9 septembre : jeudi 23° semaine ordinaire. A la suite de l’évêque de Digne sortir de la moyenne de l’amour et viser l’excellence !

Quand on a fini d’écouter l’Evangile, on a envie de dire à Jésus : Ça va, tu ne veux pas en rajouter encore ? Allez, je vous fait un best-off des meilleures paroles de Jésus dans cet Evangile : « Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent. À celui qui te frappe sur une joue, présente l’autre joue. Donne à quiconque te demande, et à qui prend ton bien, ne le réclame pas. » Oui, ça va Jésus, tu ne veux pas en rajouter encore ? Aimer ceux qui nous aiment, ce n’est déjà pas évident tous les jours, alors aimez ses ennemis, non ce n’est pas pour moi ! Ne pas rendre coup pour coup, ce n’est déjà pas simple, mais présenter son autre joue à celui me frappe, non, ce n’est vraiment pas pour moi ! D’autant plus que cette parole ne vise pas que les coups physiques mais aussi les coups que l’on se donne par des paroles blessantes, par des regards assassins. Et le bouquet, c’est de ne rien réclamer à ceux qui nous volent. Ça nous fait peut-être penser à cette très belle scène des Misérables où l’évêque de Digne, a accepté d’héberger le forçat Jean Valjean qui, quoique libéré, est refusé partout. Mais voilà la nature reprend le dessus et le forçat prend la poudre d’escampette avant le lever du soleil emportant avec lui l’argenterie de l’évêque. Il est arrêté et quand il est amené à l’évêque, celui-ci, au lieu de l’accabler devant les gendarmes lui dit : « Mon ami, je vous avais donné les chandeliers aussi, qui sont en argent comme le reste et dont vous pourrez bien tirer deux cents francs. Pourquoi ne les avez-vous pas emportés avec vos couverts ? » Extraordinaire ! Oui, extraordinaire, mais je ne suis pas à la hauteur de l’évêque de Digne et vous non plus ! 

Alors qu’est-ce qu’on en fait de toutes ces paroles de l’Evangile ? On les laisse pour les héros comme l’évêque de Digne et les zéros que nous sommes se contenteront déjà d’aimer ceux qui les aiment, de ne pas rendre coup pour coup et de donner un peu de notre superflu ? Cette histoire de héros et de zéros me rappelle une belle parole du saint Curé d’Ars, mon compatriote, il aimait dire : moi, je suis un zéro ! Mais, malicieusement, il rajoutait : comme tous les zéros, je n’ai de la valeur que mis à côté des autres ! Oui, un zéro, en soi, ça n’a pas de valeur, mais il peut prendre de la valeur et donner de la valeur. Si vous décidez de faire un chèque de 50€ pour la maison St François et que, vous ravisant, vous décidez de rajouter un ou deux zéros, ça change et j’imagine qu’à la maison St François, ils seront heureux de recueillir votre chèque augmenté d’un ou deux zéros ! Comme il avait raison le curé d’Ars : nous sommes des zéros, mais, comme tous les zéros, mis à côté des autres, nous prenons une belle valeur et surtout quand nous acceptons de nous mettre à côté du Seigneur … mais encore faut-il que nous acceptions d’être du bon côté, c’est-à-dire derrière ! Si vous rajoutez un zéro sur votre chèque avant le 50, ça ne rapporte rien, ça risque même de l’annuler ! Les zéros que nous sommes n’ont de valeur que mis à côté des autres, mis à côté du Seigneur, mais à condition que nous acceptions d’être derrière, pas toujours devant à dicter notre volonté.

Bonne nouvelle donc, cet Evangile n’est pas que pour les héros, genre évêque de Digne, il est aussi pour nous, les zéros à condition que nous comptions sur la grâce. Cet Evangile est un vibrant appel à vivre un amour qui nous sorte de la médiocrité et même, excusez le néologisme, un amour qui nous sorte de la « moyenneté », c’est à dire le fait, en matière d’amour, de se contenter du minimum syndical ! Le témoignage des chrétiens ne changera le monde que si les chrétiens renoncent évidemment de la médiocrité mais aussi à la « moyenneté ». Comme le dit Jésus, la « moyenneté » même les pécheurs en font autant. C’est à l’excellence de l’amour que nous sommes appelés car seule l’excellence de l’amour touche les cœurs. Permettez-moi de vous lire la suite de l’histoire de Jean Valjean et l’évêque de Digne. Les gendarmes s’éloignent puisque l’évêque les assure qu’il n’y a pas eu de vol, voilà ce que dit le texte : « Jean Valjean était comme un homme qui va s’évanouir. L’évêque s’approcha de lui, et lui dit à voix basse : N’oubliez pas, n’oubliez jamais que vous m’avez promis d’employer cet argent à devenir honnête homme. Jean Valjean, qui n’avait aucun souvenir d’avoir rien promis, resta interdit. L’évêque avait appuyé sur ces paroles en les prononçant. Il reprit avec solennité : Jean Valjean, mon frère, vous n’appartenez plus au mal, mais au bien. C’est votre âme que je vous achète ; je la retire aux pensées noires et à l’esprit de perdition, et je la donne à Dieu. » 

