26 avril : mardi de la 2° semaine de Pâques. Le chemin de foi consiste à passer du savoir au connaitre … Merci Seigneur pour tous les frères d’encouragement que tu m’as donné !

Hier, à cause de la fête de St Marc, nous n’avons pas pu lire le début de la narration de la rencontre de Jésus avec Nicodème, c’est un peu embêtant car, aujourd’hui, l’Evangile nous donne à entendre le développement du discours que Jésus adresse à Nicodème et il en sera encore de même demain et après-demain. Alors je me permets de résumer ce 1° épisode qui nous manque pour que nous ne soyons pas trop déconnectés. Nicodème est un notable très en vue, c’est un pharisien, peut-être membre du sanhédrin, cette assemblée si importante dans le judaïsme. Il est venu trouver Jésus de nuit, c’est un détail un peu étonnant. Habituellement on dit qu’il a choisi de venir de nuit parce qu’il n’aurait pas trop aimé que ses amis du sanhédrin le voient fréquenter Jésus. Peut-être, mais ce n’est pas sûr du tout car, quand il parle, il dit « nous » comme s’il était envoyé par les autres pour mener une enquête auprès de Jésus. Ceci dit, il est possible que les autorités juives ne voulaient pas laisser voir qu’elles étaient intéressées par le message de Jésus et que c’est pour cette raison qu’elles envoient Nicodème de nuit. En tout cas, il est allé voir Jésus et on le retrouvera deux autres fois dans l’Evangile, une fois pour exiger qu’il puisse être jugé avant d’être condamné et une autre fois à la croix puisqu’il est avec Joseph d’Arimathie pour récupérer le corps de Jésus. On peut donc imaginer que cette première rencontre est le début d’un long chemin pour Nicodème. Si vous avez vu l’excellente série « the chosen » elle le montre très bien.

L’Evangile d’aujourd’hui laisse entendre que lui et ses pairs sont impressionnés par les signes, c’est-à-dire les miracles que Jésus est capable d’accomplir. Je vous lis ce verset qui présente l’arrivée de Nicodème devant Jésus : « Rabbi, nous le savons, c’est de la part de Dieu que tu es venu comme un maître qui enseigne, car personne ne peut accomplir les signes que toi, tu accomplis, si Dieu n’est pas avec lui. » A partir de là, un dialogue très riche, pas toujours facile à suivre, va s’engager, un dialogue dans lequel Jésus parle beaucoup, comme c’est souvent le cas dans l’Evangile de St Jean ! Dans ce dialogue, Jésus va inviter Nicodème à renaître ; le pauvre, il a bien du mal à comprendre ce que Jésus veut dire ! Alors, il fait l’idiot en demandant si on peut, à son âge, imaginer retourner dans le sein de sa mère ! Voilà ça c’est ce qu’on a manqué hier, venons-en à ce que nous avons entendu aujourd’hui et qui est très intéressant pour un 1° jour de retraite.

Quand Nicodème était venu voir Jésus, il avait utilisé le verbe savoir : nous savons que tu es venu … et vous aurez remarqué que Jésus, dans la réponse entendue aujourd’hui, utilise plutôt le verbe connaître : « Tu es un maître qui enseigne Israël et tu ne connais pas ces choses-là ? » C’est comme si Jésus lui disait : tu sais beaucoup de choses sur Dieu puisque tu enseignes, mais, l’essentiel n’est pas d’accumuler du savoir sur Dieu, l’essentiel, c’est de le connaître. Nous pouvons savoir beaucoup de choses sur une personne, sa date de naissance, son lieu d’habitation, son métier, sa situation familiale, mais tout cela ne me permet pas de dire que je connais cette personne. Pour la connaître, il faudra que je la rencontre et dans la rencontre, ce qui sera le plus important n’est pas ce que je sais sur elle, mais ma capacité à entrer en relation avec elle. Eh bien, c’est ce chemin que Jésus propose à Nicodème de faire. Il l’invite à faire cette expérience fondamentale qui sera comme une nouvelle naissance tellement elle va bouleverser sa vie puisqu’elle lui permettra de ne plus parler de Dieu comme un savant, mais comme un témoin. C’est ce long chemin que va parcourir Nicodème qui le conduira à se retrouver à la croix alors que les disciples, eux, étaient presque tous partis.

