24 juillet : lundi 16° semaine Temps ordinaire. Mon Dieu dont je suis sûr !

Homélie pour la messe d’entrée en retraite à Corset dans le Nord, retraite que je prêche sur le thème : avec le Saint-Esprit, tout est possible !

Vous savez que, pour les messes en semaine, la liturgie nous fait lire, quasiment en continu et in extenso, un certain nombre de livres du Premier Testament ou d’épîtres du Nouveau Testament. Et de même, pour l’Evangile, nous prenons, à la suite, les 3 Evangiles synoptiques avec l’Evangile de Jean parsemé ici ou là, à différents temps liturgiques. Actuellement, nous lisons l’Evangile de Matthieu et, en 1° lecture, le livre de l’Exode. Si vous avez la chance de pouvoir aller à la messe tous les jours, vous savez tout ça !

La 1° lecture nous a fait entendre ce récit bien connu et étonnant des heures qui précèdent le passage de la mer Rouge, normalement, demain, nous aurions dû entendre le récit proprement dit du passage, mais la fête de St Jacques nous privera de cette lecture ! Alors je parle des deux en même temps ! Et pour commencer, je veux vous faire sourire et introduire de manière originale le thème de cette retraite que nous allons vivre ensemble.

Vous avez tous entendu parler du Renouveau Charismatique, peut-être participez-vous, vous-même, à un groupe de prière, j’aurai l’occasion d’en reparler. Le Renouveau est né à un moment où dans l’Eglise, il était de bon ton de remettre en cause pas mal de vérités de foi et notamment la manière de lire les Ecritures. Il ne fallait surtout plus croire que les événements s’étaient passés comme la Bible les racontait, il fallait faire une lecture tellement symbolique qu’il ne restait plus rien des événements ! Mais justement, dans le Renouveau, on s’est remis à croire que Dieu était puissant et qu’il n’était pas forcément nécessaire, ni même bon, d’interpréter tous les récits. 

C’est ainsi que dans un rassemblement du Renouveau un prédicateur commentait ce récit du passage de la mer Rouge. C’est une histoire que je vous raconte-là ! Et le prédicateur s’en est donné à cœur joie de donner des détails et des détails qui montraient la puissance de Dieu qui avait été capable de faire traverser son peuple à pied sec. Du coup, tout le monde exultait, les « alleluia » fusaient !

Après la messe, un exégète qui avait été envoyé par l’évêque pour vérifier si ce qui se disait chez ces illuminés était correct prend le prédicateur à part et lui explique que les dernières recherches en exégèse ne permettent plus de dire des choses comme ça. Il lui explique qu’en fait, il y avait eu une terrible tempête et que les hébreux n’étaient pas devant la mer Rouge, mais devant une sorte d’étang dont la tempête avait refoulé les eaux sur les bords et que c’est ainsi qu’ils avaient pu passer à pieds sec. Il demande au prédicateur de faire une mise au point dans son enseignement de l’après-midi. L’après-midi, l’exégète a fait une sieste plus longue que prévue et quand il arrive, l’enseignement a déjà commencé et il entend à nouveau une volée « d’alleluia » qui sortent du chapiteau. Furieux, il se dit que le prédicateur n’a pas fait la mise au point demandée et il le fait appeler en disant que le groupe de chants pourra combler cet intermède. Et furax, il dit au prédicateur, je vous avais demandé de faire une mise au point, pourquoi ne l’avez-vous pas faite ? Le prédicateur lui dit : mais je l’ai faite ! L’exégète lui demande : alors pourquoi chantent-ils encore à tue-tête des alleluia ? Et le prédicateur lui dit : quand je leur ai expliqué ce que vous m’aviez dit, qu’ils avaient traversé un étang dont les eaux avaient été refoulées momentanément, un chrétien est venu et il a pris le micro en disant : alors Dieu est encore plus puissant qu’on ne le pensait parce que pour noyer l’armée des Egyptiens dans un étang alors qu’il y avait des centaines, des milliers de chars, il fallait vraiment que Dieu soit très puissant pour qu’ils puissent se noyer dans si peu d’eau !!!!

Avec le Saint-Esprit tout est possible, il nous rendra toujours capables de chanter alleluia, de louer Dieu pour sa puissance quelles que soient les circonstances !

Que s’est-il passé exactement ? Bien malin qui peut le dire avec précision ! Ce qui est sûr, c’est qu’à un moment donné, les hébreux, si heureux d’avoir quitté l’esclavage insupportable qu’ils subissaient en Egypte, ont cru que c’en était fini pour eux. Il y avait une telle disproportion de force et tellement d’obstacles qu’ils ne pensaient pas pouvoir réchapper. 

