25 janvier : la folie de Dieu !

Quand Ananie reçoit cette vision lui demandant d’accueillir Saul chez lui, c’est à peu près comme si un Ange était venu voir une famille juive dans les années 40 en leur demandant d’héberger Hitler pour quelques jours ! Le Seigneur est fou !

Oui, il faut être fou pour oser faire cette demande à Ananie. Mais il fallait déjà être fou pour oser appeler Saul le persécuteur à devenir le plus grand des évangélisateurs. Et il faut être complètement fou pour imaginer un tel déroulement des événements.

Je me rappelle, quand j’étais interne au Foyer qui avait remplacé le petit séminaire, nous étions par chambre de 4 et, au milieu de l’année, il nous était proposé de changer de co-chambrier pour que nous apprenions à mieux nous connaître. Il y avait un gars avec lequel je ne m’entendais pas du tout, nous étions presque ennemis ! Etant chef de chambre, il est venu me voir pour me demander si j’acceptais de venir dans sa chambre. C’était fou ! J’ai apprécié la démarche courageuse de sa part, mais on a assuré nos arrières, on a demandé au responsable si on pourrait changer si, au bout de 15 jours ça ne marchait pas et il a été d’accord. En fait ça a marché et nous sommes encore aujourd’hui les meilleurs amis, je crois même pouvoir dire que nous sommes des frères. Mais vous voyez, nous nous étions donnés un temps d’essai parce qu’une décision aussi folle mérite d’être vérifiée, il ne faut quand même pas s’emballer !

Le Seigneur est tellement fou qu’il n’embauche pas Paul avec un premier contrat soumis à un temps d’essai, ce que font toutes les entreprises pour vérifier si la personne embauchée fait l’affaire. Et pourtant cette embauche est d’une importance capitale, avec l’embauche de Pierre et des autres apôtres, c’est peut-être l’embauche la plus décisive pour l’histoire du Salut, c’est-à-dire pour la réussite du projet d’amour de Dieu qui, encore une fois, après la création, est la plus grande entreprise menée par Dieu.

Hier, nous avons entendu l’appel ou l’institution des premiers apôtres, mais c’était déjà pure folie ! Pierre, choisi parce que Jésus a besoin d’un roc solide pour fonder son Eglise … en apparence, c’est une grosse erreur de casting puisqu’il n’y aura pas plus fragile que lui ! Et les autres, c’est pas mieux, je ne peux pas dire un mot sur chacun mais prenons Jacques et Jean à qui il donne le sur nom de Boanerguès, les fils du tonnerre, c’était des gars du tonnerre … oui, et au sens propre ! Là où on ne les accueille pas, ils proposent d’envoyer le feu du ciel, un méga orage avec éclairs et tonnerre pour que ce village soit rayé de la carte ! Simon le zélote, c’était un révolutionnaire qui devait cohabiter avec Matthieu qui avait été un collaborateur. Non, vraiment, en matière de recrutement, Jésus a des méthodes plus que déconcertantes et heureusement que les cabinets de recrutement n’appliquent pas les mêmes méthodes, ils feraient couler toutes les entreprises pour lesquelles ils travaillent !

Et vous savez, la technique de Jésus n’a pas varié au cours des siècles. Appeler François, un jeune homme d’une famille très riche, pour réformer l’Eglise et la remettre sur les rails de la pauvreté, c’est de la folie ! Appeler un petit gars qui commence les études à 17 ans et qui n’arrivera jamais rien à comprendre au latin pour devenir le patron des curés de l’univers, c’est de la folie !  Appeler une petite jeune clouée sur son lit pour se mettre au service de la nouvelle Pentecôte qu’il veut pour le monde en répandant des Foyers de lumière, de charité et d’amour, c’est de la folie. 

Enfin comment terminer cette énumération sans mentionner qu’appeler vous et moi, c’est une folie au moins aussi grande que toutes celles que je viens d’évoquer !

Mais pourquoi cette folie ? Je vois deux explications

– La 1° c’est que le Seigneur est fou d’amour. Il a créé le monde, il a créé les hommes et il n’abandonnera jamais sa création. A la folie du péché de l’homme, Dieu va répondre par une folie d’amour encore plus grande, c’est la folie de son plan de Salut et de tout ce qu’il a mis en œuvre pour l’accomplir. Dieu nous aime tellement qu’il est prêt à prendre tous les risques. Il a repéré un petit gars qui ne paie pas de mine, c’est sûr, car Paul était petit et même pas très beau selon la description recueillie par un des premiers Pères de l’Eglise. Oui, il ne paie pas de mine, mais il a une ardeur pas possible. Il suffirait que cette ardeur soit mise au service de l’évangélisation pour que, grâce à lui, le projet d’amour de Dieu avance à la vitesse V. La folie de Dieu est une folie d’amour pour les hommes et tous ceux qui sont choisis, depuis le commencement jusqu’à aujourd’hui, sont choisis pour faire avancer ce grand projet. Et, pour le faire avancer Dieu est prêt à prendre tous les risques … mais en assurant à ceux qu’il appelle la puissance de sa grâce.

– La 2°, c’est qu’il est sûr de la puissance de sa grâce. Il ne pourra jamais être totalement sûrs de nous, mais quand nous comptons sur sa grâce, alors tout devient possible … et tout a été possible pour Paul. Les dernières lignes de l’évangile qui évoquent les prodiges dont seront capables les évangélisateurs décrivent exactement ce dont ont été capables tous les apôtres dont j’ai fait un portrait minable. Oui, ils sont minables, mais animés par la puissance de la grâce, ils deviennent capables de tout. Le problème, c’est qu’au bout d’un moment, la foi s’émousse toujours un peu et, croyant un peu moins à la puissance de la grâce, on va se mettre à rêver de devenir plus forts, plus parfaits en pensant que la fécondité de la mission dépend plus de nos qualités que de la puissance de sa grâce.

C’est l’itinéraire de Paul qui va demander au Seigneur de le délivrer de cette écharde dans sa chair, cette faiblesse qui lui pourrit la vie. Il entendra le Seigneur lui dire : ma grâce te suffit, c’est lorsque tu es conscient de ta faiblesse et que tu en souffres que tu me laisses agir avec le plus de puissance ! Nous ne savons pas ce qu’était cette écharde dans la chair de Paul, par contre, chacun de nous connait parfaitement l’écharde qui est dans sa chair et qui l’humilie. Mais ce n’est pas en vivant comme des premiers de classe que nous rendrons le plus de service au Seigneur, que nous travaillerons de la manière la plus efficace à son grand projet d’amour. A chaque fois que nous rêvons de devenir premier de classe, nous régressons dans la foi oubliant que ce qui compte le plus, ce ne sont pas nos forces, mais sa grâce. Et d’ailleurs, à chaque fois que nous rêvons de redevenir premier de classe, nous risquons de céder à un désir d’orgueil pour briller aux yeux de Dieu et des autres, mais Dieu, comme les autres, d’ailleurs, connaissent parfaitement nos faiblesses qui se voient comme le nez au milieu de la figure ! Non, c’est en croyant à la puissance de sa grâce, c’est en nous appuyant sur sa grâce que nous accomplirons les plus grandes merveilles.

Accepter de compter sur la puissance de la grâce, ce fut la conversion permanente de Paul. C’est aussi à cette conversion que, sans cesse, nous sommes appelés et c’est en nous engageant sur le chemin de cette conversion permanente que nos Eglises marcheront avec le plus de détermination sur le chemin de l’unité.

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