Il peut nous arriver parfois de désespérer devant le mal qui fait tant de ravages dans le monde et ces derniers temps, nous sommes servis ! Le passage de la lettre aux Romains de St Paul que nous avons entendu va nous donner un grand motif d’espérance. Alors, c’est vrai, je le dis depuis plusieurs jours, la lettre aux Romains est un écrit assez compliqué, nous avons besoin d’aide pour le décrypter. Je ne veux pas entrer dans tous les détails du passage qui a été entendu, mais je voudrais le résumer en ces termes : le combat contre le mal et le Malin, le Seigneur a décidé d’en faire son affaire.
C’est bien ce que nous dit Paul en mettant en parallèle le péché et le Salut. Le Malin pensait avoir gagné la victoire en faisant entrer par un homme, Adam, le péché dans le monde et, avec le péché, la mort. C’était sans compter sur la réaction du Seigneur (action/réaction !) qui n’a pas réglé le problème en punissant l’homme pour sa désobéissance mais qui a décidé d’envoyer son Fils pour sauver l’humanité. Ce chapitre 5 de l’épitre aux Romains à partir duquel l’Eglise a construit sa réflexion sur le péché originel est comme un tableau en noir et blanc. Il y a beaucoup de noir, Paul est réaliste, le mal et le Malin n’ont pas fait les choses à moitié. Mais ce noir, finalement, n’est là que pour mieux faire ressortir le blanc ou la lumière qui jaillit au cœur de cette noirceur. Alors que le Malin en déstabilisant le merveilleux équilibre harmonieux de la création pensait avoir réussi son coup, voilà que Dieu en envoyant Jésus récupère le coup et fait même bien mieux que récupérer le coup.
Oui, pour Paul, il y a 2 convictions qui sont très claires et que je veux développer rapidement :
- Première conviction : La victoire n’est pas pour le monde des ténèbres parce que, évidemment, Dieu est plus fort. Et il est important de le redire car il y a des personnes qui pensent qu’il y a d’un côté une force du bien, Dieu et de l’autre une force du mal, le diable et qu’ils se battent à armes égales comme deux principes de même force. Alors, tantôt le bien est vainqueur et tantôt, c’est le mal. La foi chrétienne n’a rien à voir avec ces théories qu’on appelle dualistes. Le diable, comme principe du mal, existe, mais il n’a comme puissance que celle que nous acceptons de lui donner, si nous le rejetions tous, il ne pourrait rien faire ! Ce combat n’est donc pas à armes égales : les effets du combat du Malin pour faire régner le mal et les effets du combat du Seigneur pour faire triompher le bien n’ont rien à voir. Avez-vous remarqué que plusieurs fois dans ce texte, Paul l’affirme, je reprends quelques versets en insistant à la lecture sur le déséquilibre en faveur du combat mené par le Seigneur : « Si la mort a frappé la multitude par la faute d’un seul, combien plus la grâce de Dieu s’est-elle répandue en abondance sur la multitude. » ou encore : « Si, en effet, à cause d’un seul homme, par la faute d’un seul, la mort a établi son règne, combien plus, à cause de Jésus Christ et de lui seul, régneront-ils dans la vie. » et enfin cette si belle déclaration que nous connaissons bien : « Là où le péché s’est multiplié, la grâce a surabondé. » C’est donc extrêmement clair pour Paul, la victoire finale est à l’amour.
- Deuxième conviction que je souligne à partir du développement de Paul dans ce passage. Dieu fait bien mieux que réparer ce qui avait été abimé par le péché et ce que suggère justement la belle formulation que je viens de citer : « là où le péché a abondé, la grâce a surabondé. » La surabondance, c’est bien plus qu’une réparation. On en a comme une illustration dans les guérisons que Jésus opère dans les Evangiles : des malades viennent lui demander la santé et lui, il leur donne le Salut, c’est le sens de ces mots qu’il prononce souvent à la fin de la guérison : « va, ta foi t’a sauvé ! » Le malade demandait la santé, il a reçu le Salut avec, en plus, la guérison, c’est bien plus fort !
Mais alors, me direz-vous et je terminerai par là, si la victoire est à Dieu, pourquoi tous ces combats encore si violents aujourd’hui, combats dans lesquels le mal et le Malin semblent l’emporter si souvent dans nos vies, dans l’Eglise et dans le monde ? C’est sans doute parce qu’il sait qu’il a perdu la bataille, alors, avant de disparaître, dans un ultime combat désespéré, il jette ses dernières forces et nous empoisonne la vie. Mais la bonne nouvelle, c’est que ça ne va pas durer éternellement.
Enfin, soyons clairs, pour le monde, le combat durera jusqu’au retour glorieux du Christ, c’est ce retour qui mettra un terme au combat puisque Paul dit dans la 1° épitre aux Corinthiens qu’à ce moment, il mettra sous ses pieds tous ses ennemis. Oui, ça c’est pour le monde, mais pour nous ça ne durera pas aussi longtemps ! La bonne nouvelle, c’est qu’à notre mort, le combat cessera faute de combattant puisque les portes du ciel seront fermées au Malin et qu’elles s’ouvriront pour nous.
Si Jésus nous invite dans l’Evangile à rester en tenue de service, en laissant entendre que nous ne savons pas quand le maitre viendra, ce n’est pas pour nous faire peur ! Jésus nous invite à veiller, à rester en tenue de service pour ne pas rater le rendez-vous d’amour du Seigneur quand il viendra nous libérer du combat pour nous entrainer dans son éternité d’amour.