23 juin : règle d’or, d’argent… et de pacotille !

En ce moment, les 1° lectures nous font écouter l’histoire d’Israël au temps de la royauté. Ces textes peuvent parfois nous paraître assez loin de nos préoccupations, il nous faut cependant les accueillir car ils nous livrent de manière générale une triple leçon.

  • 1° leçon : nous nous rappelons cette déclaration courageuse de Pie XI pour éradiquer l’antisémitisme chez les chrétiens ; disant à propos des chrétiens : spirituellement, nous sommes tous des sémites. Ce qui signifie que les juifs sont nos frères ainés dans la foi et leur histoire est aussi notre histoire.
  • 2° leçon : cette histoire est une histoire très tourmentée qui peut se résumer comme à jeu de cache-cache avec Dieu. Quand le peuple et ses dirigeants étaient fidèles à l’Alliance, ils connaissaient une certaine prospérité. Ce qui ne veut pas dire qu’ils ne connaissaient plus de problèmes, mais ils sortaient vainqueurs des problèmes. La 1° lecture d’aujourd’hui en est une belle illustration.
  • 3° leçon : cette histoire d’infidélités successives du peuple est aussi l’histoire de la fidélité indéfectible du Seigneur. Jamais le Seigneur n’a lâché ce peuple avec qui il avait fait alliance … il aurait pourtant eu de bonnes raisons d’être fatigué et de jeter l’éponge. Il ne l’a jamais fait avec son peuple, il ne le fera jamais avec nous non plus !

Venons-en à l’Evangile. Nous approchons de la fin de notre lecture continue du fameux sermon sur la montagne, inauguré par la prédication des Béatitudes. C’est comme une première conclusion de ce grand discours qui nous est donnée aujourd’hui. Je ne peux pas commenter les trois parties du texte : l’histoire de la perle aux pourceaux au début, la porte étroite à la fin, je m’arrête sur le centre, cette fameuse « règle d’or » puisque c’est ainsi qu’on appelle cette sentence de Jésus : « Tout ce que vous voudriez que les autres fassent pour vous, faites-le pour eux, vous aussi : voilà ce que disent la Loi et les Prophètes. »

Pourquoi l’appelle-t-on la règle d’or ? Tout simplement parce que Jésus reformule un principe de sagesse existant depuis longtemps et c’est précisément sa reformulation qui fait de cette sentence une règle d’or. Depuis très longtemps, on connaissait un principe de vie assez semblable. Il y a d’ailleurs un livre qui a été écrit pour réfléchir à l’histoire de cette maxime (Règle d’or — Histoire d’une maxime morale universelle d’Olivier du Roy. Collection Patrimoines – Histoire des religions) Je donne deux exemples. 

  • Dans la sagesse de Confucius, 6° siècle avant Jésus-Christ, il y avait ce grand principe : « Ce que vous ne voulez pas qu’on vous fasse, ne le faites pas aux autres. »
  • De la tradition juive – et on se doute bien que c’est cette tradition juive qui a influencé Jésus plus que Confucius ! – je retiens cette histoire. Il y avait deux grands maitres dans le judaïsme, l’un assez strict, Shammaï et l’autre plus libéral Hillel. Un homme vient d’abord cers Shammaï le stricte pour lui dire : je deviendrai ton disciple si tu parviens à m’enseigner la loi tandis que je me tiendrai sur un seul pied ! C’est donc un résumé qu’il demandait. Shammai le renvoie en lui expliquant que la Loi ne se résume pas. Il va donc voir Hillel, le libéral et lui fait la même demande. Hillel réplique que c’est assez simple : « ce qui t’est odieux, ne le fais pas à ton proche, voilà toute la Tora, le reste n’est qu’explication : va l’apprendre ! » (Talmud, « Sabbat », édition de Joseph Bonsirven no. 633)

Vous l’avez entendu, comme dans la sagesse de Confucius, c’est la formulation, sous forme négative, de ce que Jésus dira de manière positive : « Tout ce que vous voudriez que les autres fassent pour vous, faites-le pour eux, vous aussi. » Cette formulation négative, en comparaison de la formulation positive de Jésus appelée règle d’or, certains ont choisi de l’appeler la règle d’argent. Pourquoi règle d’argent ? Tout simplement parce que ne pas faire de mal, c’est déjà positif, mais c’est loin d’être le dernier mot de la vie chrétienne. Un chrétien ce n’est pas celui qui ne fait pas de mal, c’est celui qui fait du bien : Tout ce que vous voudriez que les autres fassent pour vous, faites-le pour eux, vous aussi !

D’ailleurs, dans l’évangile du jugement dernier, Jésus va dénoncer l’attitude de ceux qui se seront contentés de ne pas faire de mal sans avoir été jusqu’à faire du bien. « J’avais faim et vous ne m’avez pas donné à manger, j’étais malade ou en prison et vous n’êtes pas venus me visiter … » Le jugement ne porte pas sur une appréciation positive concernant le mal qui n’a pas été commis mais sur la dénonciation du bien qui n’a pas été réalisé. C’est pourquoi j’aime dire que nos plus gros péchés sont des péchés d’omission puisqu’ils concernent précisément le bien que nous n’avons pas fait. Et de ces péchés d’omission, nous ferions bien de prendre la bonne habitude de nous en confesser !

Au sommet, il y a donc la règle d’or, puis la règle d’argent qui a quand même sa valeur car il vaut mieux, même si je ne fais pas beaucoup de bien, ne pas faire de mal qu’en faire à longueur de journée ! Et puis, tout en bas, il y a souvent les règles de pacotille dont nous nous contentons trop souvent du genre : « Tout ce que vous voulez que les gens fassent pour vous, exigez qu’ils le fassent vraiment à votre goût, sinon faites-en un sujet d’amertume, de colère ou de conflit. » Ou encore : « De tout ce que vous voulez que les gens fassent pour vous, n’en faites que la moitié pour eux ! » Ou plus souvent : Tout ce que vous voulez que les gens fassent pour vous, faites-le pour eux pour être sûrs qu’ils vous rendent le bien que vous aurez fait » Chacun de nous peut s’examiner, cherchant à débusquer ces règles de pacotille qui peuvent, à certains moments déterminer notre comportement.

Je conclus en soulignant que, bien sûr, la mise en œuvre de la règle d’or, sa mise en œuvre de manière et permanente et purement gratuite, n’est pas naturellement à notre portée. Mais, puisque ce fut la règle de vie de Jésus, à chaque fois que je reçois Jésus et que, grâce à l’Esprit-Saint, je lui fais une vraie place dans ma vie, sa règle de vie devient peu à peu la mienne permettant à ma vie de devenir précieuse comme l’or de cette règle.

Cette publication a un commentaire

  1. Adéline

    Amen !!! Alléluia !!!
    🙂

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