25 février : Prime extraordinaire pour le vainqueur du championnat d’humilité !

Dans l’âpre discussion qui agitent les apôtres et qu’ils prennent bien soin de mener à l’écart de Jésus, ce qui est le plus scandaleux, ce n’est pas le sujet de cette discussion, mais le contexte dans lequel elle a eu lieu. Je vous relis le début de l’évangile qui nous invitait à être attentif à ce contexte : Jésus traversait la Galilée avec ses disciples, et il ne voulait pas qu’on le sache, car il enseignait ses disciples en leur disant :  Le Fils de l’homme est livré aux mains des hommes et ils le tueront. »

Eh bien, c’est dans ce contexte absolument dramatique que, eux, ils ne trouvent rien de mieux à faire que de se quereller pour savoir qui, parmi eux, était le plus grand ! Il faut essayer de mesurer tout ce qu’il peut y avoir de scandaleux dans cette discussion. Le fait qu’ils discutent pendant que Jésus les enseigne, c’est d’abord le signe qu’ils n’écoutent pas Jésus ! En plus Jésus ne leur fait pas un enseignement sur n’importe quel sujet puisqu’il est en train de leur partager ce qui va lui arriver et de leur dévoiler combien sa mort prochaine va être tragique et douloureuse. On n’a pas de peine à imaginer que s’il ressent le besoin de leur parler, c’est que cette perspective le fait déjà souffrir. 

Et, eux, non seulement, ils n’écoutent pas Jésus, ils ne partagent pas sa souffrance, mais en plus, dans la perspective de son départ, ils commencent déjà à se déchirer à propos de l’héritage ! La question qui les agite, c’est de savoir qui aura la meilleure part en prenant la place du maître ! En plus, cette discussion n’a pas lieu d’être puisque Jésus s’est déjà prononcé en choisissant Pierre … Oui, mais voilà, quelques versets auparavant, Pierre s’est fait traiter de Satan, peut-être est-ce le signe d’une disgrâce et qu’il va bientôt y avoir une place à prendre.

On comprend que lorsque Jésus leur demande de quoi ils parlaient, ils ne soient pas très fiers et donc ne répondent rien. Je vous signale que, dans l’évangile de Luc, c’est encore plus dramatique puisque cette même discussion a lieu en plein repas pascal ! Le fait de replacer la discussion dans son contexte nous rend encore plus admiratif devant l’attitude de Jésus quand il comprend le sujet de cette polémique qui les empêchait de l’écouter. 

Parce que, essayez de vous poser cette question : qu’est-ce que j’aurais fait, moi, si j’avais été à la place de Jésus ? Moi, je me connais et je sais très bien ce qui se serait passé ! Je peux vous dire que les apôtres auraient pris un sacré savon et que je leur aurais partagé mes doutes quant à leur capacité à remplir la mission pour laquelle ils avaient été choisis. Vous aurez remarqué que ce n’est pas du tout l’attitude de Jésus ! Vous vous disputez pour savoir qui serait le mieux placé pour être le premier ? Soit ! Mais écoutez bien, je vais vous donner le seul critère qui vous permettra de vous départager : « Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. » Quelle finesse de la part de Jésus qui ne va pas contre l’ambition mais qui définit de nouvelles règles du jeu.

Désormais, pour les chrétiens, la seule compétition possible, c’est celle qui va nous faire concourir dans le championnat de la petitesse et du service. Et, comme ce championnat n’est pas forcément celui qui nous attire le plus, nous aurons à nous aider les uns les autres, à nous reprendre fraternellement. Voilà de belles perspectives qui s’ouvrent en ce jour où se profile le temps du carême.

Mais, je voudrais insister sur un point essentiel. Parce qu’il ne faudrait pas mal interpréter tout cela … car il y a eu des présentations de l’humilité qui n’ont pas été toujours très justes. Devenir humbles, chercher la dernière place en étant le serviteur de tous, ce n’est pas rêver de devenir une serpillère sur laquelle tout le monde va s’essuyer les pieds ! Parce que vous aurez remarqué que Jésus promet une récompense extraordinaire à ceux qui s’engageront dans ce championnat de l’humilité et pas une récompense dans la vie éternelle ! « Quiconque accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il accueille. Et celui qui m’accueille, ce n’est pas moi qu’il accueille, mais Celui qui m’a envoyé. »

Vous vous rendez compte, la récompense, ce n’est ni plus ni moins d’accueillir Jésus et Dieu son Père ! Peut-on rêver plus grande récompense ? Et encore une fois, ce n’est pas une promesse pour la vie éternelle ! A chaque fois que nous accueillons un petit, c’est Jésus et son Père que nous accueillons ! Je pense que nous avons déjà tous expérimenté que c’est vrai. En tout cas, je peux témoigner que les plus belles histoires de mon ministère sont des rencontres avec des petits. Du coup, nous devons nous interroger : dans notre vie, quelle place nous faisons à l’accueil des petits ? Dans nos institutions, nos foyers, nos écoles quelle place nous faisons à l’accueil des petits ? Dans l’Eglise, de manière plus générale, quelle place nous faisons à l’accueil des petits ?

Si parfois, nous essoufflons un peu dans nos vies personnelles, si nos institutions s’essoufflent aussi, c’est le signe qu’elles s’éloignent de Jésus. Pour retrouver la proximité avec lui, nous connaissons le meilleur remède qui soit : nous tourner vers les petits puisqu’à chaque fois que nous les accueillons, c’est Jésus et son Père que nous accueillons.

Cette publication a un commentaire

  1. wilhelm richard

    En résumé, si j’ai bien compris, c’est un peu l’histoire du petit Poucet. Avoir un galet de la Galaure dans la tête pour suivre les cailloux de ce dernier qui nous conduiront vers le Père.
    JOYEUX CARÊME

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