23 mai : Le don de crainte pour ne jamais avoir peur !

Après l’introduction générale hier, nous commençons à réfléchir sur chacun de ces 7 dons, réflexion qui nous permettra de mieux les accueillir pour que ça puisse se voir que nous avons reçu le St Esprit ! Un petit mot sur l’origine de cette liste. Vous savez que nous la trouvons dans le prophète Isaïe 11,2-3 : « Un rameau sortira de la souche de Jessé, père de David, un rejeton jaillira de ses racines. Sur lui reposera l’Esprit du Seigneur : Esprit de sagesse et de discernement, Esprit de conseil et de force, Esprit de connaissance et de crainte du Seigneur, qui lui inspirera la crainte du Seigneur. » Si vous comptez bien, il n’y en a que 6 ! Mais quand la Bible sera traduite en grec vers le 3° siècle avant J.C. le mot hébreu qui a donné crainte en français sera rendu par deux mots grecs car ce mot hébreu est très riche et ne trouvait pas d’équivalent grec en un seul terme. Et quand la Bible sera traduite du grec au français puisque la traduction se fait à partir du texte grec et non pas du texte hébreu, on va traduire ces deux mots grecs par 2 mots français : crainte et piété ou affection filiale. Du coup, nous avons la liste des 7 dons du Saint Esprit qui vont être sans cesse repris et commenté dans la théologie spirituelle. Et ça tombe bien car 7 chiffre parfait, plénitude.

Le premier don que je veux commenter, c’est le don de crainte, en précisant bien que, dans la Bible, la crainte n’est pas la peur. Ça serait quand même le comble de penser que le 1° don que nous fait le St Esprit, ça soit la peur. C’est même tout l’inverse, l’Esprit-Saint nous libère de la peur. Parce que le drame, c’est que, bien des gens ont trop peur de Dieu mais sans véritablement craindre Dieu. Alors, de quoi parle-t-on quand on parle de crainte ? Et ne serait-il pas préférable de changer ce mot puisqu’il peut induire en erreur ? Oui, on pourrait changer ce mot, mais il est aussi un mot que l’on trouve régulièrement dans la Bible, alors mieux vaut l’expliquer ! Le mot de crainte dans l’expression « don de crainte » a une double signification.

  • 1° signification : c’est le don par lequel l’Esprit-Saint nous donne la crainte de nous éloigner de Jésus. Nous sommes à la fois tellement attachés à Jésus et conscients de notre faiblesse que nous craignons de nous retrouver seuls, d’avoir à mener un jour notre vie sans lui. Cf. Marie-Madeleine séparée de Jésus depuis si peu de temps, elle n’en peut plus ! Vous aurez remarqué que, à la messe, je dis tout haut cette prière avant de communier que le missel nous invite à dire à voix basse, il n’y a pas de raison pour que vous en soyez privés parce que justement, elle dit cela ! Fais que je demeure toujours fidèle à ta Parole (tes commandements) et que JAMAIS JE NE SOIS SÉPARÉ DE TOI. Voilà ce que produit le don de crainte en nous, c’est ce cri de supplication : que jamais je ne sois séparé de toi ! Il nous fait chanter, au moins les premiers mots de la fameuse chanson : que serai-je sans toi ?! Le don de crainte, c’est le don par lequel le Saint Esprit nous donne de repérer, de craindre et d’éloigner tout ce qui pourrait nous éloigner de Jésus, de nous couper de lui. Et les trois verbes sont importants : repérer, craindre et éloigner. Cf. cette belle prière de St Nicolas de Flüe découverte dans le mois des Exercices Spirituels l’année dernière :

« Mon Seigneur et mon Dieu, prends-moi tout ce qui m’éloigne de Toi

« Mon Seigneur et mon Dieu, donne-moi tout ce qui me rapproche de Toi

« Mon Seigneur et mon Dieu, détache-moi de moi-même 

pour que je puisse me donner tout entier à Toi. Amen »

  • Et puis, 2° signification, le don de crainte, c’est aussi ce don qui nous aide à prendre conscience de la grandeur de Dieu. Je l’ai dit, il ne s’agit pas d’avoir peur de Dieu, mais pour autant, il ne s’agit pas non plus de perdre de vue la grandeur de Dieu. Et c’est justement parce qu’il est grand, tout-puissant, créateur du ciel et de la terre qu’il est inouï qu’il s’intéresse à moi ! Il y a un tel écart entre Dieu et moi que je dois rester perpétuellement ébahi que Dieu s’intéresse à moi qui ne suis qu’une fourmi ! Eh bien, c’est le don de crainte qui va nous garder dans cet émerveillement, c’est le très beau cri d’admiration du psalmiste : « qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui, le fils d’un homme que tu en prennes souci ? » Ps 8. Dans les « Principes et fondements » des Exercices spirituels, St Ignace dit que nous avons été créés pour louer, révérer et servir le Seigneur. C’est le don de crainte qui va nous entrainer dans ce mouvement. 
    • Louer. La louange, c’est notre réponse à l’amour totalement gratuit de Dieu, je renonce à être content de moi … ou pas content de moi … pour être content de Dieu ! Mon contentement, c’est de me savoir aimé et cela provoque la louange. 
    • Révérer, respecter, craindre : c’est donner à Dieu sa juste place : ni trop loin, ni trop près. C’est surtout décider de ne pas faire de l’ombre à Dieu en mettant à la place qui lui est due des choses, des personnes qui deviennent des idoles.
    • Servir, c’est la conséquence. Quand je comprends vraiment qui est Dieu, je ne peux avoir d’autre désir que de le servir. Cf. Charles de Foucauld : « quand je sus qu’il y avait un Dieu, je compris que je ne pourrais faire autrement que le servir ! »

C’est donc l’Esprit-Saint par le don de crainte qui nous rappelle sans cesse qui est Dieu, la grandeur de Dieu.  Pour donner un exemple biblique, c’est ce don qui est à l’origine du cri de Job à la fin du livre :  » Je sais que tu es Tout-puissant, ce que tu conçois, tu peux le réaliser. Moi, j’étais celui qui voile tes plans par des propos dénués de sens. Aussi as-tu raconté des œuvres grandioses que je ne comprends pas, des merveilles qui me dépassent et que j’ignore. Je ne te connaissais que par ouï-dire, mais maintenant mes yeux t’ont vu. Aussi je me rétracte et m’afflige sur la poussière et sur la cendre. » Job 42, 1-6. Ce n’est pas de l’écrasement, c’est de l’humilité par rapport à soi et une foi extraordinaire par rapport à Dieu et, pour Job, c’est cette démarche qui provoquera son relèvement. Il en va sûrement ainsi pour nous aussi, c’est quand nous remettons Dieu à sa juste place et que nous faisons disparaitre ce qui a, indûment, pris trop de place que nous pouvons nous relever. C’est ce que peut opérer le St Esprit en nous par le don de crainte.

Le don de crainte, c’est lui qui vient nous aider à lutter contre notre orgueil, notre suffisance : « Oh, oui, que jamais, je ne sois séparé de Toi, Seigneur, parce que sans Toi, Seigneur ma vie tombe en ruine ! » Le don de crainte, c’est le don qui va nous déshabituer parce qu’au bout d’un moment dans notre vie de foi, il y a un grand risque, c’est que nous pensions tout connaître de Dieu, avoir tout vu. Le don de crainte nous fait entrer dans une stupeur émerveillée devant Dieu, devant ce qu’il est, devant ce qu’il fait que je n’aurai jamais fini de découvrir.

Viens St Esprit, viens et emplis-nous de ce don de crainte !

Laisser un commentaire