27 juillet : mercredi 17° semaine ordinaire. Venez comme vous êtes ! … Le trésor caché au coeur de nos vies.

C’est le livre de Jérémie qui nous accompagne actuellement dans les messes de semaine quand il n’y a pas de fête et il y en a régulièrement, mais il n’y en a ni aujourd’hui, ni demain ! Ce livre, je le disais aux retraitants de la semaine dernière pourrait nous apparaître comme le livre d’un râleur professionnel. D’ailleurs, on a tiré de ce livre prophétique un mot pas très sympa, on parle jérémiades pour désigner ces plaintes que certaines personnes ont si souvent à la bouche.

En fait, Jérémie n’était pas un râleur professionnel, il était plutôt un prophète désireux de vivre la fidélité à la mission reçue quels que soient les événements. Et si je devais prendre une comparaison avec la navigation maritime, Jérémie a dû piloter la barque de sa vie et de sa mission par gros temps. Or comme il avait une grande liberté dans ses relations avec le Seigneur, il ne se gênera jamais pour lui faire savoir qu’il trouve que c’est quand même un peu rude ce qui lui est demandé et qu’il rêve de conditions plus favorables. Jérémie, c’est donc le livre à lire quand, nous-mêmes, nous sommes confrontés aux difficultés, c’est le livre qui nous apprendra à devenir plus libres dans nos relations avec le Seigneur et qui nous donnera des points de repère importants pour savoir comment rester fidèles quand il nous faut, nous aussi, mener la barque de notre vie par gros temps.

Dans le texte d’aujourd’hui je voudrais souligner deux points qui m’ont plus particulièrement rejoint mais vous pourriez légitimement en retenir d’autres pour votre méditation.

  • Le 1° point concerne justement la liberté de Jérémie quand il parle à Dieu. On peut dire qu’il n’a pas peur de se présnter tel qu’il est. Vous avez peut-être déjà lu le livre décapant de frère dominicain Adrien Candard : « Quand tu étais sous le figuier ». Voilà ce qu’il dit concernant la prière donc précisément notre relation à Dieu : « La prière n’est pas un pieux loisir auquel on pourrait s’adonner plus ou moins distraitement comme on fait du tricot ! Le premier enjeu, c’est d’être là, d’être vraiment là, de ne pas envoyer quelqu’un d’autre prier à notre place. Quand je dis quelqu’un d’autre je pense aux petits saints des vitraux sulpiciens que nous aimerions être, c’est-à-dire une version de moi qui n’a jamais de haine, ni de colère dans le cœur, qui n’est jamais jaloux de personne, qui accepte joyeusement tous les évènements comme l’expression de la volonté de Dieu. Ce petit Saint, il ne s’ennuie jamais à la messe, il ne rêve jamais d’aller gambader au loin. Il est parfait et c’est lui que j’envoie trop souvent prier à ma place ! Il n’a pas de défaut, ou plutôt il n’a qu’un seul défaut : ce n’est pas moi ! … Cacher à Dieu dans la prière ce qui nous préoccupe vraiment, ce que nous portons en nous, ce n’est pas seulement faire semblant de croire que Dieu peut ignorer quelque chose de nous, mais c’est comme si on demandait à un chirurgien de nous opérer, mais sur des photos seulement, sans toucher notre corps, et des photos nous montrant en parfaite santé naturellement ! Le premier combat de la prière n’est pas contre Dieu, mais contre nous-mêmes, contre notre fâcheuse tendance à jouer à cache-cache, parce que nous avons peur de ne pas être aimés si nous sommes nous-mêmes. » C’était un peu long mais tellement bien dit ! Eh bien, Jérémie n’envoyait jamais quelqu’un d’autre parler au Seigneur à sa place et il parlait à Dieu avec une étonnante liberté. Je ne retiens que cette parole : « Serais-tu pour moi un mirage, comme une eau incertaine ? » La traduction de la liturgie a retenu « une eau incertaine », les bibles parlent souvent « d’une eau trompeuse ». Quand ça ne va pas, Jérémie sait le dire au Seigneur, il n’a aucune honte de paraître devant lui tel qu’il et de lui partager les sentiments qui habitent son cœur, même s’ils ne sont pas très glorieux. Bien avant que MacDo n’invente le slogan, l’invitation que nous lance le Seigneur quand il nous appelle à la prière, c’est : « venez comme vous êtes ! » Puissions-nous apprendre auprès de Jérémie la vérité et la liberté dans nos rapports avec le Seigneur.
  • Le 2° point que je retiens, c’est la promesse que fait le Seigneur à Jérémie. Il ne lui promet pas que tous ses problèmes vont se régler, il lui promet d’être avec lui. Finalement, il lui promet la consolation dont le père Loïc nous parlait hier. Ecoutons cette promesse si forte :

« Ils ne pourront rien contre toi, car je suis avec toi pour te sauver et te délivrer. Je te délivrerai de la main des méchants, je t’affranchirai de la poigne des puissants. » 

Vous avez entendu, ce que le Seigneur promet, c’est d’être avec Jérémie. Nous, nous rêvons souvent d’un Dieu, un peu magicien, qui fasse disparaitre nos problèmes et comme ça ne marche pas, nous accusons Dieu de ne pas répondre à nos prières. Mais Dieu n’est pas un magicien. Ce qu’il promet, ce n’est pas forcément de mettre fin à nos problèmes mais il nous promet de les vivre avec nous, de nous rendre forts pour que nous ne soyons pas écrasés par nos épreuves, il se propose comme le Dieu de l’Alliance, c’est-à-dire qu’il veut que nous le choisissions comme notre allié. Avec un allié comme lui, nous pouvons marcher dans la confiance ! Voilà aussi ce que nous pourrons apprendre en fréquentant Jérémie.

