24 juin : nativité de St Jean-Baptiste. Vivre notre mission dans le sillage de celle de Jean-Baptiste.

Je crois l’avoir déjà dit, le jour de sa confirmation, Jean-Marie Vianney a voulu rajouter à son prénom, celui du Baptiste. Désormais, il signera toujours en écrivant Jean-Baptiste-Marie Vianney. Il avait compris que la confirmation avait, entre autres significations, celle de nous envoyer en mission. Et sa mission, il voulait l’envisager, à la manière du Baptiste. Ce qui l’avait fasciné dans la figure du Baptiste, c’était le fait qu’il ait donné ses disciples à Jésus. Quand Jésus est venu se faire baptiser, le Baptiste a dit à ses disciples que, désormais, c’était lui, Jésus, l’Agneau de Dieu, qu’il faudrait suivre et il a donné à Jésus ses disciples. Toute sa vie, ce sera l’orientation de la mission de Jean-Marie Vianney : conduire à Jésus ceux qui venaient à lui et Dieu sait s’ils étaient nombreux et c’est pour cela qu’il a tant combattu contre le Grappin. Il avait donné ce nom au Malin parce qu’il n’avait pas une intelligence spéculative à la manière de St Thomas qui pouvait disserter à l’infini sur la nature des anges, les bons et les mauvais. Lui, Jean-Marie Vianney, ce qu’il constatait c’est que le Malin voulait arracher les âmes au Bon Dieu, voulait arracher les grâces que le Bon Dieu offrait aux pécheurs qui se convertissaient. Chez lui, à la ferme, il avait appris le maniement du grappin, cet outil qui servait à arracher les pommes de terre, alors tout naturellement, c’est ce nom de Grappin qu’il donnera au Malin. Mais si le Grappin voulait arracher les âmes au Bon Dieu, lui, Jean-Marie, il passerait sa vie à offrir au Bon Dieu les âmes de ceux qui viendraient recourir à son ministère. A la manière du Baptiste, il ne cherchera jamais à garder pour lui ceux qui venaient à lui. C’est-à-dire qu’il aura le comportement contraire du séducteur qui, selon l’étymologie du mot, veut conduire à soi. Nous pourrons demander en cette fête de la nativité du Baptiste qu’il nous obtienne, à nous et à tous ceux qui veulent travailler à la vigne du Seigneur, de ne jamais jouer le jeu de la séduction, de toujours conduire au Seigneur ceux qui viennent à nous.

Nous n’allons peut-être pas, comme le curé d’Ars, rajouter Baptiste à notre prénom de Baptême, mais je vous propose que nous envisagions vraiment notre mission en nous inspirant de celle du Baptiste. En nous mettant en garde contre les risques de la séduction, je viens de développer un point qui nous permettra de le faire. Mais je voudrais développer un autre point ou plusieurs autres qui me sont inspirés par l’Evangile et par le nom-même de cet enfant, Jean car Jean était son nom. Nous avons assisté à cette scène étonnante qui annonce que quelque chose est en train de basculer dans l’histoire du Peuple de Dieu. En effet, c’est une double rupture dans la Tradition qui nous était présentée dans l’Evangile, double rupture qui annonce une nouveauté absolue, manifestement, avec cette naissance, on entre dans une ère nouvelle. La double rupture, c’est celle-là :

  • C’est à la mère qu’on demande comment va s’appeler cet enfant. Jusqu’à maintenant, c’était la mission du père de nommer l’enfant. Vous allez me dire qu’on ne pouvait pas faire autrement puisque le père était muet. Pourtant on va bien l’interroger, même s’il est muet, mais après sa femme ! 1° rupture de tradition qui annonce une ère nouvelle.
  • La 2° rupture de tradition, c’est le choix de ce nom. Cet enfant, il aurait dû s’appeler comme son père, c’était la tradition pour les ainés, il aurait donc dû s’appeler Zacharie ou Ben-Zacharie, fils de Zacharie. Mais, non, il s’appellera Jean, la mère, comme le père y tiennent mordicus. 2° rupture de tradition qui annonce une ère nouvelle dans l’histoire du Salut.

Pourquoi donc tiennent-ils tant à ce nom de Jean ? Tout simplement parce que c’est Dieu lui-même qui lui a donné ce nom qu’on pourrait qualifier de programmatique. En hébreu Jean se dit « Yehohanan ». Au passage, je fais remarquer que le lien entre Jésus et Jean-Baptiste est déjà souligné dans leurs noms. Jésus, se dit « Yehoshua » vous voyez que la 1° partie de leurs noms est semblable, et cette 1° partie, c’est l’évocation du Nom-même de Dieu. La mission de ces deux hommes sera profondément liée parce qu’ils seront l’un et l’autre liés à Dieu qui a choisi lui-même leurs noms. Revenons à Jean-Baptiste, « Yehohanan » signifie Dieu fait grâce, la naissance de cet enfant annonce donc que les promesses vont enfin s’accomplir. On va voir ce que les prophètes ont annoncé : En Jésus, Dieu va déployer sa grâce, Dieu va offrir le Salut à tous les hommes, Jean sera chargé de préparer les cœurs. Pour comprendre la mission de cet enfant surtout si nous voulons mettre nos pas dans les siens, il nous faut revenir au texte qui annonçait sa naissance.