Si vous êtes venus en retraite, ce n’est pas d’abord pour en savoir plus sur Dieu, Jésus, l’Esprit-Saint, les Ecritures. Ceci dit, il y a bien des chances que vous repartiez en sachant un peu plus de choses, il ne faudrait pas non plus dévaloriser le savoir. Mais « savoir plus » ce n’est pas le but de la retraite, le but de la retraite, c’est de connaître le Seigneur et le connaître toujours mieux, avec toujours plus de cœur.

St Ignace de Loyola, le fondateur des jésuites qui ne méprisera jamais le savoir aura une formule qui résume bien cela : « Ce n’est pas d’en savoir beaucoup qui rassasie et satisfait l’âme, mais de sentir et de goûter les choses intérieurement. » Puissiez-vous, vous les retraitants et nous qui vous accompagnons par le service et la prière, sentir et goûter pour grandir dans la connaissance de Celui qui est seul capable de répondre à cet infini désir d’amour qui habite nos cœurs.

Ça c’était pour l’Evangile. La 1° lecture nous faisait entendre un passage du livre des Actes, ce livre qui nous accompagne tout le temps pascal. Le passage d’aujourd’hui brossait une description idéale de la 1° communauté chrétienne. Tout ne sera pas toujours aussi beau tous les jours, c’est vrai. Mais je crois que le texte veut d’abord insister sur les implications concrètes de la foi en Christ. Quand on croit vraiment, ça se voit dans les choix que nous sommes amenés à faire et pas seulement dans les choix qui nous poussent à aller prier ! Parce que le Baptême les a rendus frères, alors ils ne peuvent faire autrement que partager pour que personne ne soit dans l’indigence. Et nous savons que c’est ce témoignage d’une charité vécue en actes qui touchera le cœur des païens et qui apposera comme un sceau de vérité à l’enseignement des évangélisateurs. Nous avons sans doute à nous interroger pour savoir si ce que nous donnons à voir de notre vie confirme ou infirme le message de l’Evangile. Car nous savons bien que, si un témoignage authentique ne conduit pas toujours les incroyants à la foi, un contre-témoignage, hélas, les en éloigne durablement.

Je voudrais maintenant m’arrêter un peu sur la mention de ce personnage qui aura un rôle si décisif dans l’histoire de l’évangélisation et qui apparait pour la 1° fois. C’est le fameux Joseph, surnommé Barnabé. Barnabé, il est souvent connu dans le grand public uniquement à cause d’un dicton météorologique qui dit : S’il pleut à la Saint-Médard (8 juin), il pleut quarante jours plus tard sauf si Barnabé (11 juin) vient tout raccommoder ! Vous surveillerez pour savoir si ça se vérifie ! Mais pour nous, les chrétiens, Barnabé est vraiment très important puisqu’on peut dire qu’il sera le maître de St Paul. Après sa conversion, c’est Barnabé qui l’accompagnera et l’initiera à l’évangélisation. Une belle pointure ce Barnabé. Et d’ailleurs ce qui est assez étonnant, c’est qu’on a finalement oublié son nom, Joseph pour ne retenir que son surnom, Barnabé. Mais si vous avez été attentifs, vous avez tout de suite compris pourquoi on n’a retenu que son surnom. En effet Barnabé, ça signifie « homme du réconfort » certaines traductions disent « fils d’encouragement » je trouve que c’est encore mieux. La suite du livre nous montrera qu’il mérite parfaitement ce surnom ! 

Des donneurs de leçons, on n’en manquera jamais, vous savez ces fameux « y a qu’à faut qu’on » qui ont la solution à tous les problèmes. Mais ceux-là, dans une communauté comme dans la société ne sont d’aucune utilité ! Ce dont nous manquons le plus, ce sont des hommes de réconfort, je dis homme parce que Barnabé était un homme, mais on peut aussi dire des femmes de réconfort, des fils et filles d’encouragement si on prend l’autre traduction. Oui, ces personnes sont précieuses parce que, par leur accompagnement bienveillant, elles aident, même les plus fragiles à tenir toute leur place.

C’est peut-être un bon exercice spirituel pour ce 1° jour de retraite que de pouvoir faire mémoire de tous les frères et sœurs d’encouragement, de réconfort qu’il a mis sur notre route depuis notre enfance et qui nous ont permis de vivre ce chemin de foi qui nous permet d’être là aujourd’hui. Rendons grâce pour chacune et chacun d’entre eux et demandons, à notre tour, de pouvoir devenir ces frères et sœurs de réconfort, d’encouragement pour tous ceux que le Seigneur enverra croiser nos chemins.

Cette publication a un commentaire

  1. Adéline

    Avec le coeur…
    Frères et soeurs de réconfort…
    Merci !

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