a à la Transfiguration. Elles sont suffisamment rares pour que nous puissions leur accorder toute l’importance qu’elles méritent. Aujourd’hui, l’évangéliste Marc nous rapporte l’une de ces paroles qui lui a été rapportée par les témoins qu’étaient Pierre, Jacques et Jean. Ils ont été formels, ils ont participé à un évènement hors du commun à un double titre : d’une part Jésus a été transfiguré et s’entretenait avec Moïse et Elie et d’autre part, il y a eu cette nuée, manifestation de la présence de Dieu qui les a recouverts avec une voix venant du ciel et qui ne pouvait être que la voix de Dieu, disant : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! »

J’imagine volontiers que si on avait pu obtenir pour la fin de ces retraites que le pape François nous adresse un message par vidéo interposée, nous aurions tous écouté avec grande attention, notant avec soin les paroles qu’il nous adressait. C’est pas tous les jours que le pape s’adresse à des retraitants. Eh bien, aujourd’hui, c’est mieux qu’un message du pape que nous entendons puisque c’est la voix de Dieu lui-même. Et ce qu’il nous dit, il n’y a pas besoin de gros cahiers pour le noter, car Dieu est moins bavard que les prédicateurs, ce qu’il nous dit est bref et simple : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! » Voilà le conseil que Dieu nous adresse directement : Ecoutons Jésus qui est son Fils bien-aimé. Il ne nous dit pas parlez souvent à mon Fils Jésus, il aime tellement quand on lui parle ! Il dit : Ecoutez-le ! Quand vous prenez du temps pour le rencontrer, écoutez-le ! Le soir, quand vous revoyez votre journée, essayez de repérer si vous avez été à son écoute car il vous a parlé à travers les événements que vous viviez, les événements du monde, les paroles que d’autres vous ont adressées, ce que vous avez pu lire. Ecoutez-le, c’est-à-dire, soyez attentifs à ce qu’il vous dit. Ecoutez-le, c’est à dire, n’oubliez pas trop vite ce qu’il vous a dit. Ecoutez-le, c’est-à-dire ne discutez pas trop vite ce qu’il cherche à vous faire comprendre comme Pierre le faisait dans l’Evangile d’hier en prenant Jésus à part pour lui remonter les bretelles !

Puisque tu nous as donné une seule langue et deux oreilles, Seigneur fais-nous donc la grâce d’écouter deux fois plus que nous ne parlons et ainsi nous vivrons dans la joie de voir nos péchés divisés par deux !

Cette publication a un commentaire

  1. wilhelm richard

    Et moi, en vous lisant, je souris en donnant ma langue au chat.
    Et vous n’allez pas en croire vos oreilles car j’ai une envie de vous les tirer !!!

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