C’est toujours dans l’Evangile de Luc, mais au tout début. Voilà ce qui était dit, je résume : L’ange dit à Zacharie : « Sois sans crainte, car ta supplication a été exaucée : ta femme Élisabeth mettra au monde pour toi un fils, et tu lui donneras le nom de Jean. Tu seras dans la joie et l’allégresse,

et beaucoup se réjouiront de sa naissance, car il sera grand devant le Seigneur. Il ne boira pas de vin ni de boisson forte, il sera rempli d’Esprit Saint dès le ventre de sa mère ; il fera revenir de nombreux fils d’Israël au Seigneur leur Dieu ; il marchera devant, en présence du Seigneur, avec l’esprit et la puissance du prophète Élie, pour faire revenir le cœur des pères vers leurs enfants, ramener les rebelles à la sagesse des justes, et préparer au Seigneur un peuple bien disposé. » Dans ces paroles, c’est un peu la feuille de mission de Jean-Baptiste qui est dévoilée et si, comme le curé d’Ars, nous voulons envisager notre mission à la suite de Jean-Baptiste, nous pouvons nous inspirer de ce qui était dit. Je reprends les divers éléments les uns après les autres.

Ne pas boire de vin et de boissons fortes, ça c’est fait ! Au Foyer, on n’en abuse pas ! Mais ce n’est sans doute pas le plus essentiel pour vivre notre mission dans le sillage de celle de Jean-Baptiste !

Plus important, c’est de vivre rempli du Saint-Esprit, de compter sur le Saint-Esprit. Je vous ai déjà cité cette parole du père Guy Lepoutre, ce jésuite ami du Saint-Esprit qui dit : le matin, avant de prendre le café, prenez donc le Saint-Esprit !

Faire revenir de nombreux fils d’Israël au Seigneur leur Dieu. C’est bien notre raison d’être ici pour servir la mission principale des Foyers : par les retraites, permettre à ceux qui viennent de revenir au Seigneur, de retrouver le chemin du cœur du Seigneur. 

Marcher devant, en présence du Seigneur, avec l’esprit et la puissance du prophète Élie. Marcher devant ça suggère une certaine exemplarité. Et c’est ce qui doit stimuler notre zèle pour, comme le disait Marthe Robin, vivre la fidélité à l’amour par l’exactitude dans l’accomplissement des petites choses. Cette parole n’aura jamais fini de nourrir nos examens de conscience ! Mais cette exigence d’exemplarité, nous ne pourrons pas la vivre sans marcher en présence du Seigneur, avec l’esprit et la puissance du prophète Élie. Marcher en présence du Seigneur, ça signifie chercher à rester en sa présence quelles que soient nos activités. Marcher avec l’esprit et la puissance du prophète Elie, ça demanderait un long développement qui reprendrait les grands traits du ministère de ce prophète au cœur de feu. Retenons qu’Elie avait un cœur de feu et que nous ne pourrons pas vivre cette exemplarité si nous laissons la tiédeur s’installer en nous.

Faire revenir le cœur des pères vers leurs enfants. C’est sans doute une invitation à travailler à la réconciliation des familles. Ceux qui vivent un ministère d’écoute au cours des retraites entendent toutes ces souffrances provoquées par les déchirements familiaux. C’est bien d’aider les bonnes familles à se fortifier et à rester unis, c’est aussi essentiel d’accueillir et d’aider ceux qui ont vécu de gros échecs et qui portent tant de souffrances.

Ramener les rebelles à la sagesse des justes. On pourrait sans doute entendre cet appel de plusieurs manières, voilà comment, dans ma méditation, je l’ai entendu. Nous sommes tous, à certains moments des rebelles et ça peut être bon. J’ai déjà cité cette parole étonnante de St Thomas qui dit que c’est un péché de ne pas se mettre en colère devant certaines situations. Un bateau de migrants a encore disparu, ça doit nous mettre en colère, leur vie est-elle moins précieuse que ceux qui étaient dans le sous-marin disparu pour qu’on n’en parle pas autant ? Ça doit nous mettre en colère, nous devons donc peut-être aider ceux qui viennent à nous à devenir de bons rebelles, si je peux utiliser cette expression ! Mais nous devons aussi aider ceux qui se rebellent inutilement contre leur vie, contre ce qu’ils ne peuvent pas changer dans leur vie, à consentir.

Enfin, il y a cette dernière mention si belle : préparer au Seigneur un peuple bien disposé. Voilà qui pourrait résumer l’esprit d’une retraite.

Comme nous pouvons le constater, il y a du pain sur la planche ! Soutenons-nous pour nous stimuler à vivre la mission, ici et ailleurs, dans le sillage de Jean-Baptiste et qu’il intercède pour nous !

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