Et on sait que cet homme va passer le reste de sa vie à vouloir faire du bien. Quand on a croisé sur sa route quelqu’un qui, comme l’évêque de Digne, vit l’excellence de l’amour, forcément, on n’en ressort pas indemne. Ceux qui croisent des chrétiens médiocres sont détournés de la foi, ceux qui croisent des chrétiens moyens ne sont pas attirés, seuls ceux qui croiseront des chrétiens vivant l’excellence de l’amour auront le cœur touché. Et vous l’avez donc compris, même les zéros peuvent parvenir à l’excellence de l’amour s’ils acceptent de compter sur la grâce, sur l’Esprit-Saint qui porte ce nom si évocateur de « Père des pauvres. » Oui, un zéro, parce qu’il sait qu’il est zéro ne cherchera pas à réussir par ses propres forces, il se connait trop bien, il connait trop bien ses misères, alors, pour parvenir à l’excellence de l’amour, il demandera au Père des pauvres de l’envahir.

Il me semble que c’est exactement le message que nous délivrait la 1° lecture. Paul disait aux chrétiens de Colosse : « Revêtez-vous de tendresse et de compassion, de bonté, d’humilité, de douceur et de patience. » Le père Joseph, dans son homélie mardi, nous expliquait la signification du vêtement blanc en rappelant cette autre parole de Paul : vous avez revêtu le Christ. A notre Baptême, nous avons revêtu le Christ, ce n’est pas rien ! Et pour l’expliquer, il nous disait qu’un enfant qui admire Zorro, quand vous lui offrez un costume de Zorro et qu’il le revêt, il se met à devenir Zorro, à rêver de tout faire comme Zorro ! Eh bien, quand Paul dit : « Revêtez-vous de tendresse et de compassion, de bonté, d’humilité, de douceur et de patience » c’est comme s’il disait : revêtez-vous du Saint-Esprit ! En effet, toutes les qualités qu’il énumère, tendresse et compassion, bonté et humilité, douceur et patience, sont des fruits du Saint-Esprit. Si on reprend l’image du père Joseph, revêtus du Saint-Esprit, nous deviendrons comme des enfants revêtus du costume de Zorro ! Nous deviendrons capables de faire reculer les frontières de l’impossible, c’est-à-dire qu’en matière d’amour, nous sortirons évidemment de la médiocrité mais aussi de la « moyenneté », notre témoignage deviendra aussi lumineux que celui de l’évêque de Digne et portera autant de fruits que le sien. Et alors, tout devient vraiment formidable, revêtus du Saint-Esprit, nous ne serons plus des zéros mais des Zorros de l’amour ! Et en plus de ce costume extérieur, Paul nous invite à une opération de ravalement intérieur, à changer la tapisserie de notre cœur : que, dans vos cœurs, règne la paix du Christ et que la parole du Christ habite en vous dans toute sa richesse. 

Costume du Zorro de l’amour à l’extérieur, cœurs retapissés de neuf à l’intérieur, dans ces conditions, c’est sûr qu’autour de nous, il y aura du changement. Et ce changement, soyons-en sûrs, nous en serons les premiers bénéficiaires. En effet, aimant de cette excellence de l’amour, je serai aimé de cette même excellence. Jésus l’affirmait dans l’Evangile : « la mesure dont vous vous servez pour les autres servira de mesure aussi pour vous. » Mais vous pourriez me dire que ça ne marche pas toujours, c’est vrai, il suffit de penser au père Jacques Hamel ou plus récemment et plus près de nous, au père Olivier Maire. Les hommes qui les ont tués ont bien été mis en contact avec l’excellence de l’amour et ça n’a pas marché, ils ne sont pas devenus des Jean Valjean. C’est vrai et c’est un bien grand mystère que cette force du mal, un mystère pour lequel le père Jacques Hamel nous a donné une clé de compréhension puisqu’avant de mourir, il dira : va-t-en Satan ! Il était persuadé que cet homme était le jouet du prince des ténèbres qui, lui, quand il est mis en présence de l’excellence de l’amour se déchaine encore plus. Mais qu’il s’agisse du père Hamel ou de père Maire, ils auront donné malgré tout une victoire posthume à l’excellence de l’amour puisqu’on a parlé d’eux à la télé, à la radio, dans les journaux leur attribuant ce titre de martyrs de l’amour. L’excellence de l’amour finit toujours par porter du fruit. Alors St Esprit, envahis le cœur des zéros que nous sommes pour nous faire sortir de la médiocrité et de la moyenneté, fais de nos des Zorros de l’amour revêtus de tendresse et de compassion, de bonté, d’humilité, de douceur et de patience.

Cette publication a un commentaire

  1. Adéline

    Excellent !

    Devant, le héros; derrière, les zéros !!!

    Les zéros qui deviennent les z’ hérauts… 😉

    Belle journée!

    Adéline

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