C’est ce que traduira si bien le psaume 124, dans nos Bibles et 123 dans la liturgie, qui fera une relecture de cet événement : Sans le Seigneur qui était pour nous, – qu’Israël le redise – sans le Seigneur qui était pour nous quand des hommes nous assaillirent, alors ils nous avalaient tout vivants, dans le feu de leur colère. Alors le flot passait sur nous, le torrent nous submergeait ; alors nous étions submergés par les flots en furie. Béni soit le Seigneur qui n’a pas fait de nous la proie de leurs dents ! Comme un oiseau, nous avons échappé au filet du chasseur ; le filet s’est rompu : nous avons échappé. Notre secours est le nom du Seigneur qui a fait le ciel et la terre. Le psaume n’insiste pas sur les circonstances précises qui ne devaient quand même pas ressembler à ce que disait cet exégète, mais le psaume insiste sur une chose : au moment où nous risquions d’être engloutis, le Seigneur a ouvert un chemin tellement improbable que désormais nous chanterons sans cesse que notre secours est le nom du Seigneur qui a fait le ciel et la terre !

Je pense que nous pourrions tous témoigner que nous avons vu, dans notre propre vie ou dans la vie de ceux qui nous entourent, de telles interventions du Seigneur. Chacun de nous a pu, à un moment donné se retrouver dans une impasse dont il ne voyait plus comment sortir et le Seigneur a été capable d’ouvrir un chemin tellement improbable que désormais nous ne voulons plus cesser de chanter que notre secours est le nom du Seigneur qui a fait le ciel et la terre ! C’est toujours le Saint-Esprit qui suscitera cette relecture de foi si bienfaisante.

Mais alors, s’il en est ainsi, s’il est si important de voir que la puissance de Dieu est à l’œuvre dans nos vies, pourquoi Jésus semble s’énerver quand, dans l’Evangile, on lui demande un signe ? Je ne pense pas que Jésus soit, à priori, contre les signes et qu’il estime que la foi doive se vivre, en permanence, dans la nuit la plus complète ! Mais il faut bien voir qui vient lui réclamer ce signe, ce sont des pharisiens. Et on sait que, habituellement, lorsqu’ils demandent quelque chose à Jésus, c’est toujours pour lui tendre un piège.

Nous sommes au chapitre 12 de l’Evangile de Matthieu, c’est dire si des signes, il y en a eu pas mal, notamment aux chapitres 8 et 9, deux chapitres dans lesquels Matthieu a regroupé 10 récits de miracles. Oui, des signes, il y en a eu pas mal, d’ailleurs en grec, signe et miracle, ça peut être le même mot ! Jésus n’est donc pas contre les miracles. Mais ce qu’il ne veut pas c’est que nous fassions dépendre la foi d’un miracle. La foi, c’est une histoire de confiance, les deux mots sont extrêmement liés et l’aime parler de foi confiante. En effet, avoir la foi, ce n’est pas croire en des vérités intellectuelles sur Dieu, sur Jésus, sur le Saint-Esprit et encore moins respecter un code de morale, avoir la foi, c’est faire confiance au Seigneur. C’est la belle exclamation qui nous vient encore d’un psaume, le psaume 90 de la liturgie ou 91 de nos Bibles : Mon Dieu dont je suis sûr ! 

En refusant le signe demandé, Jésus, finalement, veut respecter la liberté des hommes, il ne s’imposera pas à eux et cela il le fera jusqu’au bout refusant de répondre à ceux qui le mettent au défi de descendre de la croix pour prouver qu’il est le Fils de Dieu. C’est sûr que s’il l’avait fait, ça aurait cloué le bec à tout le monde, mais on n’aurait plus été dans la foi. 

Plutôt que d’exiger quoique ce soit du Seigneur dans cette retraite, faisons confiance au Saint-Esprit qui sait mieux que nous ce dont nous avons le plus besoin ! Demandons seulement la grâce de pouvoir grandir dans la confiance. 

Cette publication a un commentaire

  1. Jean Marc

    Alléluia! Oui, avec le Saint Esprit tout est possible !
    Que la puissance d’amour de la Sainte Trinité bénisse cette retraite.
    N’est ce pas un signe extraordinaire que la réponse de jésus en toutes les générations, cette force de sa personne qui attire aussi bien les païens, les non-chrétiens, les athées ? Contemplons-le dans ses paroles inépuisables. (Jh Ratzinger)

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