22 octobre : samedi 29° semaine ordinaire Attention à ne pas nous laisser secouer et embarquer à la dérive … et puis ne vivons pas bêtement, car, peut-être, nous mourrons bêtement !

Imaginez que je vous distribue maintenant une feuille et un stylo pour faire un petit devoir avec deux sujets au choix : 

  • 1° sujet : commentez en une dizaine de lignes la problématique développée par St Paul dans la 1° lecture que vous avez entendue.
  • 2° sujet : commentez cette phrase de la 1° lecture : L’Écriture dit : Il est monté sur la hauteur, il a capturé des captifs, il a fait des dons aux hommes. Que veut dire : Il est monté ? – Cela veut dire qu’il était d’abord descendu dans les régions inférieures de la terre. Et celui qui était descendu est le même qui est monté au-dessus de tous les cieux pour remplir l’univers.

Si je proposais cet exercice, vous vous retrouveriez peut-être dans la même situation que moi le jour du bac de philo : je comprenais à peine le sujet de la dissertation et pour le peu que je comprenais, je voyais bien que je n’avais pas grand-chose à dire ! Quant au texte qu’on pouvait commenter, s’il avait été écrit en chinois, je n’aurais pas eu plus de mal à le déchiffrer !

Certains passages de Paul ressemblent vraiment à ces textes de philo si compliqués. C’est vrai qu’il faut souvent s’accrocher quand on lit Saint Paul ! Remarquez, nous ne sommes pas les premiers puisque Saint Pierre lui-même disait que Paul écrivait d’une manière très compliquée ! Pour ceux qui voudraient vérifier, on a cette remarque en 2 P 3,16 ! Vous êtes venus un jour trop tard, parce que la lecture d’hier était beaucoup plus limpide que celle d’aujourd’hui. Mais voilà, c’est la lecture d’aujourd’hui qu’il me faut commenter ! Alors, je vais vous donner un petit truc que j’utilise régulièrement. Quand je me trouve face à un texte compliqué et que je n’ai pas toute une journée pour faire des recherches pour mieux le comprendre, je me dis : c’est sûr, il y a bien des choses compliquées dans ce texte, mais ce n’est pas possible que tout soit compliqué. Alors, je cherche à repérer ce qui est plus simple et je m’arrête sur ces versets plus simples pour voir comment ils me parlent aujourd’hui, dans la situation qui est la mienne. Je vous propose donc d’appliquer ce principe sur la 1° lecture que nous avons entendue aujourd’hui.

Les versets qui m’ont paru simples et parlants, ce sont les suivants : Ne soyez pas comme des petits enfants qui se laissent secouer et mener à la dérive par tous les courants d’idées, au gré des hommes qui emploient la ruse pour nous entraîner dans l’erreur. Au contraire, en vivant dans la vérité de l’amour, nous grandirons pour nous élever en tout jusqu’à celui qui est la Tête, le Christ. Alors là, il me semble qu’il y a un message extrêmement clair et particulièrement pertinent pour vous les jeunes.

Ce que je vais dire maintenant ne vous concerne pas directement, mais vous allez vite comprendre ce que je veux dire et pourquoi je vous le dis. Beaucoup de jeunes ont fait de belles études et sont habités par un savoir impressionnant. C’est le cas chez les étudiants. Et chez les jeunes pros, c’est un savoir-faire qui a été acquis, qui est tout aussi impressionnant que le savoir intellectuel. C’est ainsi que certains sont devenus capables de disséquer un atome, quand d’autres peuvent programmer des machines réalisant un travail d’experts. Magnifique ! Le problème, c’est que, dans le même temps, sur bon nombre de questions touchant à la foi, pour ceux qui sont allés au caté, ils en sont restés à ce qu’on leur a appris au caté quand ils étaient en CM ! Ce qu’on leur a dit en CM, c’était très bien, mais c’était ce qu’ils étaient capables de comprendre en CM ! Maintenant qu’ils ont fait toutes ces études et acquis tous ces savoirs et ces savoir-faire, il est évident que ce qu’ils ont appris en CM ne suffit plus à répondre aux questions qu’ils se posent. Du coup, bon nombre de jeunes tournent le dos à la foi en disant qu’on leur a appris des sornettes ! Ils ressortent toujours la création racontée dans la Bible qu’ils mettent en parallèle avec les découvertes scientifiques, ça ne tient pas la route. On les a déjà bien eus quand ils étaient enfants avec l’histoire du Père Noël, ils ne vont pas, à nouveau, se laisser rouler dans la farine !

Vous, si vous êtes là, c’est que vous n’êtes pas dans cette situation, vous faites ce qu’il faut pour mettre la réflexion concernant votre foi au niveau de tout ce que vous avez appris par ailleurs. Mais pensez à vos nombreux amis qui sont, comme le dit Paul dans la lecture, secoués et menés à la dérive par tous les courants d’idées, véhiculés par des hommes qui emploient la ruse pour les entraîner dans l’erreur. Je pense particulièrement à toutes les questions touchant à l’éthique, le début et la fin de vie. Dans les médias et, de manière encore bien plus nette dans les réseaux sociaux, il y a de moins en moins de gens éclairés à qui on donne la parole et aussi le temps de s’expliquer.