Venons-en à l’Evangile qui nous propose deux petites paraboles. Dans l’une comme dans l’autre il est question d’une personne qui a gagné le jackpot, pour l’une c’est un trésor caché et pour l’autre, c’est une perle très précieuse. Et, ces paraboles, Jésus les raconte pour nous parler du Royaume des Cieux. Vous le savez quand Jésus parle du Royaume des cieux ou du Royaume de Dieu, il ne veut pas nous faire une description du paradis futur, de ce qui nous attend quand nous serons chez Dieu, il veut nous parler de ce que peut devenir la vie de ceux qui acceptent que Dieu règne vraiment dans leurs cœurs, le Royaume de Dieu, c’est ça, c’est quand Dieu règne en nous, quand sur la terre, nous commençons à vivre comme au ciel. 

Les deux paraboles nous parlent d’hommes qui accomplissent leur travail, travail de paysan dans la 1° parabole, travail de commerçant dans la 2°. Dans les deux paraboles, on sent qu’ils se donnent de la peine, le travail de paysan n’est pas facile, retourner la terre, c’est exigeant et le travail de commerçant demande beaucoup de persévérance pour dénicher la bonne affaire. C’est donc en accomplissant leur travail qu’ils vont voir leur quotidien complètement transformé. Mais ce que Jésus raconte est quand même étonnant parce que ça n’a rien à voir avec la fameuse publicité du loto ! Vous savez dans cette pub, on voit quelqu’un venir faire ses adieux à son patron et à ses collègues, il arrive au bureau ou à l’usine avec des palmes aux pieds, en maillot de bain, fumant un gros cigare. C’est clair, avec ce qu’il vient de gagner, il n’a plus du tout l’intention de travailler et il vient narguer ceux qui vont être obligés de continuer. Là, dans l’histoire quand l’homme a trouvé le trésor, il ne part pas avec le trésor pour mener une vie de luxe, il achète le champ. De même pour le commerçant de perles. Pourquoi donc agissent-ils ainsi ? Voilà l’interprétation que je vous propose, mais si l’Esprit-Saint vous en souffle une autre, accueillez-la aussi ! Je vais surtout parler de la 1° parabole et vous adapterez pour la 2° !

Le champ dont Jésus parle dans cette parabole pourrait représenter notre vie et le trésor qui est à trouver dans le champ de notre vie, c’est la présence du Seigneur. Quand on a trouvé ce trésor de sa présence permanente, il ne s’agit pas de partir avec le trésor, de déserter notre vie pour profiter égoïstement de la joie que donne sa présence. Non, cette découverte, elle va puissamment transformer notre vie, le quotidien de notre vie ; la découverte du trésor de la présence de Dieu va nous faire aimer la vie, le monde, les hommes. En effet, celui qui a trouvé ce trésor comprend qu’il n’est pas un privilégié comme le gagnant du loto, il comprend que ce trésor est accessible à chacun pour peu qu’il ne reste pas à la surface de sa vie. Tous ceux qui acceptent de creuser comme le dit la 1° parabole ou de chercher comme le dit la seconde pourront, eux aussi, découvrir ce même trésor. Quand on a découvert ce trésor de la présence du Seigneur, finalement, on n’a plus qu’un seul désir, c’est d’aider tous ceux qui nous entourent à se transformer, eux aussi en chercheurs de trésor. En venant à cette retraite, vous avez fait le choix de ne pas rester à la surface, de ne pas vivre superficiellement. Assistés du Saint-Esprit, vos prédicateurs vous aident à creuser, à chercher, nul doute que vous avez déjà ou que vous allez trouver le trésor de la présence du Seigneur. Puissiez-vous, quand vous rentrerez, par le rayonnement de vos visages, donner envie à tous ceux qui vous entourent de devenir à leur tour des chercheurs de la présence du Seigneur. C’est sa présence au cœur de nos vies, quelles que soient nos vies, c’est Lui qui est le seul vrai grand trésor capable de transformer le quotidien de nos vies.

Cet article a 2 commentaires

  1. Wilhelm Richard

    Père
    Vous êtes fort : vous avez gagné le gros lot. En effet, vous faites encore allusion à votre ami Jacques deux jours après.
    Jack-pot !
    Vos homelies sont vraiment au top !
    Top et encore.n’arrête pas l’œuvre de tes mains.

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