Bien des idées naissent de réactions uniquement affectives avec des slogans sympathiques. Mais attention, les psys nous ont mis en alerte, ce qui n’est construit que sur le ressenti ne peut pas tenir la route car le senti-ment ! Il faut de la réflexion et une réflexion exigeante pour dire des paroles sensées. Et ce n’est pas le caté qu’on a eu en CM, non-entretenu par la suite, qui peut suffire. 

Selon l’appel du pape, devenez des disciples-missionnaires, il ne s’agit pas de faire du prosélytisme mais de saisir toutes les occasions qui se présentent. Vous êtes avec des amis qui parlent de ce qui se trame autour de l’aide à mourir, parlez-leur de l’importance qu’il y aurait à tout mettre en œuvre pour l’aide à vivre et témoignez-leur de votre foi qui, justement vous aide à vivre. Bref, devenir disciples-missionnaires pour vous, aujourd’hui, c’est aider vos amis à trouver le bouton « mise à jour de la foi » ! Pour cela, vous avez tellement de bons outils sur internet, utilisez-les ! C’est vraiment un grand acte de charité de permettre à vos amis de ne plus être secoués et menés à la dérive par tous les courants d’idées, véhiculés par des hommes qui emploient la ruse pour les entraîner dans l’erreur. Oui, parce que derrière toutes les idées qui alimentent le marché si florissant du prêt-à-penser, il y a des manipulateurs habiles qui savent clairement où ils veulent nous conduire.

Quelques mots sur l’Evangile qui pose cette question redoutable du mal, d’où vient le mal, comment expliquer le mal ? On rapporte à Jésus un fait divers dramatique : un massacre commis par la garde de Pilate qui a supprimé des juifs de Galilée au moment où ils offraient un sacrifice. Terrible : à quoi ça sert de prier si, même quand on prie, on n’est pas à l’abri ? Ces situations dramatiques ne manquent pas, d’ailleurs, Jésus en rajoute une à celle dont on vient de lui parler, une situation qui n’a plus rien à voir avec la religion, il s’agit de l’effondrement d’une tour sur des passants qui n’ont eu qu’un seul tort : se trouver au mauvais endroit au mauvais moment.

Ces catastrophes sont tellement terribles que nous cherchons une explication : pourquoi ? Et de pourquoi en pourquoi en pourquoi, nous en arrivons à chercher un ou des responsables. Les gens qui viennent voir Jésus proposent une hypothèse : est-ce que ça ne serait pas une punition de Dieu à l’encontre d’hommes grandement pécheurs ? Jésus répond vite que ça ne tient pas la route d’abord parce que Dieu est amour et puis, ça ne tient pas la route de penser que Dieu aurait attendu que les plus grands pécheurs soient réunis pour inspirer à la garde de Pilate de commettre ce massacre. Ou encore Dieu aurait attendu que les plus grands pécheurs passent sous cette tour pour déclencher son effondrement. Vraiment, ça ne tient pas la route ! C’est ce que Jésus répond en répétant par 2 fois : eh bien, je vous dis : pas du tout ! Nous sommes rassurés, Dieu n’est pas un justicier qui compterait nos péchés et déclencherait des catastrophes punitives quand nous aurions vraiment dépassé les bornes.

OK, très bien, mais là où ça se complique, c’est avec la parole qui suit à chaque fois le « pas du tout. » En effet, Jésus dit : « Mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même. » Qu’est-ce que Jésus veut dire ? Je vous partage comment, moi, je comprends cette parole, mais je ne vous oblige pas à penser ce que je pense ! Il me semble que c’est un peu comme si Jésus disait : ces pauvres personnes qui sont mortes victimes de la garde de Pilate ou en passant sous la tour de Siloé, elles sont mortes bêtement. Comme je l’ai dit : elles étaient au mauvais moment, au mauvais endroit. Elles n’y sont pour rien. Alors, dans son invitation à la conversion, il me semble que c’est comme si Jésus nous disait : vous non plus, vous ne choisirez pas comment vous allez mourir, peut-être que vous aussi, il vous arrivera d’être au mauvais moment, au mauvais endroit, oui, peut-être que vous allez mourir bêtement. Alors, de grâce, convertissez-vous pour ne pas vivre bêtement. 

Mourir bêtement, ça peut nous arriver à tous sans que nous ne le choisissions évidemment. Mais ne pas vivre bêtement, c’est à nous qu’il revient de le choisir. Pour ne pas vivre bêtement, il est nécessaire d’entrer dans un chemin de conversion permanente. Et la fin de l’Evangile, avec la parabole du figuier, nous indique qu’il y a quand même une certaine urgence. Bien sûr, le Saint-Esprit nous accompagnera pour nous donner la force dont nous avons besoin pour faire les choix qui s’imposent. Mais la décision de nous tenir sur le chemin de la conversion, c’est bien à nous de la prendre. Les choix qui sont à faire de manière quotidienne, c’est bien à nous de les faire. Le Saint-Esprit sera avec nous, mais jamais il ne fera les choses à notre place. St Jean-Paul II, toi qui as tant aimé les jeunes, intercède pour eux et pour nous qui sommes jeunes depuis plus longtemps qu’eux !

Cette publication a un commentaire

  1. Adéline

    Très intéressant !!! Merci. Bonne fête de St JP II !

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